La règle de transparence que s'est imposée le Commissaire au lobbyisme lorsqu'il mène une vérification ou une enquête soulève la grogne de l'Association québécoise des lobbyistes (AQL).

L'AQL craint qu'en confirmant ou en infirmant aux médias qu'une vérification ou une enquête est en cours, cela n'«encourage les conclusions hâtives» et ne nuise à l'un de ses membres. «Nous demandons donc qu'une orientation soit prise pour qu'aucun commentaire public, confirmation ou infirmation ne soit formulé à propos d'un dossier de vérification ou d'inspection du Commissaire au lobbyisme, à moins que ce dernier ne dispose de motifs raisonnables de croire qu'il y a eu manquement à la loi», indique Mathieu Santerre, président de l'AQL, dans une note envoyée au Commissaire au lobbyisme.

Ce dernier a publié sur son site, il y a quelques jours, une réplique visant à rétablir les faits. Selon le Commissaire, aucun commentaire n'est formulé lorsqu'un média le sollicite. «Il se limite à confirmer si une opération de vérification ou d'enquête est en cours», indique-t-il en invoquant le droit du public à l'information.

Le Commissaire au lobbyisme rappelle également que sa politique de communication est semblable à celle du commissaire à l'éthique et à la déontologie.

Danger pour les réputations

Mais l'AQL n'en démord pas: la position du Commissaire risque de salir des réputations. À cet égard, l'AQL partage le mécontentement exprimé par des politiciens au cours des derniers mois. Par exemple, le maire de Québec, Régis Labeaume, n'a pas apprécié que le Commissaire enclenche une vérification concernant le projet immobilier Le Phare parce que le promoteur, Groupe Dallaire, n'était pas inscrit au Registre des lobbyistes. «Je le mets en garde», avait même lancé le maire Labeaume, en février dernier, insistant sur le fait qu'en le disant publiquement, le Commissaire laissait planer un doute sur l'intégrité des personnes impliquées dans le dossier.

Au cours des dernières années, un des problèmes régulièrement soulevés par le Commissaire est le manque de collaboration des corps publics. Lorsque des activités d'influence sont faites auprès de responsables de charges publiques, qu'ils soient élus ou fonctionnaires, il est rare que des vérifications soient faites pour s'assurer que le lobbyiste est bel et bien inscrit.

Une situation semblable s'est présentée à l'hôtel de ville de Montréal lorsque le maire Denis Coderre, en dépit des avertissements du Commissaire, a eu des rencontres avec l'industriel français Bolloré pour l'éventuelle implantation d'un système de voitures en libre-service à Montréal. Le Commissaire au lobbyisme avait lancé une vérification, ainsi qu'il l'avait confirmé à La Presse, il y a deux mois.