La Ville de Longueuil ne veut pas laisser se répandre les méfaits provoqués par les gangs de rue sur son territoire. Un million de dollars seront donc investis durant les trois prochaines années dans le projet Mobilis qui vise à prévenir le phénomène et à lutter pour son éradication.

Le conseil municipal a approuvé, hier soir, une entente réalisée avec le Centre jeunesse de la Montérégie, le Forum Jeunesse Longueuil et la Conférence régionale des élus de Longueuil. Cette entente vise à prévenir l'adhésion des jeunes aux gangs de rue et à mettre en place des conditions propices pour permettre que des jeunes puissent quitter leurs rangs.

Le phénomène des gangs de rue n'est plus l'apanage de Montréal depuis longtemps. «C'est un phénomène urbain, dit le capitaine Michel Soutière, de la police de Longueuil. Il y a 312 gangs de rue au Canada, représentant 11 000 membres. À Longueuil, on estime qu'il y a huit gangs avec un total de 80 membres.»

La Ville de Longueuil estime que les «efforts de Montréal pour contrer le phénomène ont eu pour effet de repousser en périphérie les activités de ces groupes», présents sur la Rive-Sud depuis le milieu des années 90.

M. Soutière dit que les gangs de rue ne sont pas aussi actifs à Longueuil qu'ils le sont à Montréal, mais ce n'est pas une raison pour attendre qu'ils le deviennent. Des membres de gangs de rue montréalais habitent à Longueuil et d'autres font du trafic sur la Rive-Sud. La police a constaté une augmentation de la violence (fusillade en pleine rue, tentatives de meurtre) et un accroissement de l'influence des gangs de rue dans des actes antisociaux ou délictueux.

«Une de nos cibles, c'est aussi les purs et durs, dit M. Soutière. Et les luttes entre gangs. On s'est aperçu dernièrement que des braquages à domicile étaient tout simplement des visites d'un gang de rue à un autre.»

La situation de Longueuil, lieu de transit et de déplacements importants, et la présence d'un métro efficace sont propices au développement d'activités illégales, notamment la prostitution. La police de Longueuil a déjà identifié 16 proxénètes.

«Il y a une augmentation de l'exploitation sexuelle et du proxénétisme, dit le capitaine Soutière. Les jeunes filles sont par exemple rencontrées par l'entremise de l'Internet. Le prince charmant les contacte et elles se retrouvent rapidement exploitées à Toronto. On constate aussi plus de trafic de drogues dures, comme le crack, notamment dans les parcs et en périphérie des endroits où se trouvent des adolescents.»

Mobilis va permettre un échange d'informations entre la police et les organismes communautaires. «Nous allons beaucoup travailler avec la Direction de la protection de la jeunesse sur la prise en charge des jeunes désaffiliés de ces gangs, dit M. Soutière. On va rencontrer les jeunes. Le projet Mobilis associe prévention, intervention et répression.»

Depuis un peu plus d'un an, 1500 enfants de l'agglomération de Longueuil ont été signalés pour divers motifs (négligence, agressions, troubles de comportement, abandon). La moitié d'entre eux étaient âgés de 13 à 18 ans. Près de 160 jeunes en besoin de protection sont actuellement placés en milieu de réadaptation. Ces jeunes sont souvent convoités par les gangs de rue, selon la Ville de Longueuil.

Québec a récemment rendu public son plan d'intervention contre les gangs de rue. En plus des 13,6 millions consentis cette année et provenant du fédéral, le ministère de la Sécurité publique investira 34 millions pour lutter contre ces gangs d'ici 2010. Longueuil et la Montérégie se verront octroyer au total 1,2 million par année. Une partie de cet argent permet à Longueuil de lancer son projet Mobilis.

Gangs de rue

Présents dans 166 zones urbaines au Canada

Un total de 312 gangs de rue au Canada

11 000 personnes

Activités : trafic de drogue, proxénétisme, fraudes