L'industrie de la construction du Québec n'est plus en train de tourner la page après la commission Charbonneau, car cette page, elle est déjà tournée, croit le Conseil du patronat du Québec.

« On a entendu énormément parler du passé, au cours des dernières années, des derniers mois. Il y a un éléphant dans la salle qu'on va appeler la commission Charbonneau et ainsi de suite. On n'est pas en train de tourner la page aujourd'hui, la page est déjà tournée », a lancé Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ, à l'occasion du forum sur « l'écosystème de la construction », vendredi à Montréal.

Les principaux acteurs, sauf les syndicats, étaient réunis pour discuter de l'état de l'industrie et de ses perspectives: occasions d'affaires qui s'ouvrent grâce aux accords de libre-échange, main-d'oeuvre, réglementation, contrats publics et, bien sûr, l'image de l'industrie après la Commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

Le portrait brossé par des acteurs de l'industrie était toutefois moins rose.

Ainsi, Luc Bourgoin, directeur général de l'Association de la construction du Québec, a plutôt soutenu que « l'industrie de la construction traverse une crise de confiance qui a des effets néfastes non seulement sur notre industrie, mais également sur l'ensemble de l'économie québécoise ».

Cette association patronale de l'industrie de la construction a justement pris le taureau par les cornes, en lançant un programme d'intégrité qui a pris deux ans à peaufiner, auquel ses membres sont invités à participer. Ils doivent alors faire de la formation en éthique et intégrité, élaborer une grille de gestion des risques auxquels ils peuvent être soumis, tenir un registre des dons et cadeaux, entre autres.

« On s'est engagé dans ce processus, par respect pour nos clients, le public, mais aussi par rapport à nous-mêmes. Tout le monde a compris que le " business as usual " n'est plus une option », a lancé M. Bourgoin.

D'autres ont rappelé la lenteur du gouvernement à payer les entrepreneurs, devant la méfiance qui s'est installée face à leurs réclamations.

« Il faut que les gens, le public, les médias et aussi nos interlocuteurs au gouvernement comprennent que l'industrie de la construction c'est un partenaire, ce n'est pas un ennemi », a lancé pour sa part Luc Bélanger, président-directeur général de l'APCHQ (l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec).

Du même souffle, des acteurs de l'industrie ont dénoncé la surveillance, l'encadrement et la réglementation de l'industrie qui s'accumulent, à cause de ce contexte.

Au cours des derniers jours encore, un poste d'inspecteur général a été annoncé au ministère des Transports du Québec, après qu'on ait soulevé des irrégularités dans l'octroi de contrats et de certaines façons de faire.

« La réglementation, c'est nécessaire, mais on assiste à des couches de sédimentation actuellement. Ça veut dire qu'à chaque fois qu'il y a un problème, on rajoute une réglementation. Et on ne remet pas en question la chaîne de la réglementation. Il faut une réglementation intelligente », a plaidé M. Dorval, au cours d'une entrevue dans le cadre de ce forum.

« Il y aura toujours une possibilité, à quelque part, de corruption, de ci ou de ça. Donc c'est important qu'il y ait des mécanismes de contrôle, mais a-t-on besoin de 20 mécanismes de contrôle qui se superposent les uns aux autres. Un moment donné, ça devient trop important », a critiqué M. Dorval.