La Commission canadienne du lait vient d'autoriser l'importation exceptionnelle de 4000 tonnes de beurre jusqu'au 31 décembre 2015. La raison : à la veille du temps de Fêtes, le pays risque de manquer de beurre.

Il ne devrait pas y avoir de pénurie dans les épiceries, prévient toutefois Chantal Paul, porte-parole de la Commission canadienne du lait, la société d'État qui gère la mise en marché et évalue la soif de lait des Canadiens. Ce beurre est importé pour le secteur de la transformation, dit-elle, donc les fabricants de biscuits, gâteaux et autres produits bien riches.

Environ 2000 tonnes de beurre sont déjà commandées des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande, de l'Irlande, de la Belgique et de l'Uruguay. Il ne se retrouvera pas sur les tablettes des supermarchés, mais sera plutôt directement acheminé aux industriels de l'alimentation.

Plus de beurre sur les rôties

Comment le Canada peut-il manquer de beurre, puisque le secteur laitier est sous gestion de l'offre ? Ce système, comme le rappellent fréquemment les agriculteurs, est un contrat social qui assure aux Canadiens qu'ils ne manqueront jamais de produits laitiers. 

«Depuis le début de 2014, il y a eu une croissance de la consommation de beurre et de crème», indique Chantal Paul, porte-parole de la Commission canadienne du lait.

Les Canadiens boivent moins de lait, mais recommencent à mettre du beurre sur leurs rôties et de la crème dans leurs sauces et cafés. Conséquemment, les agriculteurs canadiens ont eu une augmentation de leurs droits de produire.

«Le quota total national a augmenté de 4,8 % entre janvier 2014 et décembre 2015», précise Chantal Paul. L'équilibre entre la demande et la production a été atteint à l'été 2015, explique-t-elle, mais le stock de beurre est à son plus bas. 

Durant les Fêtes, la consommation de beurre augmente, la Commission a donc obtenu cette permission spéciale d'Ottawa pour importer du beurre afin d'éviter une pénurie. 

Un autre facteur a probablement causé la fonte du stock de beurre: les industriels canadiens peuvent importer des produits laitiers en vertu de certains programmes fédéraux, à l'extérieur des importations mesurées par la Commission. L'application de ces programmes aurait connu des ratés cette année, menant à la situation actuelle.

Producteurs malheureux

Les producteurs de lait ne sont pas heureux de cette situation, eux qui ont connu une année difficile marquée par une diminution des prix du lait payés à la ferme. «L'importation de beurre ne fait plaisir à personne», dit François Dumontier, conseiller aux relations publiques et gouvernementales pour Les Producteurs de lait du Québec. «En 40 ans de gestion de l'offre, ce n'est pas arrivé souvent, mais des éléments ont faussé l'évaluation en beurre et en crème de la Commission canadienne.» M. Dumontier précise qu'il faudra reconstruire les stocks de beurre afin d'éviter de se retrouver devant une situation semblable.

Importations

Chaque année, selon ses accords commerciaux, le Canada importe 3274 tonnes de beurre, principalement de la Nouvelle-Zélande. Il faudra calculer au moins 2000 tonnes supplémentaires cette année.