Si l'histoire de Cédrika a éveillé les consciences, il reste beaucoup à faire pour changer les méthodes policières dans les cas de disparitions, estime Pierre-Hugues Boisvenu, de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues. Mince victoire, les parents de Marilyn Bergeron, disparue depuis février, ont obtenu hier une révision du dossier de leur fille par la police de Québec.

Selon M. Boisvenu, les policiers ont mal évalué la disparition de Marilyn, âgée de 24 ans, alors que certains détails étaient troublants - la jeune femme paraissait tourmentée et avait affirmé à sa famille «avoir peur».

«C'est la police de Québec qui a décidé que c'était une fugue et non un enlèvement ou une disparition suspecte, déplore M. Boisvenu. Il faut que, dans tous les cas de disparitions, les policiers soient actifs dès le départ.»

Après six mois sans nouvelles, Andrée Béchard et Michel Bergeron sont toujours persuadés que la disparition de leur fille n'était pas intentionnelle. «À 24 ans, on ne fugue pas», soutient Mme Béchard.

Hier, la famille a reproché aux policiers la lenteur du processus et le manque de communication avec les familles. «C'est important pour nous d'avoir un suivi, de sentir qu'on s'occupe toujours de l'enquête, même si c'est l'impasse», explique la mère de Marilyn.

En mai dernier, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a répondu en partie à l'appel de l'AFPAD, en exhortant les enquêteurs, dans les cas de disparitions, à agir plus rapidement. Les corps de policiers sont maintenant tenus de se coordonner et d'aviser la Sûreté du Québec dès qu'un cas d'enlèvement est déclaré.

«Centraliser les dossiers»

Mais pour Pierre-Hugues Boisvenu, il faut aller plus loin qu'une simple collaboration. «Il faut centraliser tous les dossiers de disparitions à la Sûreté du Québec pour avoir un état de situation clair, estime le père de Julie Boisvenu, assassinée en 2002. Actuellement, il y a des corps policiers qui diffusent les photos des personnes disparues sur leur site internet, d'autres non (environ 50%). Il faut les obliger à le faire, pour que la population puisse collaborer.»

Selon lui, ces quelques changements ne prendraient qu'un peu de volonté, et pourraient faire une différence pour les familles touchées par la disparition d'un proche.

Mais M. Boisvenu constate toutefois des progrès dans les derniers mois. Le cas de Cédrika Provencher, largement médiatisé depuis un an, a conscientisé selon lui la population autant que les corps policiers. Il note trois événements récents où le travail coordonné des policiers et de la population a porté ses fruits: l'enlèvement d'un garçon de 8 ans à Québec et l'arrestation rapide des suspects dans les meurtres de Nancy Michaud et Mélissa Beaudin. «On le voit, l'intervention policière rapide, c'est la clé pour résoudre les problèmes rapidement», conclut-il.

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Quelques disparitions non résolues

Julie Surprenant

Disparue le 16 novembre 1999, à 16 ans. Jamais retrouvée.

Principal suspect: Richard Bouillon, mort le 21 juin 2006 en prison. Il avait été condamné pour viol, agressions sexuelles et trafic de drogues en 2003. Il était le voisin de la famille Surprenant à Terrebonne.

Jolène Riendeau

Disparue le 12 avril 1999, à 10 ans.

En 2005, un détenu aurait raconté à un autre avoir tué la fillette, puis avoir jeté son corps dans le canal de Lachine. Après cinq jours de recherches dans le canal, et sans aucun indice, les policiers abandonnent cette piste.

Marilyn Bergeron
Disparue le 17 février 2008 à l'âge de 24 ans.

Vue pour la dernière fois à Saint-Romuald, cinq heures après son départ à pied de chez ses parents, à Loretteville. Elle avait affirmé à sa famille avoir peur. Les policiers ont mis un mois avant d'explorer la piste de l'enlèvement, considérant qu'il s'agissait probablement d'une fugue.

Cédrika Provencher

Disparue le 31 juillet 2007. Sans nouvelles depuis. La thèse de l'enlèvement est évoquée pour la première fois le 3 août 2007.

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Trois cas résolus rapidement

Voici trois cas de meurtres ou d'enlèvements résolus rapidement:

Nancy Michaud

Enlevée à son domicile de Rivière-Ouelle, dans la nuit du 15 au 16 mai. Son corps sans vie était découvert le 18 mai dans le sous-sol d'une maison inhabitée. Le même jour, un suspect était arrêté, qui a par la suite été inculpé. Les enquêteurs ont très rapidement conclu qu'il s'agissait d'un enlèvement criminel.

Enlèvement à Lévis

Le 15 juillet, un enfant de 8 ans est enlevé en plein jour à Lévis. Des témoins de la scène alertent la police et la réaction très rapide des différentes autorités (police de Lévis, de Québec et SQ) permet l'arrestation du suspect une demi-heure plus tard, à Québec, alors qu'il était en train d'enfermer le gamin, ligoté, dans un réservoir d'huile.

Mélissa Beaudin

Au milieu de la semaine dernière, la disparition de Mélissa Beaudin sème l'émoi à Yamaska. Le corps de la jeune fille est retrouvé environ 12 heures après qu'elle eut été portée disparue. Le suspect avait été arrêté le matin même.