Depuis 2002, plus de 35 millions de dollars ont été versés en indemnités d'assurance vie et en compensations diverses aux familles des soldats canadiens tués en Afghanistan.

C'est ce qu'indiquent des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Cette somme concerne les 97 soldats morts entre avril 2002 et septembre 2008. Depuis, neuf autres militaires ont été tués par des bombes artisanales durant le mois de décembre.

 

Tout l'argent du monde ne remplacera jamais une fille ou un fils mort dans une mission militaire. Mais pour la Défense nationale, la question des compensations est un enjeu important.

«Les Forces canadiennes sont engagées à veiller à ce que toutes les familles militaires reçoivent les indemnités auxquelles elles ont droit et à ce qu'elles soient traitées avec dignité et respect, indique le capitaine John Dacombe dans un échange de courriels avec La Presse. Elles reconnaissent les contributions et les sacrifices de nos familles militaires et s'engagent à appuyer celles-ci lorsqu'elles subissent la perte d'un proche parent.»

Selon les documents transmis par la Défense, 25 690 000$ ont été versés en indemnités d'assurance vie depuis 2002. Ces sommes, qui ne sont pas des fonds publics mais bien des compensations provenant de la Financière Manuvie, sont versées aux conjoints des soldats morts au combat.

Les sommes se répartissent de la façon suivante: 400 000$ en 2002, 600 000$ en 2003, 9,5 millions pour les années 2004 à 2006, 8 640 000$ en 2007 et 6 300 000$ en 2008. Ces indemnités suivent la courbe du nombre de morts au fil des ans. Ainsi, la période de 2004 à 2006 a été la plus meurtrière avec 38 morts (dont 36 en 2006).

Les militaires peuvent s'assurer par tranches de 10 000$ jusqu'à concurrence de 400 000$. Avant d'être déployés en mission, ils sont fortement incités à souscrire une assurance vie. «Puisque ces plans sont facultatifs, aucune indemnité ne serait versée dans le cas de membres des Forces canadiennes décédés qui ne sont pas titulaires d'une police», précise le capitaine Dacombe.

Il est donc possible qu'un certain nombre de conjointes n'aient rien reçu, mais la Défense nationale a caviardé l'information sur les documents transmis. À noter aussi que, si un militaire se suicide moins de deux ans après avoir souscrit sa police d'assurance vie, ses héritiers n'ont pas droit aux indemnités.

Une autre somme totalisant 10 146 750$ a été distribuée aux familles au fil des ans à titre de rente de retraite, de bourse d'études postsecondaires, etc. Cette fois, il s'agit de fonds publics provenant du budget de la Défense.

Funérailles

Dans le passé, la question des primes et des compensations pécuniaires remises aux familles à la suite de la mort d'un soldat ont fait la manchette à quelques reprises.

Ce fut le cas, par exemple, en mai 2007, lorsque la famille d'un militaire tué en avril 2006 a dénoncé le fait qu'elle n'avait reçu que 5600$ pour les funérailles, qui avaient coûté plus du double, soit 12 000$. Le premier ministre Stephen Harper et le ministre de la Défense de l'époque, Gordon O'Connor, étaient intervenus en catastrophe pour annoncer que, désormais, Ottawa paierait la totalité des frais funéraires.

Avec la collaboration de William Leclerc