«Je me sens comme une survivante», a déclaré Audrey Foy, une jeune femme du Québec habitant près d'Hollywood en Floride, au lendemain du passage de l'ouragan Irma. «Heureux» et «soulagés», ces mots étaient sur les lèvres des Canadiens rencontrés lundi matin sur la côte est de la Floride.

Cela aurait pu être bien pire, ont-ils tous dit, en regardant autour d'eux.

Le puissant ouragan, qui devait les frapper de plein fouet, a finalement bifurqué un peu plus loin d'eux, mais sans les épargner entièrement.

Leurs maisons ont toutes tenu bon, et les dégâts se limitent à des arbres déracinés, des feuilles et des branches un peu partout - et une absence d'électricité.

Un réel soupir de soulagement pour ces gens qui avaient redouté, comme leurs voisins américains, des inondations terribles et de voir leur toit arraché par ce qui avait été annoncé comme un ouragan de catégorie 5, le plus puissant à s'être formé dans l'Atlantique.

Le soleil brillait lundi sur la côte est.

«On est chanceux», a dit spontanément Audrey Foy.

Elle n'a pas dormi de la nuit à cause du bruit sourd du vent qui faisait tout résonner. Et les «mais si» qui lui trottaient dans la tête.

«Si c'est le pire qu'on a eu, je ne vais pas me plaindre», a-t-elle ajouté.

Jimmy Sklavenitis, un propriétaire de restaurant grec originaire de Montréal, prévoyait même rouvrir le soir même. Le restaurant qu'il possède avec son frère Chris, The Greek Joint, à Hollywood, n'a pas été endommagé.

«Nous sommes des Grecs. Nous sommes prêts!», a-t-il rigolé.

Mais il n'y aura juste pas de poutine, a-t-il lancé en riant. Car il a pris des mesures pour sauver sa viande, mais pas son fromage.

Il se dit heureux qu'Irma ait finalement changé de trajectoire et que son oeil n'ait pas tournoyé au-dessus de sa tête.

«S'il était venu de notre côté, on ne serait pas en train de se parler», a-t-il lancé avec bonne humeur.

Et puis pour lui, avoir été directement touché par Irma aurait signifié un mois, voire un mois et demi sans pouvoir opérer son restaurant, estime-t-il.

Il s'en tire avec un jour de nettoyage.

Même la petite maison mobile de Line Lavertu, à Dania Beach, a survécu sans dommage - bien qu'elle soit située dans la zone la plus à risque du secteur, qui avait été obligatoirement évacuée. Si son parc appelé Ezra s'en est bien tiré, des maisons mobiles dans d'autres parcs à proximité ont été éventrées ou ont perdu leur toit.

La femme qui habite aussi à Manseau, au Québec, est camionneuse et se rend toutes les deux semaines en Floride.

Bien qu'elle n'ait pas dormi de la nuit, elle trouve qu'elle a été vraiment chanceuse.

«Je pensais qu'on n'aurait plus de toit!»

«Merci la vie», a-t-elle dit en nettoyant les alentours de sa galerie.

Pour Richard Clavet, le propriétaire des motels Richard à Hollywood, la situation est un peu chaotique. Sans électricité, ses génératrices fonctionnaient à plein regime, et sans internet, pas moyen pour ses clients de le payer avec des cartes de crédit.

Mais il était heureux de la tournure des événements.

Ces Canadiens rencontrés lundi étaient toutefois hésitants à se réjouir, conscients que s'ils ont été épargnés, ceux de la côte ouest de la Floride ont payé pour.

Le temps du ménage commence. Les rues sont jonchées d'arbres et de branches. M. Sklavenitis dégageait celles tombées devant son commerce pour installer sa terrasse.

«Je ne sais pas par où commencer. Je suis fatiguée», a laissé tomber Audrey Foy, une jeune mère de deux enfants qui a accouché il n'y a que trois mois.

«Mais on est vivants.»

Lundi après-midi, il était difficile de circuler dans certaines rues de Fort Lauderdale et d'Hollywood, deux villes qui accueillent de nombreux Québécois en vacances. Des arbres les bloquaient parfois et les feux de circulation ne fonctionnaient pas en raison des pannes d'électricité. Par terre, des luminaires de lampadaires, des clôtures arrachées, divers débris.

«Au prochain ouragan, je ne reste pas ici», a assuré Mme Foy.