Quelque 115 000 syndiqués de l'État québécois des régions de Montréal et Laval ont clôturé leur première semaine de grèves tournantes, jeudi, en réclamant du gouvernement Couillard des négociations sérieuses et une bonification des offres présentées jusqu'ici qu'ils qualifient «d'indécentes».

«On veut que (le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux) bonifie les offres qu'il a faites», a déclaré en point de presse le président de la FTQ, Daniel Boyer, qui a dénoncé l'immobilisme de la partie patronale.

«Il n'y a eu aucun mouvement concernant la proposition salariale et la proposition sur les retraites depuis maintenant 10 mois», a-t-il ajouté.

Le mécontentement des syndiqués a été amplifié avec l'annonce d'un investissement de 1,3 milliard $ afin de soutenir le maintien du programme d'avions CSeries, de Bombardier aéronautique.

Bien qu'aucun des leaders syndicaux n'ait voulu critiquer le geste du gouvernement - les employés de Bombardier aéronautiques étant également leurs membres - ils ont néanmoins reproché au gouvernement Couillard de tenir un double discours.

«Si ça relance l'emploi, si ça relance l'économie, bravo. Mais là, soudainement, le gouvernement trouve de l'argent dans sa poche de gauche; il doit en avoir dans sa poche de droite pour les employés de l'État, pour ses employés, qui donnent des services importants à la population», a fait valoir le président de la FTQ.

Sur le terrain, pendant ce temps, les élèves des sept commissions scolaires anglophones et francophones de Laval et Montréal ont ainsi été privés de cours.

En plus des écoles primaires et secondaires, des cégeps étaient touchés et le fonctionnement d'une multitude d'organismes gouvernementaux, dont des centres de santé et de services sociaux, a été perturbé.

Mardi, le premier ministre Philippe Couillard a répété qu'il souhaitait voir les parties trouver un terrain d'entente en négociant. Il a invité les syndiqués à examiner les ententes qui ont récemment été signées en Ontario qui contiennent des paramètres qui, à son avis, ressemblent à ceux qu'offre son gouvernement.

Le front commun intersyndical, qui représente quelque 400 000 employés de l'État, réclame des augmentations salariales de 4,5 pour cent par année pendant trois ans. Le gouvernement offre deux années de gel salarial suivies d'augmentations d'un pour cent par année pendant trois ans.

Il veut aussi faire passer de 60 à 62 ans l'âge auquel il sera possible de prendre sa retraite sans pénalité.

«Les travailleurs sur le terrain sont très mobilisés, très déterminés à se battre contre la proposition de M. Coiteux, qui est une proposition qui nous amène à nous appauvrir», a pour sa part déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau, qui se dit convaincu que les employés de l'État ont l'appui de la population.

«Les gens défilent sur la rue, klaxonnent, appuient de façon systématique les travailleuses et travailleurs», a-t-il ajouté.

Bien que cette ronde de grèves tournantes soit terminée, les moyens de pression ne font qu'une pause, puisqu'une deuxième ronde similaire s'amorcera le 9 novembre et qu'une troisième est aussi prévue par la suite.

«Oui, il y a une deuxième ronde et une troisième ronde de grèves tournantes, mais on ne veut pas faire la grève, a soutenu Daniel Boyer. On veut négocier des conditions de travail.»