Qu'arriverait-il si des terroristes prenaient d'assaut le centre commercial West Edmonton Mall, en Alberta, pour y tuer une soixantaine de personnes et en blesser des centaines d'autres, comme c'est arrivé au Westgate Mall de Nairobi en septembre 2013?

Un scénario de ce type a été évoqué hier dans une vidéo qui aurait été produite et mise en ligne par al-Shabaab, un groupe terroriste islamiste lié à Al-Qaïda.

À l'écran, un homme s'exprime dans un anglais impeccable. Il porte un manteau de camouflage et son visage est caché par un keffieh. Pendant 76 minutes, il vante l'attaque d'al-Shabaab à Nairobi; il montre les enfants en pleurs, les hommes aux jambes arrachées et les traces de balles au terme du siège de quatre jours dans le Westgate Mall.

À la toute fin, il avance une possibilité qui a fait réagir les autorités canadiennes, américaines et anglaises, hier.

«Si une poignée de moudjahid ont pu paralyser le Kenya pendant près d'une semaine, alors imaginez ce qu'un moudjahid dévoué pourrait faire des centres commerciaux américains et juifs de la planète. Et si une attaque du genre arrivait dans le Mall of America, au Minnesota? Ou dans le West Edmonton Mall, au Canada? Ou dans la rue Oxford, à Londres?», demande-t-il.

Il poursuit en évoquant des attaques semblables dans des centres commerciaux Westfield du Royaume-Uni ainsi qu'au centre Quatre Temps et au Forum les Halles, en France.

Les cibles ne semblent pas avoir été choisies au hasard, bien que l'orateur n'explique pas la raison qui le motive à les viser. 

Le Mall of America et le West Edmonton Mall appartiennent à la famille Ghermezian, d'origine juive iranienne. Les centres Westfield ont été fondés par deux hommes juifs qui ont quitté l'Europe de la Seconde Guerre mondiale pour s'installer en Australie.

Des réactions au pays et ailleurs

La vidéo n'a pas encore été authentifiée, mais elle a tout de même poussé la Gendarmerie royale du Canada à ouvrir une enquête afin d'examiner «de manière active» le contenu de la vidéo et son authenticité. 

«Pour l'instant, il n'y a pas de preuve liée à cette vidéo qui démontre une menace immédiate pour la population canadienne», a-t-elle déclaré dans un communiqué, dans lequel elle assure qu'elle prend «très au sérieux» toute menace contre la sécurité du Canada.

À Ottawa, le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a condamné la vidéo et le message qu'elle envoie. «Le Canada ne se laissera pas intimider par des menaces d'une organisation terroriste, quelle qu'elle soit, et c'est pourquoi nous appuyons nos alliés de la coalition internationale dans la lutte contre l'EI [groupe armé État islamique]», a-t-il affirmé.

Le ministre de la Sécurité intérieure des États-Unis, Jeh Johnson, a pour sa part lancé un appel à la vigilance. «Ces groupes se fient de plus en plus à des acteurs indépendants afin qu'ils s'inspirent de la cause, qu'ils y soient attirés et qu'ils choisissent de mener des attaques eux-mêmes», a-t-il déclaré au réseau CNN.

«Pas une menace imminente»

La police d'Edmonton a quant à elle assuré qu'elle «portait attention» à la vidéo. 

«Pour l'instant, nous avons déterminé qu'elle ne représente pas une menace imminente pour le Canada ou ses citoyens», a déclaré le directeur adjoint du service, Brian Simpson, qui a ajouté que les autorités policières travaillaient de pair avec les centres commerciaux du pays.

Une information qu'a pu confirmer Ivanhoé Cambridge, propriétaire de 25 centres commerciaux au Canada, dont neuf au Québec.  

«Nous n'avons pas d'informations des autorités policières nous indiquant qu'il y aurait présentement une menace terroriste directe organisée envers nos propriétés», a assuré le porte-parole Sébastien Théberge. 

«Nos équipes collaborent régulièrement avec les autorités policières et les agences associées dans l'analyse des risques associés à une variété de menaces et de circonstances.»