La commission Charbonneau a tenté ce matin d'éclaircir la relation qu'entretenait Joe Borsellino avec Jocelyn Dupuis, ex-DG de la FTQ-Construction, et Robert Marcil, ex-directeur des travaux publics de Montréal.

Après un début de témoignage laborieux hier, Giuseppe (dit Joe) Borsellino a été placé ce matin devant une série de conversations enregistrées par la police alors qu'elle enquêtait sur Jocelyn Dupuis, dans le cadre de l'opération Diligence.

Il en ressort que Borsellino a comblé de cadeaux l'homme qui venait de quitter la direction du syndicat: luxueux appartement de 300 000$ au 1000, rue de la Commune de mai 2007 à août 2010, billets de hockey, voyage en Italie...

Devant l'évidence, Joe Borsellino a reconnu qu'il avait organisé en 2008 un voyage en Italie avec Jocelyn Dupuis, Yves Lortie, de Génivar, et Robert Marcil, ex-directeur des travaux publics de Montréal. Daniel Toutant, PDG de Concession A25 (l'entreprise à laquelle ont été confiées la réalisation et l'exploitation du pont à péage de l'autoroute 25), les a rejoints durant deux jours, alors que Garnier, la compagnie de Borsellino, était en plein chantier sur ce pont.

Sièges en classe affaires, hôtels à plus de 600$ la nuit : l'entrepreneur a expliqué que, en comptant les repas au restaurant et une visite au Vatican, la facture du voyage a dépassé les 50 000$.

Fait troublant soulevé par le procureur, Me Simon Tremblay, Joe Borsellino a planifié les détails du voyage le 12 août 2008. Deux semaines plus tard, Robert Marcil a autorisé le paiement d'un contrat de 5,2 millions accordé sans appel d'offres à Construction Garnier pour des travaux d'urgence. L'entrepreneur a assuré qu'il n'y avait aucun lien entre ce mandat et le voyage.

Hier, l'entrepreneur avait minimisé ses liens avec Jocelyn Dupuis, qu'il a qualifié de simple ami. Tout au plus a-t-il reconnu qu'il avait fait appel à Dupuis pour qu'il l'aide à décrocher un contrat de 40 millions auprès de Rio Tinto Alcan.

Les sept conversations entendues ce matin démontrent toutefois que leur relation allait beaucoup plus loin: Rio Tinto Alcan, Parasuco, Tony Tomassi, Club Med... En 2008, les sujets de conversation n'ont pas manqué entre eux. Dupuis, qui avait alors quitté la FTQ-Construction, y laisse entendre qu'il a toujours ses entrées à la centrale syndicale et au Fonds de solidarité de la FTQ.

Malgré ces conversations, Borsellino a continué à se montrer peu coopératif. Invité à détailler ses projets immobiliers, il a déclaré, en anglais, qu'il ne se souvenait d'aucun d'entre eux.

Peu coopératif

Hier, l'entrepreneur en construction avait multiplié les réponses vagues aux questions du procureur Me Simon Tremblay, qui l'a invité à se rafraîchir la mémoire avant de reprendre son témoignage ce matin.

Borsellino a démontré son manque de coopération à plusieurs reprises, notamment en prenant de longues minutes avant de simplement confirmer qu'il avait déjà présidé une entreprise d'arpentage.

Il importe de préciser que Joe Borsellino (à ne pas confondre avec son homonyme du Groupe Petra) a refusé de rencontrer les enquêteurs pour préparer sa comparution, contrairement à la majorité des témoins entendus jusqu'à présent. Son témoignage risque donc d'en ressortir beaucoup plus décousu, car Me Tremblay n'a pas eu le temps de déblayer le terrain pour en dégager les sujets les plus pertinents à aborder.