Le directeur de la police de Montréal, Marc Parent, dément toute forme de profilage politique tel que décrit par la CLASSE, et affirme plutôt que les fouilles et arrestations préventives du week-end sur le site du Grand Prix et ailleurs étaient nécessaires, comme en font foi les armes et objets saisis.

«Il y avait des menaces sérieuses pour perturber le Grand Prix lui-même. Les pièces que nous avons saisies ont démontré l'orchestration de tout ça. On a saisi une poche de hockey contenant des simulations d'armes à feu et de lance-roquette (au métro Berri-UQAM sur le quai de la ligne jaune, direction parc Jean-Drapeau) et une imitation d'AK 47 (dans une station de Laval)», assure Marc Parent.

Aucun des individus pincés avec ces objets n'aurait toutefois été accusé criminellement.

Il dit aussi que des sacs remplis de roches ou de briques, et même une arme artisanale conçue avec une lame de scie attachée au bout d'une corde, ont été saisis aux gens arrêtés préventivement.

Le profilage politique décrit par la CLASSE, mais aussi par beaucoup de visiteurs du parc Jean-Drapeau, n'existe pas, selon M. Parent.

«Je dois rectifier les faits. Des usagers du métro se sont fait demander qu'on puisse fouiller leurs sacs. Il y a en eu une cinquantaine. La moitié ou plus n'avait pas de carré rouge. Et certains qui avaient un carré rouge sont entrés sur le site. Il n'y avait pas de fouille et d'intervention systémique sur les gens au carré rouge», martèle-t-il.

Parent a été questionné sur les faits rapportés par des journalistes du quotidien Le Devoir qui se sont rendus, incognito et carrés rouges à la boutonnière, au parc Jean Drapeau. Ils y auraient été interpellés et fouillés par des policiers qui leur auraient cavalièrement dit que le parc public était pour le week-end privé, et que les organisateurs de la course ne voulaient pas «de gens comme vous».

«C'est le genre de propos qu'on n'entérine pas. Des vérifications sont en cours pour éclaircir cette intervention-là», a indiqué le directeur. Il a précisé qu'il était trop tôt pour décider de la tenue ou non d'une enquête disciplinaire.

Il a dit ne pas être au fait de ce cas particulier, mais jure que les gens qui ont été interpellés l'ont été parce que les policiers avaient des motifs raisonnables de croire qu'ils devaient le faire.

«Par exemple, des gens qui sortent du métro et tournent en rond, qui ne circulent pas vers un endroit sur le site», précise-t-il.

Ainsi 34 personnes ont été arrêtées préventivement au parc Jean-Drapeau. En plus de neuf à l'extérieur du site.

«Ils ont tous été libérés inconditionnellement. Ils ont été détenus jusqu'à trois heures de temps pour ceux qui l'ont été le plus longtemps. Ils étaient dans un autobus climatisé. Ils ont été traités avec beaucoup de respect», a ajouté le directeur adjoint du SPVM, Pierre Brochet.

«Vous savez, je n'associe pas le carré rouge à la violence ou à des comportements inacceptables. Ça n'a rien à voir. On peut arborer ce qu'on veut. Je connais des kids qui ont le carré rouge et on jase, respectueusement, il n'y a pas de problème», a subitement lancé Marc Parent.

Dans cette conférence de presse où le SPVM dressait le bilan de l'opération Grand Prix, Marc Parent s'est dit fier de ses troupes. Il dit que d'autres corps policiers de grandes villes les observent admirativement.

«Cette fin de semaine représentait un défi complexe. Nous devions préserver l'image sécuritaire de Montréal. Quand des casseurs commencent à provoquer des situations dangereuses, on veut les cibler, mais on veut laisser les festivités se poursuivre. L'importance de la foule complique les choses», explique-t-il.

«Nous avons une stratégie d'agir au niveau des plus radicaux et des casseurs, renchérit le directeur adjoint Brochet. Ces derniers jours et soirs, on a eu des groupes partis du parc Émilie-Gamelin qui ont fait de la casse sur les sites Crescent et Peel. C'était des actions directes prévues pour perturber ces événements-là. Certains ont attaqué directement des policiers sur Crescent. Samedi soir, j'étais sur le terrain et j'ai constaté l'insouciance de ces gens. Il y avait des policiers avec des milliers de personnes derrière eux, et on leur lançait des roches. Ça devient préoccupant.»

Pendant les quatre jours de festivités, au cours desquelles quatre manifestations nocturnes ont été chaotiques, 130 personnes ont été arrêtées pour être accusées de divers méfaits. Notamment pour voies de fait sur policier, possession d'engin incendiaire, menace et entrave au travail des agents.

Un nombre que le chef estime petit, en regard des dizaines de milliers de personnes qui ont circulé en ville et dans le métro pendant ces quatre journées.

Photo fournie par le SPVM

Photo fournie par le SPVM