Alors que le pastagate a valu mille moqueries au Québec et amené le gouvernement Marois à se justifier sur toutes les tribunes, la ville de Menton, en France, s'assume totalement. Basta la langue italienne sur les menus et sur les façades partout!

C'est un lecteur de La Presse en France qui nous a gentiment envoyé un article du Nice Matin qui relate l'affaire. Le holà a en fait été lancé l'an dernier. Menton est peut-être la dernière ville avant la frontière italienne, peut-on lire dans l'article, «mais nous sommes en France, et en France, un restaurant, ce n'est pas un "ristorante", un hôtel, pas un "albergo" et un café n'est pas un "caffè"», pestait alors le maire, Jean-Claude Guibal.

Coup de fil à la Ville de Menton. Ainsi, à Menton, on ne goûte pas l'exotisme italien? Depuis la recrudescence d'affiches en italien et le mini ras-le-bol de l'an dernier, les commerçants ont un peu reculé et le ton a baissé à la Ville. N'empêche, «on continue de suivre la situation de près», note-t-on au service des communications.

L'italien est toléré à Menton, mais à l'intérieur de certaines limites qui ne sont pas sans rappeler les normes québécoises. Ainsi, là-bas aussi, quand le nom du commerce est dans une autre langue, Menton exige un descriptif en français.

«Si j'allais en Italie et que je ne voyais que des menus en français, je trouverais cela un peu dommage, dit l'employée aux communications. En fait, ce que l'on voit le plus souvent, des deux côtés de la frontière, ce sont des menus bilingues.»

La Ville de Menton, où les arrangements linguistiques avec les commerçants se font jusqu'ici de façon très «amicale», a aussi vu fleurir un peu partout des affiches «vende» sur les immeubles à vendre. «Ce n'est pourtant pas plus compliqué de l'écrire en français, dit la fonctionnaire. Disons qu'à un moment donné, c'est devenu un sujet un peu sensible...»

Pendant ce temps, au Québec, la poussière est un peu retombée sur le pastagate dont l'origine réelle a été précisée par Le Devoir, début mars. La plainte initiale portait en fait non pas sur l'italien du menu du restaurant Buenanotte, mais sur le fait que le plaignant s'est vu remettre un menu aux plats italiens décrits seulement en anglais. L'inspecteur de l'Office québécois de la langue française, lui, s'est vu remettre un menu franco-italien et a détourné la nature initiale de la plainte.