Les avocats du fils aîné de la famille Khadr doivent tenter mercredi de convaincre le juge chargé de l'affaire de libérer leur client sous une caution de 300 000 $ et de lui permettre de travailler dans une mosquée à Toronto.

Abdullah Khadr, né à Ottawa, fait face à une menace d'extradition aux États-Unis, les autorités américaines souhaitant le traduire en justice sous des accusations de terrorisme. Ils l'accusent d'avoir acheté des armes pour le réseau Al-Qaeda et d'avoir comploté pour tuer des Américains en Afghanistan.

Abdullah Khadr, détenu au Canada depuis son arrestation il y a plus de deux ans et demi, s'est vu refuser une libération sous caution au cours d'une première audience en décembre 2005. Le juge avait soutenu que les arguments en faveur de son extradition étaient solides.

Ses avocats ont dit avoir espoir de faire changer d'avis le juge, mercredi.

Selon la proposition de remise en liberté sous caution, Khadr pourrait occuper un emploi de bureau à la mosquée de Salaheddin, dans l'est de Toronto.

Les avocats de Khadr proposent également que leur client réside avec ses grands-parents maternels à Toronto et qu'il porte un bracelet électronique permettant de le suivre à tout moment.

«Il est maintenant clair que nous avons, en fait, une défense très solide contre son extradition», a confié l'un de ses avocats, Nate Whitling.

Toutefois, les avocats de la Couronne ont soutenu que cette mosquée était sûrement liée à des activités terroristes étant donné que le père d'Abdullah Khadr, qui entretenait des liens avec le leader d'Al-Qaeda Oussama ben Laden, y avait déjà établi les bureaux de son organisme de charité.

Ahmed Said Khadr a été tué en octobre 2003 par les forces pakistanaises.

La Couronne a également fait valoir que le cofondateur de la mosquée en 1995, Hassan Farhat, était lié à Al-Qaeda, et que certains membres de la cellule terroriste présumée connue sous le nom de «Toronto 18» avaient visité le centre islamique.

Les avocats de Khadr ont rétorqué que M. Farhat a quitté la mosquée il y a près de 12 ans, est parti du Canada en 2001, et que la mosquée de Salaheddin n'a pas été utilisée par les membres de la cellule «Toronto 18».

«Ils tentent de ternir la réputation d'une institution islamique avec des accusations sans fondement», a argué Me Whitling.

Les grands-parents d'Abdullah Khadr ont hypothéqué leur maison pour 250 000 $, tandis que la mosquée et la communauté musulmane de Toronto ont recueilli un montant de 50 000 $.

Abdullah Khadr, âgé de 27 ans, a été arrêté au Pakistan après que les États-Unis aient offert 500 000 $ pour sa capture. Les services de renseignement américains souhaitaient l'interroger sur les faits et gestes de son père.

Au cours de ses 14 mois de détention au Pakistan sous aucun chef d'accusation, Abdullah Khadr a soutenu avoir été torturé. «Tout ce que la Couronne détient est le fruit de ces interrogatoires», a affirmé Me Whitling.

Abdullah Khadr est le frère aîné d'Omar Khadr, qui doit subir un procès devant un tribunal militaire en octobre à la prison américaine de Guantanamo, à Cuba.

Omar Khadr est accusé d'avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain en juillet 2002, alors qu'il n'avait que 15 ans, en Afghanistan. Il est passible de l'emprisonnement à vie. Son cas a attiré l'attention le mois dernier quand ses défenseurs ont rendu publique une vidéo montrant le détenu interrogé par des représentants canadiens à la prison américaine en 2003.