En prévision de la rentrée de ce matin, les enseignants des écoles de Montréal-Nord ont reçu la consigne de ne pas aborder les sujets de la mort de Fredy Villanueva et de l'émeute qui s'en est suivie avec leurs élèves.

«La consigne est de ne pas introduire d'office le sujet. C'est ce que nos professionnels en intervention nous ont conseillé. Si les élèves en parlent, notre personnel est aussi préparé», explique la porte-parole de la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, Christiane St-Onge.

Le syndicat de l'enseignement de la Pointe-de-l'Île est en accord avec cette consigne. «Les directions d'école ont demandé aux enseignants de ne pas nier les récents événements, mais d'éviter d'embarquer dans des échanges où l'enseignant aurait l'air de prendre position. L'idée est de ne pas envenimer la crise», indique le président du syndicat, Luc Ferland. Ce syndicat représente notamment les enseignants des écoles primaires et secondaires de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies.

Les enseignants qui travaillent dans Montréal-Nord prévoient une rentrée comme les autres, selon M. Ferland. «Depuis le temps qu'il y a des problèmes de gangs de rue et de criminalité dans ce quartier, nos enseignants savent à quoi s'attendre. Ce n'est pas le premier événement violent qui y survient», ajoute le président du syndicat.

Le jeune Fredy Villanueva, tué lors d'une intervention policière le 9 août dans un parc de Montréal-Nord, a fréquenté l'école secondaire Henri-Bourassa située dans ce même quartier. Quand sa famille a déménagé à Repentigny, il aurait changé d'école, selon son ami de longue date, Denis Meas. «Fredy a fait son secondaire 1 et 2 à Henri-Bourassa», a-t-il dit à La Presse. Ce jeune homme a aussi été blessé par balle lors de la même intervention policière.

La porte-parole de la commission scolaire n'a pas été en mesure, hier, de mettre en contact La Presse avec les directions d'école de Montréal-Nord. Ces dernières n'ont pas la permission de parler aux journalistes sans l'accord de la porte-parole de la commission scolaire. «Comme chaque année, on travaille à une rentrée scolaire harmonieuse. Des mesures de sécurité et de support aux directions d'école ont été prises, mais il n'y a pas de changements par rapport aux années précédentes», affirme Mme St-Onge. Les enseignants de Montréal-Nord n'ont pas exprimé de besoin particulier, assure-t-elle.

Les policiers du poste de quartier 39 dans Montréal-Nord et la commission scolaire ont planifié la rentrée ensemble. «Il n'y a pas de mesures particulières qui seront prises. Les postes de quartier ont ce genre de discussions chaque année avec les commissions scolaires pour s'assurer que la rentrée se fasse de manière sécuritaire», explique l'agente d'information au Service de police de la Ville de Montréal, Marie-Élaine Ladouceur.