Difficile d'ignorer complètement la politique américaine lorsqu'on a grandi en banlieue de Washington et que l'on a décroché un diplôme en économie de l'Université de Princeton.

Ce n'est donc pas une surprise si, à l'approche des élections de mi-mandat, le 2 novembre, le centre Jeff Halpern garde un oeil sur ce qui se passe avec l'administration Obama.

«Les États-Unis sont aux prises avec un bon nombre de problèmes, mais ils ne peuvent pas tous être réglés en même temps, observe le nouveau venu du Tricolore. Or, on dirait que les plateformes électorales sont bâties comme si on pouvait le faire. Ce serait bien de voir les gens régler les problèmes l'un après l'autre.»

Selon un sondage mené à la fin septembre par CNN, 49% des Américains considèrent que l'économie est l'enjeu le plus crucial des élections de mi-mandat. Suivent la lutte contre le déficit (11%), l'éducation (10%), les soins de santé et les guerres (9%), en plus de l'immigration illégale, du terrorisme et des questions d'énergie.

«Chacun a ses priorités, des choses qu'il voudrait voir changer, reconnaît Halpern. En ce qui me concerne, j'aimerais que les États-Unis cessent leur dépendance au pétrole étranger. Qu'il s'agisse du réseau ferroviaire ou de construire de nouvelles autos, il faut cesser d'être accros au pétrole. Ça nous aiderait à nous sortir de cette guerre. Et l'on pourrait faire naître des entreprises à partir de cette indépendance-là. «Je souhaite vraiment qu'un petit quelque chose soit accompli à ce niveau-là.»

Chômage et éducation

Le taux de chômage aux États-Unis avoisine les 10%, ce qui ramène le pays de l'Oncle Sam à des niveaux comparables à ceux de la crise de 1982.

Brian Gionta, qui a été élevé tout près de Rochester, dans l'État de New York, affirme que les pertes d'emploi se sont fait ressentir dans son coin de pays. Même si l'État, avec ses 800 000 résidants sans emploi, demeure sous la moyenne nationale (8,3%).

«Partout dans le nord de l'État, il y a de grandes compagnies qui ont dû faire plusieurs mises à pied, indique le capitaine du Canadien. Des entreprises établies à Rochester, comme Kodak, Bausch&Lomb ou Xerox, ont dû suivre des régimes minceur.

«En plus du taux de chômage, le plus gros enjeu à mon avis est les coupes en éducation, ajoute Gionta. L'éducation de nos enfants est quelque chose qui me tient vraiment à coeur. «Dans ce domaine-là, l'argent n'est pas allé là où il aurait dû aller. Il a été mal redistribué.»

Tous ces dossiers qui n'avancent pas

Si ce n'est du mouvement Tea Party qui a quelque peu fractionné la base républicaine, l'allégeance politique de l'électorat ne varie plus beaucoup aux États-Unis. Il y a les démocrates, il y a les républicains, et peu de dialogue entre les deux. Une situation que déplore Jeff Halpern.

«C'est décevant parce qu'en attendant, rien ne se fait, dit l'attaquant de 34 ans. «Que l'on soit d'accord ou non avec ce qu'Obama tente de faire, je trouve que personne n'a vraiment les coudées franches pour faire avancer son programme. C'est bizarre parce que c'est à la fois l'une des raisons pour lesquelles le système fonctionne et ce qui explique pourquoi les choses n'avancent pas.»

Le mouvement Tea Party pourrait brouiller les cartes le 2 novembre. Jeff Halpern n'est pas un fan de son discours populiste, mais comprend la colère du mouvement de droite à l'égard du système de taxation.

«Je pense que les gens n'ont pas de problème à payer de l'impôt en autant qu'ils voient bien où va leur argent, soutient Halpern. Mais quand rien ne change, quand les dépenses augmentent mais ne sont pas plus productives, c'est là que les gens se mettent en colère.

«Je ne suis pas un supporteur du Tea Party, mais je comprends leur argument. Leur point de vue est un peu étroit, mais il n'est pas sans mérite.»

Deux abstentions

Sarah Palin, colistière défaite de John McCain aux dernières élections, est devenue la star du Tea Party. La politicienne de 46 ans, à qui plusieurs prêtent des ambitions présidentielles, est originaire de l'Alaska. Et elle s'est déjà affichée, lors de l'élection de 2008, comme une «hockey mom» accomplie.

Scott Gomez, le plus célèbre hockeyeur issu de l'Alaska, doit bien avoir quelque chose de rigolo à raconter à propos de madame Palin, non?

«Sarah Palin est originaire de l'Alaska et je suis fier de toute personne provenant de mon État qui réussit dans la vie, car ça fait partie de la mentalité de l'Alaska, répond Gomez. «Mais que je sois d'accord ou non avec ses politiques, ça ne regarde que moi.»

Quant à Hal Gill, l'autre joueur américain du CH, il reconnaît qu'il est trop accaparé par le hockey pour rester à jour avec l'actualité politique. «Je suis désolé de dire que je ne prendrai même pas la peine d'aller voter, admet ce natif du Massachusetts. «C'est important d'aller voter, mais c'est encore plus important d'être informé. Et ne pas être informé est ma faiblesse en ce moment.»

Photo: André Pichette, La Presse

La plupart du temps, les seuls commmentaires des joueurs des Alouettes et du Canadien traitent des parties, des entraînements, des alignements, des blessures et des classements. Nous n'avons que trop rarement l'occasion de les entendre parler de sujets sérieux. C'est pourquoi je suggère à La Presse de renverser cette tendance. Avec les élections américaines de mi-mandat, au début de novembre, et la présence de plusieurs Américains chez le CH et les Alouettes, l'occasion est belle pour discuter avec eux de leurs opinions sur leur pays, le bilan de Barack Obama, la montée actuelle de la droite et leurs sentiments vis-à-vis les politiques très différentes du Québec. Sur la photo, Claude-André Mayrand, le lecteur à l'origine de cette idée (à droite), accompagne Miguel Bujold pour l'un des reportages sur ce sujet dans le cadre d'un numéro exceptionnel, La Presse est à vous.