Les cliniques créées par Québec pour les patients souffrant de symptômes persistants de la maladie de Lyme auraient besoin de financement de recherche pour pouvoir offrir des traitements expérimentaux, comme des antibiotiques sur une longue durée, a plaidé le DAmir Khadir, lundi, à l’enquête publique du coroner sur la mort d’Amélie Champagne.

« Tant qu’il n’y aura pas de financement de recherche, il n’y aura pas de service réel », a affirmé le DKhadir, microbiologiste et infectiologue au centre hospitalier Pierre-Le Gardeur, dans Lanaudière.

« Si une intervention, un médicament, quelque chose de particulier n’est pas approuvé et que quelqu’un le prodigue, il pourra avoir des problèmes avec le Collège [des médecins], avec son association », a rappelé le médecin spécialiste, en donnant l’exemple des « antibiotiques prolongés ».

Le DKhadir a dit n’avoir jamais été impliqué dans le diagnostic ou le traitement de Mme Champagne, mais avoir rencontré son père et son conjoint après sa mort.

La Montréalaise de 22 ans a mis fin à ses jours à l’automne 2022, après avoir souffert durant des années de symptômes ressemblant à ceux de la maladie de Lyme.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le Dr Amir Khadir, microbiologiste et infectiologue au centre hospitalier Pierre-Le Gardeur

Dans la semaine ayant précédé sa mort, la jeune femme avait visité deux urgences psychiatriques et fait une première tentative de suicide.

La première semaine de l’enquête publique, à la mi-décembre, a porté sur les circonstances de sa mort. La deuxième est consacrée aux recommandations de diverses parties.

« Je ne me prononcerai pas sur les diagnostics posés », a prévenu la coroner, MJulie-Kim Godin, à la reprise des audiences, au palais de justice de Montréal.

« Le plus loin que j’irai, ce sera d’affirmer que Mme Champagne et des professionnels de la santé qu’elle a vus avaient l’intime conviction qu’elle souffrait de la maladie de Lyme. »

« Manque de recherche »

Le DKhadir dit avoir vu « plus de 500 patients qui ont été référés pour voir si leur problème venait de la maladie de Lyme » dans le cadre d’un « projet pilote » qu’il mène depuis 2019.

Sa clinique a fait une demande de financement à l’Association québécoise de la maladie de Lyme (AQML) pour soutenir ses recherches, a-t-il précisé.

« Si on n’a pas de traitement et de diagnostic adaptés, c’est peut-être qu’il manque de recherche et de preuves scientifiques fiables », a fait valoir la directrice générale de l’AQML, Caren Leblanc, en marge de son témoignage.

Mme Leblanc a raconté à la coroner ses années d’errance médicale, durant lesquelles des diagnostics d’accident vasculaire cérébral (AVC), de migraine, de sclérose en plaques et de problèmes psychologiques ont successivement été évoqués, avant qu’une médecin en pratique privée ne lui prescrive des antibiotiques.

L’AQML souhaite que les résultats de recherche du DKhadir puissent déboucher sur un article scientifique révisé par les pairs, « pour que d’autres médecins puissent s’inspirer de ces traitements, pour avoir confiance que ça fonctionne », a expliqué le président de l’Association, Carl Dubois, en entrevue téléphonique.

Le groupe de soutien de l’AQML compte 2300 membres. Québec avait annoncé, en mai 2022, l’implantation de 15 cliniques pour les patients atteints de la COVID longue et de la « forme persistante » de la maladie de Lyme.