La bataille que les Forces armées canadiennes ont l'intention de livrer contre l'inconduite sexuelle dans leurs rangs pourrait se résumer ainsi: faire du neuf avec du vieux.

Le chef d'état-major de la Défense a officiellement signé, lundi, l'ordre d'opération visant à éradiquer les comportements sexuels inadéquats au sein de l'armée. Mais pour bien comprendre la difficile lutte qui attend le général Jonathan Vance, il suffit de remonter à 1999.

«Pour attirer et retenir des employés hautement qualifiés, il faut que ces derniers sachent qu'ils seront traités de manière juste, avec dignité et respect tout au long de leur carrière», avait écrit à l'époque le général maintenant retraité Maurice Baril qui, comme M. Vance aujourd'hui, avait présenté ses attentes en matière d'égalité des sexes alors que les femmes commençaient à occuper des postes de combat.

M. Baril avait affirmé que les femmes avaient droit à un milieu de travail sans harcèlement et à des pratiques d'emploi équitables.

Il y a 15 ans, Maurice Baril avait demandé aux soldats de se respecter les uns et les autres. Maintenant, Jonathan Vance leur ordonne de le faire sous peine de subir des conséquences.

Au printemps dernier, un rapport cinglant de l'ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps avait révélé que l'inconduite sexuelle était «endémique» au sein des Forces armées canadiennes, dont les dirigeants toléraient la culture machiste et où les femmes craignent de signaler le harcèlement et même les agressions dont elles étaient victimes.

Le nouvel ordre du général Vance interdit non seulement les infractions évidentes, mais s'en prend aussi aux comportements «perpétuant les stéréotypes et les préjugés qui déprécient des militaires en raison de leur sexe, de leur sexualité ou de leur orientation sexuelle».

Le langage et les blagues inacceptables ou de nature sexuelle, la distribution de photos osées et les avances inopportunes figurent parmi les gestes prohibés.

L'ordre exige aussi des commandants qu'ils agissent rapidement lorsqu'une plainte leur est soumise et les prévient qu'ils seront tenus responsables de toute situation permettant à la culture actuelle de perdurer.

Ces directives claires ne font pas que décrire les attentes du chef de l'état-major de la Défense sur le plan des comportements. Elles établissent également un échéancier pour atteindre les objectifs, incluant une rencontre entre les hauts dirigeants militaires de partout à travers le pays prévue cette semaine et durant laquelle Jonathan Vance devrait présenter les grandes lignes de sa loi.