Hydro-Québec a reconnu cet après-midi sa responsabilité dans un déversement de 100 000 litres de diésel survenu aux Îles-de-la-Madeleine en septembre 2014 à la suite d'une fuite d'oléoduc. La société d'État, qui a déjà payé 11,5 millions pour décontaminer les sols dans le secteur, devra donc payer en plus une amende de 375 000 $.

Le plaidoyer de culpabilité et l'imposition de l'amende surviennent alors que le projet de pipeline de Transcanada ne cesse d'alimenter le débat sur la sécurité des oléoducs, tant au Québec qu'à Ottawa.

Dans un exposé conjoint des faits déposé à la cour du Québec dans le district de Gaspé, Hydro-Québec explique ce qui a mené au sinistre.

Depuis 1979, la société opère un oléoduc d'un peu plus de 3 km pour transporter du mazout lourd et du diésel à partir du quai de Cap-aux-Meules jusqu'à la centrale thermique qui alimente la zone en électricité. Chaque année, un test d'étanchéité est réalisé pour s'assurer qu'il n'y a pas de fuites.

 Chute de pression

Les 9 et 10 septembre, le test a été déclenché. L'oléoduc a été rempli, la pression interne a monté...jusqu'à ce qu'elle chute brutalement. Les employés ont cru que, comme par le passé, une diminution de température et l'évacuation d'air étaient en cause. Sans s'inquiéter, ils ont continué d'injecter des dizaines de millier de litres de diésel dans le tuyau.

En fait, une section de l'oléoduc près du port fuyait abondement et déversait les hydrocarbures dans le sol et les eaux avoisinantes. Le bris était situé à la jonction entre la tuyauterie hors-sol et le tuyau souterrain.

Hydro-Québec le reconnaît aujourd'hui, la surveillance n'était pas continue pendant le test. « La vérification et la surveillance des manomètres à la gare des racleurs et au poste de pompage pour identifier toute baisse de pression n'étaient pas en continu », précise l'exposé déposé au tribunal.

Des millions pour décontaminer

Au total, 100 600 litres de diésel ont été déversés dans la nature. Les hydrocarbures qui avaient atteint l'eau de la rade ont vite été confinés et récupérés. Mais des unités de traitement des eaux huileuses ont dû être installées pour décontaminer les sols tout autour. L'opération a déjà coûté 11,5 millions et elle se poursuit à ce jour, affirme la société, qui ajoute que « ce montant exclut les sommes déboursées par Hydro-Québec pour effectuer les travaux de réhabilitation de l'oléoduc ».

Les enquêteurs du ministère de l'Environnement qui ont mené l'enquête ont souligné qu'Hydro-Québec avait bien collaboré depuis leur entrée en scène. Dans le cadre du plaidoyer de culpabilité, le Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui pilotait la poursuite, a accepté de retirer un deuxième constat d'infraction qui reprochait à la société d'État de ne pas avoir averti le ministre dans les délais raisonnables.