Le gouvernement Trudeau jongle avec l'idée de cesser de demander aux réfugiés - tous pays d'origine confondus - de lui rembourser le prêt qu'il leur accorde pour faire le voyage jusqu'au Canada.

Depuis le 4 novembre, Ottawa ramasse la facture des frais de transport des réfugiés syriens sélectionnés au Liban, en Jordanie et en Turquie qui viennent s'installer au pays. Dans ce contexte, plusieurs ont dénoncé un double standard - les autres réfugiés devant rembourser des prêts pouvant grimper jusqu'à 10 000 $, en plus des intérêts.

En comité parlementaire mardi, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, a indiqué qu'il étudiait la question en bonne et due forme. Il a dit se pencher notamment sur les coûts que l'abolition du remboursement des frais de transport entraînerait, puisqu'il s'agirait d'une dépense récurrente pour le gouvernement.

«C'est une question de savoir si nous avons les fonds pour éliminer le programme de remboursement de prêts ou si nous aimerions utiliser ces fonds à d'autres fins, a-t-il noté. Mais il s'agit de quelque chose que nous examinons de façon active.»

Selon un document de son ministère publié en septembre 2015, environ 13 millions $ en prêts sont consentis chaque année pour les frais de transport et les frais médicaux préalables à l'admission au Canada. Le montant du prêt moyen s'élève à 3090 $.

Ottawa a déjà annoncé qu'il allait payer pour les examens médicaux et les vaccins préalables à l'embarquement à compter de l'an prochain, faisant ainsi déjà baisser un peu l'addition pour les réfugiés.

M. McCallum a signalé qu'on pourrait savoir prochainement si des fonds seront disponibles pour l'élimination des prêts, puisqu'on en connaîtra davantage sur les finances du pays au moment du dépôt du budget, le 22 mars.

Pour Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés, cette mesure permettrait d'alléger le fardeau des réfugiés, qui peinent souvent à joindre les deux bouts.

«On nous dit qu'il y a des réfugiés qui n'ont pas assez à manger, qui doivent aller aux banques alimentaires, qui ne mettent pas assez de chauffage en hiver parce qu'ils n'ont pas assez d'argent pour payer le tout», a-t-elle soutenu en entrevue téléphonique. Dans bien des cas, honorer leur dette a un «impact direct sur leur qualité de vie».

Réunification familiale

Au comité, le ministre a par ailleurs ajouté que la priorité numéro 1 de son ministère serait la réduction du temps d'attente pour la réunification familiale des immigrants.

«Je pense que ce n'est pas acceptable pour le Canada de demander aux époux d'attendre en général 24 mois avant la réunification, alors que la période d'attente est de six à huit mois dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Australie», a-t-il illustré.

M. McCallum veut se fixer un objectif du laps de temps à atteindre, mais est conscient que cela nécessitera probablement «deux, trois ans» pour atteindre cette cible.

Il espère par ailleurs que plus d'argent sera disponible pour les cours d'anglais ou de français pour les nouveaux venus. «Parce qu'évidemment, lorsqu'on parle des réfugiés qui ne parlent pas un mot de français ou d'anglais, une priorité, c'est de leur enseigner la langue», a-t-il dit.

Le ministre a aussi signalé que ce n'était plus qu'une question de jours avant que le gouvernement libéral propose, tel que promis en campagne électorale, une série d'amendements à la Loi sur la citoyenneté, en révoquant les mesures mises de l'avant par les conservateurs avec C-24.

Avec les changements mis en place par les conservateurs, Ottawa a désormais le pouvoir de retirer la citoyenneté canadienne à ceux qui sont accusés de terrorisme, d'espionnage ou de haute trahison, s'ils détiennent une double nationalité.