Les deux ont empêché les Chinois de réaliser le doublé dans leurs épreuves respectives. Surtout, les deux ont surmonté les obstacles qui les séparaient d'une médaille olympique en faisant preuve de détermination et de persévérance. Si bien qu'aujourd'hui, les médailles d'argent remportées aux Jeux de Pékin par Alexandre Despatie et Émilie Heymans ont des saveurs de victoire.

Quand La Presse a demandé à Alexandre Despatie comment il pouvait comparer la médaille d'argent remportée cette semaine aux Jeux olympiques de Pékin à toutes les autres médailles qu'il a pu décrocher dans sa carrière, le plongeur de 23 ans a pris quelques secondes avant de répondre.

«J'ai la chance d'avoir gagné quelques grosses médailles dans ma carrière, a-t-il dit. Chacune a ses difficultés, mais celle-là fait partie de ces grosses médailles.»

Chaque médaille a ses difficultés, dit-il. Ce qui est vrai pour Alexandre Despatie l'est tout autant pour Émilie Heymans, qui a imité son compatriote en remportant l'argent, mais à la plateforme de 10 mètres (Despatie concourait au tremplin de 3 mètres).

Pour les deux plongeurs québécois, ces médailles argentées apportent un baume salutaire à la suite de moments difficiles.

En reconnaissance de la détermination et des efforts qui ont mené les deux athlètes jusqu'au podium olympique, La Presse et Radio-Canada nomment Alexandre Despatie et Émilie Heymans Personnalités de la semaine.

Alexandre Despatie

L'histoire est désormais bien connue. Au mois d'avril, Alexandre Despatie subit un fracture au pied qui met en péril sa préparation olympique. Il sera prêt à temps pour les Jeux, mais dans quel état?

Ce n'est pas la première fois que Despatie doit approcher une compétition peu de temps après la guérison d'une blessure. Après une fin de saison 2006 assombrie par des maux de cou et de dos, Despatie obtient l'argent au 3 mètres et au 3 mètres synchro avec son ami Arturo Miranda au Championnat du monde en mars 2007.

Despatie s'est donc efforcé de nous refaire le coup cette semaine. Après une phase préliminaire préoccupante, Despatie revient en force en demi-finale, puis il réussit une finale sans reproche. «J'ai toujours été un combattant», a-t-il dit.

Seul le Chinois He Chong s'est approché davantage de la perfection que le Québécois. Mais Despatie n'en était nullement amer. «La couleur de ma médaille ne me dérange pas car je ne me rappelle pas avoir aussi bien plongé, déclarait-il après la finale. Ma médaille d'argent est en or.»

«Aujourd'hui, chacun de ses plongeons était parfait, a résumé Sylvie Bernier, médaillée d'or au tremplin de 3 mètres aux Jeux de Los Angeles, en 1984.

Trois jours plus tard, Alexandre Despatie analysait son parcours de la dernière année lors d'une discussion avec La Presse. «Il fallait croire en moi et croire en mes capacités. Ça m'a amené jusqu'ici.»

«Alexandre est très fort, souligne Émilie Heymans quand on lui parle de Despatie. Il n'y a pas beaucoup d'athlètes qui auraient pu offrir une performance si exceptionnelle après l'année qu'il a vécue.»

Émilie Heymans

Cette force qu'Émilie Heymans perçoit chez Despatie, le plongeur de Laval la perçoit aussi chez sa compatriote. «Émilie a montré toute sa force de caractère dans sa compétition, dit Despatie. Elle a bataillé pour la première place. Elle était vraiment prête et nous sommes tous très contents pour elle.»

Émilie Heymans, 26 ans, n'est pas non plus passée par une route sans embûches. Après être devenue championne du monde à Barcelone en 2003 (en même temps que Despatie), la plongeuse de Saint-Lambert ne réussit plus à monter sur les podiums des épreuves individuelles. Elle accumule les déceptions.

En 2005, après un échec en finale des Mondiaux de Montréal (elle termine quatrième), Heymans coupe les ponts avec son entraîneur Michel Larouche et joint le club de Pointe-Claire, où l'entraîneuse Yihua Li la prend sous son aile.

Mais les résultats ne sont pas instantanés, et le purgatoire se poursuit dans les épreuves individuelles. Elle en est sortie de manière éclatante la semaine dernière.

«C'est sûr que c'est une belle victoire, cette médaille d'argent. C'est l'accomplissement d'une carrière. Ça fait depuis que j'ai 11 ans et que j'ai quitté la gymnastique que je rêve à cette médaille.»

Heymans sait que ce petit disque argenté est le fruit de la persévérance qu'elle a montrée quand ses performances étaient moins bonnes.

Elle peut déjà donner un conseil à ses jeunes compagnons du club de Pointe-Claire. «La clé, c'est vraiment de s'amuser. Il faut avoir du plaisir. Il y a des périodes difficiles, mais généralement le plaisir et la passion reviennent.»