Après l'attentat de Saint-Jean-sur-Richelieu et la fusillade à Ottawa, le premier ministre Philippe Couillard annonce la préparation de mesures, avec la communauté musulmane, afin de détecter et prévenir les « comportements à risque » notamment dans les mosquées.

« Voyons-le avec lucidité : ce sont des gens de chez nous qui ont posé ces gestes, a-t-il déclaré jeudi matin à ses bureaux de Québec. Notre société est distincte, certes, ni meilleure, ni pire que d'autres. Elle a aussi comme les autres sociétés ses démons comme nous le rappellent les événements des derniers jours, qui raniment chez nous d'autres souvenirs douloureux. »

Selon lui, « le gouvernement doit jouer son rôle, soutenir les actions de sécurité tout en préservant les règles de droit ». « Il faut agir pour préserver la cohésion sociale, notre vie commune », a-t-il ajouté. 

Il s'est entretenu avec des leaders de la communauté musulmane. Il les a félicités pour leur réponse « rapide et ferme » aux événements. « Je tiens à souligner que ces leaders se sont rapidement et fortement prononcés et ont condamné comme nous cette violence qui tire son origine dans une déformation cruelle du sentiment religieux », a dit M. Couillard.   

Il a demandé à ses ministres Lise Thériault (Sécurité publique), Kathleen Weil (Immigration, Inclusion et Diversité) et Lucie Charlebois (Services sociaux et Protection de la jeunesse) de « préparer avec les communautés concernées des actions basées sur l'engagement communautaire, la prévention et la détection précoce des comportements à risque ». Ces actions se feront « en collaboration avec les autorités municipales et fédérales », « dans les milieux de vie et les lieux de culte ». Plus de détails seront donnés au cours des prochaines semaines. Le premier ministre rencontrera les leaders de la communauté musulmane à ce sujet au début du mois de novembre, au retour de sa mission en Chine et en Islande.

Il a multiplié les formules pour lancer un message d'unité.  « Nous avons beaucoup à faire à bâtir ensemble au cours des prochaines années. Tous ensemble, cela inclut celles et ceux qui sont venus d'ailleurs pour construire le Québec avec nous. Cela inclut nos compatriotes musulmans. Aussi et surtout nos jeunes, dont certains en viennent à chercher des réponses dans la violence aveugle. Le radicalisme et la violence ne peuvent apporter une solution au mal de vivre », a-t-il soutenu.

Extraits du discours de Philippe Couillard

« Notre société est ébranlée par les événements des derniers jours. Nous avons bien sûr condamné ces attentats et répété notre confiance envers les forces de sécurité. Leur action, qui constitue l'expression justifiée de la force dans une société démocratique, doit être soutenue par les gouvernements et la société. Il n'existe aucune justification acceptable pour ces actes haineux. L'expression du mal absolu qu'ils représentent ne doit en aucun cas être banalisée ou même relativisée. Quelle que soit la colère, le radicalisme ne doit pas être une bouée de sauvetage. »

« Le Québec est bien sûr fortement interpellé parce que, comme d'autres, il doit relever le défi de conjuguer une identité forte avec la diversité croissante dans un contexte global où, on le voit, tout se rapproche très vite, où nul n'est isolé des menaces bien réelles de notre monde. »

« Je demande à tous les Québécois et toutes les Québécoises de ne pas donner à ces criminels la victoire qu'ils recherchent. D'abord en appuyant nos forces de sécurité tout en étant vigilants sur la question des  droits et libertés, nos valeurs démocratiques qui sont justement ce que ces criminels veulent détruire. Aussi en restant vigilants et unis. En prenant un moment pour dire à nos compatriotes notre fraternité et que nous sommes heureux de vivre ensemble. C'est ensemble que nous faisons face à la menace avec fermeté. C'est aussi ensemble que nous devons construire un monde meilleur basé sur notre humanité partagée. »