Brûler un feu rouge ou rouler trop vite à Laval ne mène pas automatiquement à une contravention. Depuis quatre ans, le nombre de constats d'infraction remis par la police de Laval a chuté de 39 %, entraînant une baisse des revenus de plus de 2 millions de dollars pour la Ville de Laval.

Comme l'indique le rapport annuel d'activité de la police déposé au conseil municipal, le mois dernier, le nombre de contraventions ne cesse de diminuer. En 2012, les policiers ont dressé 84 561 contraventions. En 2016, ce nombre avait baissé à 51 260.

Les revenus générés par le travail policier en vertu du Code de la sécurité routière ont suivi la même courbe descendante. La Ville a empoché 8,1 millions en 2012 et un peu plus de 6 millions en 2016.

C'est en 2013 qu'un changement majeur s'est fait sentir avec une diminution de 20 % des contraventions par rapport à l'année précédente. Cela coïncide avec la tempête politique qui a soufflé sur l'hôtel de ville de Laval. L'ex-maire Gilles Vaillancourt a été arrêté pour fraude en mai 2013 - il purge une peine de six ans -, la municipalité a été mise sous tutelle en juin de la même année et c'est l'équipe de tutelle qui a nommé le nouveau chef de police Pierre Brochet dans les semaines suivantes.

À la même époque, le gouvernement du Québec a fait connaître ses intentions de réformer les régimes de retraite du secteur municipal, soulevant l'ire du monde syndical.

Selon le Service de police de Laval (SPL), les relations de travail tendues avec les policiers, qui sont sans convention collective depuis 2013 et qui sont en arbitrage dans le dossier de leur régime de retraite, ne sont pas étrangères à la baisse des contraventions. Rien ne laisse voir un règlement imminent. D'ailleurs, les policiers manifestent à chacune des séances du conseil municipal, question de rappeler l'état des pourparlers à l'équipe du maire Marc Demers.



« AUCUN MOT D'ORDRE »

À la Fraternité des policiers de Laval, on assure toutefois que le dossier syndical n'influence pas la remise des contraventions. Tout au plus, reconnaît-on que le climat de travail affecte « la motivation » des troupes.

« Il n'y a aucun mot d'ordre concernant les constats d'infraction. On a plutôt passé le message à nos membres qu'émettre des contraventions faisait partie de notre travail », a indiqué jeudi à La Presse Francis Voyer, vice-président syndical.

D'autres villes dont Montréal et Québec ont également connu des épisodes importants de baisse de contraventions, et donc de pertes de revenus, alors qu'il y avait une intensification des moyens de pression du syndicat des policiers.

Entre juillet 2013 et juillet 2014, la Ville de Montréal avait constaté une baisse de 35 % du nombre de contraventions, un phénomène qu'elle associait aux moyens de pression des policiers dans le dossier de la réforme des régime de retraite du secteur municipal.

En chiffres

Revenus provenant des contraventions

2012 : 8,1 millions

2013 : 6,7 millions

2014 : 5,9 millions

2015 : 6 millions

2016 : 6 millions

Nombre d'infractions au Code de la sécurité routière

2012 : 84 561

2013 : 67 808

2014 : 58 575

2015 : 55 318

2016 : 51 260