L'offensive antidrogue devrait enregistrer des «progrès positifs» dans la prochaine année en Afghanistan, principale source mondiale de la production d'opium, qui sert à la préparation de l'héroïne.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, dimanche, à l'aérodrome de Kandahar, le commandant adjoint de l'OTAN aux opérations dans la Région Sud, le brigadier général britannique David Hook, a expliqué que les paysans afghans pourront graduellement délaisser la production de pavot, grâce au renforcement de la sécurité et à la possibilité d'écouler leurs récoltes de produits agricoles sur les marchés.Le gouvernement afghan, les Equipes de reconstruction provinciales, les militaires de la coalition consacrent des «efforts considérables» à réduire la dépendance des populations rurales envers la culture du pavot, mais la solution militaire joue «un rôle minime» dans l'ensemble, a-t-il précisé: non seulement faut-il s'assurer que les paysans plantent des céréales, des fruits ou des légumes, mais il faut aussi que tout le reste, infrastructures, électricité, etc, soit en place.

Par exemple, il fallait autrefois deux jours pour se rendre de Kandahar au marché de Kaboul par la route, maintenant il ne faut que six heures.

«Dans un an, je crois que (...) l'afflux des renforts américains sera tangible, nous pourrons procurer un environnement sécuritaire à une plus grande proportion de la population, ce qui permettra un meilleur développement socio-économique, une meilleure gouverne, et par conséquent, les agriculteurs locaux pourront se tourner en plus grand nombre vers les cultures légales», a-t-il commenté.

Il estime que la coalition internationale et les forces de sécurité afghanes sur une bonne lancée, mais il faudra du temps, peut-être plusieurs années. «Jusqu'où pourrons-nous rendre? s'est-il demandé. Cela reste difficile à juger.»

Cela dépend de la rapidité de l» action de la coalition, de la rapidité de la mise en place des programmes de développement, de la rapidité du nouveau gouvernement afghan (une élection présidentielle est prévue en août), a-t-il énuméré.

«Ce ne sera pas réglé en un an, mais je crois que, dans un an, nous aurons fait des progrès positifs.»

Au cours de la dernière année, la culture du pavot a diminué en Afghanistan, en raison des conditions climatiques, des politiques d'éradication, de la distribution de semences, mais aussi de la hausse des prix des cultures légales et de la baisse des prix du pavot, a fait savoir David Hook.

Les forces de l'OTAN ciblent les narcotrafiquants seulement s'ils sont liés directement au financement de l'insurrection, mais elles peuvent apporter leur soutien sur demande aux forces policières afghanes.

Le trafic de drogue rapporterait jusqu'à 400 millions $ US par année aux insurgés et c'est la raison pour laquelle les alliés veulent le juguler, a rappelé le brigadier général. La culture du pavot, dont on tire l'opium, est concentrée dans le sud du pays, où sont postées les troupes canadiennes.

Un raid de grande envergure a été mené par les forces britanniques en février dernier dans la province d'Helmand, en collaboration avec les forces de sécurité afghanes. L'opération Diesel a permis de saisir près de 1300 kg d'opium brut, de l'équipement servant à la production de drogue, ainsi que des armes.

Quant au détail de la participation canadienne aux opérations antidrogue, le brigadier général a recommandé de s'adresser au commandement du corps expéditionnaire canadien.

David Hook a toutefois rappelé que tous les pays de l'OTAN se sont engagés à fournir une assistance aux forces de sécurité afghanes dans un raid antidrogue en cas d'urgence, par exemple en cas d'affrontement armé ou de secours médical.

Le mandat de l'OTAN à l'égard de la lutte antidrogue a été «clarifié» au cours de la dernière année, mais les pays membres n'ont pas tous signé la stratégie antinarcotique, a rappelé le commandant adjoint de la Région Sud.

«La dernière année a contribué à cristalliser les positions des pays membres sur l'adhésion ou non à la stratégie antinarcotique», a-t-il énoncé.

Les affaires publiques des Forces canadiennes n'ont pas donné suite, dimanche, aux questions sur les opérations antidrogue.

L'Afghanistan produit 90 pour cent de l'opium dans le monde, ce qui équivaudrait à 7000 tonnes. Environ deux millions d'Afghans seraient impliqués dans le trafic de la drogue, selon le Washington Post. Quelque 390 000 acres de terres étaient consacrées à la culture du pavot en 2008, en baisse par rapport au 470 000 de 2007. L'essentiel de ces cultures se trouvent dans la province d'Helmand et à l'ouest de la province de Kandahar.