Trois vétérans qui disent avoir subi des persécutions raciales pendant plusieurs années demandent un recours collectif contre les Forces armées canadiennes.

Les ex-militaires ont déposé leur requête devant la Cour fédérale, le 14 décembre, à Halifax.

Marc Frénette, Wallace Fowler et Jean-Pierre Robillard accusent des officiers supérieurs d'avoir balayé d'un revers de la main des comportements racistes, tout en dissuadant certains membres de porter plainte.

Le document de 31 pages avance que les victimes de racisme au sein des Forces armées canadiennes sont ostracisées, soumises à d'autres traumatismes et même libérées de leur service militaire de manière prématurée. Le harcèlement, les menaces de violence et les insultes à saveur raciste sont tolérés ou ignorés, est-il ajouté.

Marc Frénette affirme que sa carrière en entretien d'aéronefs allait bon train au sein des Snowbirds avant que ses collègues de Moose Jaw, en Saskatchewan, ne découvrent qu'il est autochtone.

Il rapporte notamment un incident survenu en 2015 au cours duquel on l'a empoigné par derrière, puis tenu un briquet entre ses jambes en disant «il est temps de brûler cet Indien avant qu'il ne brûle d'autres wagons». Souffrant du trouble de stress post-traumatique, M. Frenette affirme qu'on lui avait conseillé d'en rire, et de ne pas dénoncer cette agression à des officiers plus haut placés.

Wallace Fowler, un Noir de Nouvelle-Écosse, affirme qu'on lui a refusé de la nourriture, un logis et des vêtements adéquats en raison de la couleur de sa peau, alors qu'il suivait une formation à la base militaire Borden, au nord de Toronto. Il ajoute que la situation s'est envenimée après sa mutation à la base Esquimalt, à Vancouver. On aurait alors craché sur ses beaux-enfants et lancé des bananes en direction de son épouse.

Jean-Pierre Robillard, originaire d'Haïti, raconte pour sa part avoir été affecté au nettoyage des latrines lorsqu'il a dénoncé les insultes racistes que proféraient à son endroit les membres de son unité militaire.

Dans un autre cas, alors qu'il avait sollicité l'aide d'un officier pour faire immigrer sa mère au Canada, un capitaine les avait traités de «porch monkeys» - une insulte référant à des esclaves paresseux.

Aucune de ces allégations n'a été entendue par un tribunal. La requête ne précise pas le montant demandé par les plaignants en dommages-intérêts punitifs.