La commission Charbonneau s'attaque à l'opération Diligence, qui a permis à la Sûreté du Québec d'exposer l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction.

Premier témoin à aborder Diligence, le sergent-enquêteur Michel Patenaude, de la Sûreté du Québec, est à décrire les détails de l'enquête. Comme la majorité des témoins entendus cette semaine, son témoignage est frappé d'une ordonnance de non-publication pour éviter de nuire à des procès en cours.

Beaucoup d'information a toutefois circulé déjà sur l'opération Diligence. Lancée en 2007, cette enquête de la Sûreté du Québec avait été menée à la suite d'une plainte de l'entrepreneur Paul Sauvé, qui avait dénoncé publiquement l'infiltration du crime organisé dans son entreprise, LM Sauvé. Ce dernier est d'ailleurs attendu à la barre de la Commission, mais son témoignage sera lui aussi frappé d'une ordonnance de non-publication.

L'opération Diligence visait à contrer des activités de blanchiment d'argent et d'infiltration de l'économie légale dans le milieu de la construction par les Hells Angels. La plus importante prise des policiers est sans nul doute le motard Normand «Casper» Ouimet. Il est soupçonné d'être à la tête d'un réseau qui aurait tenté de noyauter le secteur de la maçonnerie au Québec afin de blanchir de l'argent provenant du commerce de la drogue.

Plus tôt aujourd'hui, la Commission s'est intéressée au crime organisé en l'Abitibi. L'ex-sergent-enquêteur de la Sûreté du Québec, Jean-Marc Arel, dont le témoignage est frappé d'une ordonnance de non-publication, a décrit les détails de l'opération Écrevisse.

L'enquête publique est à détailler cette semaine trois enquêtes policières ayant ciblé l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction. Huit des neuf témoignages prévus cette semaine sont toutefois frappés d'une ordonnance de non-publication.

Intimidation

Seul témoignage en public prévu cette semaine, un entrepreneur de l'Estrie a témoigné mardi devant la commission Charbonneau des graves répercussions de l'intimidation dont il a été victime en 2010. Jocelyn Anctil a perdu près de 900 000$ en plus de frôler la faillite après avoir été la cible d'une vague d'incendies criminels.

Plusieurs entreprises de Jocelyn Anctil, principalement les réserves de ponceaux de plastique, produits utilisés dans l'assainissement des eaux dans les régions rurales, ont été incendiées en 2010. Les soupçons se sont rapidement tournés vers une entreprise rivale : les Ponceaux de l'Estrie, dirigée par un certain Raymond «Ray» Coulombe. L'homme, décédé de causes naturelles depuis, était bien connu des policiers pour ses activités criminelles, ce qui lui avait valu le surnom du «caïd de Stukely-Sud».

Jocelyn Anctil dit avoir compris le message : il a cessé de participer aux appels d'offres auxquels participait les Ponceaux de l'Estrie ou gonflait artificiellement ses prix pour s'assurer de ne pas gagner. «Ç'a baissé notre chiffre d'affaires. On s'est demandé si ça valait la peine de se battre pour des ponceaux. Au point d'abandonner», a dit Anctil. Surtout que la vente de ponceaux représentait à peine 2% de son chiffre d'affaires.

Gestion J. Anctil a frôlé la faillite quand son assureur, échaudé par les incendies criminels, a refusé de renouveler sa couverture. L'entrepreneur demande à la Commission de recommander à ce que même les entreprises puissent être protégées par le gouvernement, à l'instar de la protection accordée aux victimes d'actes criminels.