La création du réseau de trains électriques projeté par la Caisse de dépôt ferait en sorte que les installations présentement en construction à Montréal auraient quatre fois moins de voitures et de locomotives à entretenir que prévu.

L'Agence métropolitaine de transport (AMT) et CDPQ-Infra, une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, ont entrepris des discussions sur l'utilisation commune ou la vente d'un complexe d'entretien ferroviaire de plus de 300 millions de dollars, beaucoup trop gros pour les besoins futurs du réseau de trains de banlieue de la métropole.

Un porte-parole de CDPQ-Infra, Jean-Vincent Lacroix, a confirmé vendredi que des études techniques sont même déjà en cours pour vérifier si les installations du centre d'entretien de Pointe-Saint-Charles, conçues pour le matériel ferroviaire lourd de l'AMT, pourraient accueillir les voitures du futur Réseau électrique métropolitain (REM), projeté par la Caisse.

Ce vaste complexe d'entretien de matériel ferroviaire, qui s'étendra sur 16 hectares, est en cours de construction dans le quartier de Pointe-Saint-Charles, dans le sud-ouest de Montréal. Le coût de ce projet, réalisé en partenariat public-privé, est estimé à 320 millions de dollars. Les travaux ont commencé à l'été 2015, après plus de six ans de planification par l'AMT, l'agence gouvernementale responsable des trains de banlieue de la métropole.

DES PLANS À REVOIR

À l'origine, le Centre d'entretien de Pointe-Saint-Charles devait recevoir les voitures des trois lignes de trains de banlieue qui circulent sur le réseau du Canadien National (CN) : celles de Deux-Montagnes, avec ses voitures électriques MR-90, de Mascouche, et de Mont-Saint-Hilaire.

Or, la création du REM, un projet de train électrique de 67 kilomètres qui comptera 24 stations dans la grande région de Montréal, va complètement chambouler les prévisions de l'AMT.

Ce projet de train électrique de 5,5 milliards desservira l'ouest de l'île de Montréal, l'aéroport international Trudeau, à Dorval, et le centre-ville de la métropole. Il reliera aussi la Rive-Sud au centre-ville dans l'axe du pont Champlain, et la couronne nord, en empruntant le tunnel du mont Royal et les voies ferrées du train de banlieue de Deux-Montagnes. CDPQ-Infra ambitionne de mettre ce nouveau réseau en service dès 2020.

S'il devait se réaliser tel que présenté, il y a trois semaines, le REM entraînerait donc le remplacement du train de banlieue de Deux-Montagnes par le REM et l'interruption du train de Mascouche à l'extrémité nord du tunnel du mont Royal, à plusieurs kilomètres du centre d'entretien de Pointe-Saint-Charles.

Si bien que quelques années seulement après son ouverture, prévue en 2018, le plus gros des centres d'entretien ferroviaire de l'AMT n'aurait plus qu'une seule ligne de train à entretenir, celle de Mont-Saint-Hilaire.

LES BESOINS DE LA CAISSE

Dans un reportage diffusé jeudi, Radio-Canada affirme que la mise en service du REM et les changements majeurs dans le réseau de trains de banlieue feront en sorte qu'à partir de 2020, le futur centre d'entretien aura quatre fois moins de voitures et de locomotives à entretenir que prévu dans ces vastes installations.

Le REM pourrait profiter de cette soudaine capacité excédentaire d'entretien et de réparation, en occupant une partie des ateliers de l'AMT, que ce soit à titre de locataire, de partenaire d'affaires, ou de propriétaire du Centre d'entretien.

Pour assurer un service régulier 20 heures par jour, sur 67 kilomètres de réseau, avec une fréquence de passage de 3 à 6 minutes en périodes de pointe, CDPQ-Infra a estimé ses besoins en matériel roulant à 200 voitures électriques de type SLR (Système léger sur rail).

Ces voitures électriques sont plus compactes que les trains classiques, et d'une technologie complètement différente du matériel roulant de l'AMT, pour lequel le complexe de Pointe-Saint-Charles a été conçu. Des analyses techniques sont en cours pour évaluer si le Centre peut recevoir des trains SLR.

« Mais on peut déjà dire qu'en ce qui concerne les fonctionnalités, comme la présence d'un lave-train, et la grandeur du site, cela correspondrait aux besoins du REM », a dit vendredi le porte-parole de CDPQ-Infra, Jean-Vincent Lacroix.

Selon le plus récent plan triennal d'immobilisations de l'AMT, plus de 83 millions ont déjà été investis à ce jour dans le développement du Centre d'entretien de Pointe-Saint-Charles, et plus de 100 millions doivent être dépensés, au cours de 2016, pour en avancer la réalisation.

Les structures des bâtiments principaux du complexe sont déjà érigées sur le site. L'AMT estime qu'environ 50 % des travaux de construction sont aujourd'hui exécutés.