Le sieur des Razades est fâché noir !

Figurez-vous que VLB réclame la citoyenneté éthiopienne.

Il en a fait la demande auprès de Mme Almaz Amaha Tesfay, ministre-conseiller de l'Ambassade de la République fédérale et démocratique d'Éthiopie à Ottawa.

Remarquez, il faut prendre ça avec un grain de sel. L'an dernier, il avait annoncé son départ de Trois-Pistoles. Il était en chicane avec les habitants. Je ne sais plus trop pourquoi. Mais, à ce que je sache, il y vit toujours.

Alors, de là à ce qu'il aille bouder à Addis-Abeba...

Pourquoi est-il marabout ? Parce que les médias d'ici n'ont parlé ni dans les grandes largeurs ni dans les grandes profondeurs de son sublissime Bibi.

Il s'en plaint dans un communiqué :

«VLB croit qu'être accepté dans la grande famille éthiopienne lui permettrait de ne plus être considéré comme un citoyen de deuxième classe dans son pays en devenir. Comme tous les immigrants qui habitent au Québec et oeuvrent dans la culture, VLB pourrait enfin être considéré comme leur égal et jouir, notamment dans la presse écrite et parlée, d'un préjugé favorable et d'avantages sociaux que lui interdit sa qualité dite de Québécois de souche. Ainsi, pourrait-il n'écrire que des bluettes et faire la une de tous les médias pour y être encensé et catiné, pour ne pas dire porté aux nues dans de longues critiques dithyrambiques, ce qui n'est plus que rarement le cas quand vous n'êtes qu'un Québécois de souche comme le démontre l'accueil fait à Bibi qui n'a été l'objet d'aucune critique dans nos grands médias.»

Savez-vous quoi ? Je soupçonne le barbu d'être jaloux.

Jaloux de l'accueil que les beaux parleurs et les scribouilleurs ont réservé à L'énigme du retour de Dany Laferrière. Accueil tout à fait exagéré, à mon avis.

VLB a bénéficié d'un obligeant article dans Le Soleil du 30 août. Article dans lequel il se pétait les bretelles sans retenue en évoquant Bibi.

Extrait de cette entrevue accordée à Marc Larouche :

«Je touche ce que l'on appelle l'Afrique noire équatoriale, du Gabon jusqu'à l'Éthiopie. Je voulais dénoncer la situation désolante et terrifiante qui y prévaut encore. C'est le continent le plus exploité par le grand capitalisme. Les anciens empires colonialistes, que ce soit la France ou l'Angleterre, y sont toujours, mais de façon insidieuse et sournoise.

«L'Afrique est une vache à lait pour le monde, alors que ses propres habitants n'ont même pas de lait pour se nourrir. En 10 ans, les investissements chinois sont passés de 5 à 50 milliards $. Ils construisent des infrastructures en échange de ressources naturelles africaines : bois, métaux, etc. Il y a 50 ans, 95 % de la superficie du Kenya était boisée. Il n'en reste que 7 %. Comme Québécois, il faut savoir ces choses-là. C'est quand même tout un continent qui est menacé. On vide ce pays de l'intérieur en laissant les populations dans l'état où elles sont, c'est à dire de plus en plus pauvres.

«J'espère contribuer à créer une solidarité autre que bêtement politique. Je trouve que c'est ce dont les Africains ont besoin : savoir que des gens qui vivent ailleurs se préoccupent d'eux.

«C'est un de mes bons livres. Oui, de grands passages sont autobiographiques, mais comme je le dis, une autobiographie, c'est le choix que l'on fait de ses menteries. Mais il y a plus de tendresse ordinaire que dans mes autres écrits. Je ne sais pas pourquoi. J'ai essayé de faire un livre honnête et de livrer la vision que j'ai de moi-même au présent et au passé.»

De tels propos donnent-ils envie de lire Bibi ?

J'en doute.

Au moment où cette entrevue était publiée, je me tapais la lecture dudit Bibi.

Quelques jours plus tard, j'écrivais dans une chronique que c'était un livre difficile à apprivoiser à cause du style, de l'absence de ponctuation, d'anecdotes souvent scabreuses.

Et je précisais que Bibi n'était pas, et de loin, le meilleur livre de VLB.

Pourquoi VLB claironne-t-il urbi et orbi qu'il a demandé la citoyenneté ethiopienne ? Pour faire parler de lui ! Ceux qui s'expriment à la moderne diraient qu'il a cherché à faire un «buzz».

Qu'il aille donc y vivre, en Ethiopie. Et qu'il nous foute la paix avec ses bouffonneries et son ego démesuré.

À ce que je sache, VLB n'a pas été l'auteur le plus maltraité au Québec. Bien au contraire.

Hélène Garant nous suggère de lire Voyage au-delà de mon cerveau du Dr Jill Bolte Taylor (JC Lattès) :

«Victime d'un accident vasculaire cérébral , une neuro-anatomiste raconte ses incroyables découvertes. Si vous avez la nature curieuse, exploratrice, spirituelle, aventurière et brave, ce voyage devient presque une destination invitante si jamais elle vous est disgracieusement offerte par mère Nature.... En tout cas, elle fait beaucoup moins peur.»

VOUS AIMEREZ LIRE

La Traversée des sentiments

Voici la suite et la fin de La Diaspora des Desrosiers, une touchante trilogie dans laquelle Michel Tremblay relate un peu l'histoire de sa propre famille. Une histoire dans laquelle il y a des sentiments, de l'émotion, de la tendresse, une certaine bonhomie. Nous sommes à Montréal en août 1915. Nous y retrouvons Maria. Elle travaille comme serveuse au Paradise, en face du Monument national, et s'apprête à aller décompresser quelques jours dans un chalet à Duhamel, dans la Gatineau, avec ses soeurs Teena et Tititte. Nana, l'une de ses trois filles qu'elle a fait venir de Saskatchewan, fait des pieds et des mains pour que Maria les emmène, elle et son petit frère Théo.

Sointula

Sointula, un village niché sur l'île Malcolm en Colombie-Britannique. Là, un bénévole observe les baleines pour le compte du Dr Catherine McLeod. Il s'appelle Tommy. Une femme le recherche. Cette femme, Evelyn, c'est sa mère. Elle vit à Oakville, Ontario, où elle est mariée au maire. Un jour, elle reçoit un appel du Royal Jubilee Hospital de Victoria. On lui dit que son ami Claude est sur le point de mourir et qu'il la réclame. Elle laisse tout tomber et traverse le pays pour aller au chevet de son vieil amant. Perturbée par la mort de cet homme, un Québécois qu'elle a connu quand elle avait 16 ans, elle décide de se mettre à la recherche de Tommy, son fils rebelle... Un livre intense écrit par l'un des meilleurs jeunes romanciers du Canada anglais.

L'ammonite

Voici un livre triste et mélancolique. Fait de souvenirs et de rêveries. Le propos d'un écrivain qui évoque un autre temps, une autre époque, ailleurs. La soixantaine et sans ambition aucune, Arnaud est correcteur d'épreuve chez un éditeur de livres scientifiques dans une ville de province. Un jour, chez un brocanteur, il achète une boîte remplie de figurines. Les unes en bois, les autres en argile. Le soir, il s'installe à sa table et les sort de leur coffret. Petit à petit, il ébauche des portraits, des événements, des histoires. Ce que raconte l'auteur, c'est l'histoire des siens, c'est l'histoire de son pays, c'est l'histoire de sa jeunesse.

La délicatesse

Un roman léger et délicieux pour parler de choses graves et profondes. Quelles choses ? Comment faire son deuil d'un être aimé et refaire sa vie. Et, peut-être, retomber en amour... Tout ça dit avec tact et humour. Nathalie, 20 ans, étudiante en sciences économiques, est abordée dans la rue par François, 26 ans, jeune loup de la finance et romantique à ses heures. Du genre à croire que le monde des femmes peut se réduire à une femme. S'ensuivent cinq ans de parfait bonheur. Puis un accident. Où François perd la vie. Nathalie renaîtra, mais cela prendra de longues années. Au cours desquelles elle repoussera les importuns. Comme son patron. Qui est l'heureux élu de son coeur ? Markus, un Suédois grisâtre et maladroit. L'auteur en profite pour beaucoup se moquer de la Suède et des Suédois.

Pour joindre notre chroniqueur : dfessou@lesoleil.com

MICHEL TREMBLAY. La Traversée des sentiments, LEMÉAC, 254 PAGES

BILL GASTON. Sointula, PLEINE LUNE, 504 PAGES

ROLAND BOURNEUF. L'ammonite, L'INSTANT MÊME, 234 PAGES

DAVID FOENKINOS. La délicatesse, GALLIMARD, 208 PAGES