Cinq nouveaux parcs nationaux du Québec pourraient voir le jour au cours des prochaines années. Il faudra cependant être prêt à voyager quelque peu pour les visiter : deux sont au Nunavik, deux sont en territoire cri et le dernier est sur la Côte-Nord.

Il faudra aussi attendre un moment : le processus de création d’un parc national nécessite plusieurs étapes. On doit organiser des séances d’information avec les acteurs régionaux, former un groupe de travail, délimiter une aire d’étude, réaliser des recherches sur le terrain pour rédiger un rapport sur tous les aspects du parc. Tout ça en plus de réaliser une étude des impacts sociaux et environnementaux, d’établir un plan directeur provisoire, d’organiser des audiences publiques, d’obtenir une certification d’autorisation et une approbation du Conseil des ministres.

Cela dit, certains projets de parc sont plus avancés que d’autres dans ce processus.

Côte-Nord : projet de parc national du Lac-Walker

PHOTO TIRÉE DU SITE DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS

Le lac Walker est le lac le plus profond du Québec.

C’est probablement le plus accessible des parcs à l’étude puisqu’il se situe à une trentaine de kilomètres de Port-Cartier. Il promet d’être spectaculaire. Il mettra en vedette le lac Walker, qui ressemble à un fjord parce qu’il s’agit d’un long lac de 33 km, étroit, bordé ici et là par des falaises de plus de 200 m de hauteur. Il s’agit du lac le plus profond du Québec, avec 280 m de profondeur.

Le parc de 1479 km2, situé au cœur de la réserve faunique de Port-Cartier–Sept-Îles, offrira de profondes vallées glaciaires, des escarpements et des rivières méandreuses.

Le projet est toutefois moins avancé que les autres : le rapport sur l’état de connaissance des lieux n’a pas encore été rendu public.

Nord-du-Québec : projet de parc national Nibiischii

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Nibiischii est le plus grand parc à l’étude.

C’est le plus grand parc à l’étude, avec pas moins de 11 848 km2. On le désignait auparavant sous le nom de parc Albanel-Témiscamie-Otish, mais on a plutôt retenu le nom de Nibiischii, suggéré par la nation crie de Mistissini, qui signifie « terres entourées d’eau ». C’est parce que les montagnes qui sont au cœur de ce territoire sont à la source de plusieurs grandes rivières légendaires, comme les rivières Rupert, Eastmain, La Grande, Péribonka, aux Outardes et Manicouagan.

Le futur parc comprendra également le plus grand lac naturel du Québec, le lac Mistassini, d’une superficie de 2355 km2, mais aussi les lacs Naococane et Albanel. Il inclura également une partie du massif des monts Otish, qui font rêver les randonneurs au long cours.

Le site archéologique de la Colline-Blanche est également prometteur, avec une carrière de quartzite et une caverne appelée « L’Antre de Marbre ».

Le projet, déjà assez avancé avec une étude d’impact environnemental et socioéconomique et un plan de conservation, se fait en partenariat avec la nation crie de Mistissini. Le gouvernement du Québec envisage d’ailleurs de confier l’exploitation du futur parc à cette nation.

Nord-du-Québec : projet de parc national Assinica

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Le futur parc Assinica se prêtera particulièrement bien à la pêche et aux expéditions de canot-camping.

Ce grand parc de 3192 km2 se situe à une vingtaine de kilomètres au nord du village cri d’Oujé-Bougoumou, et au nord des villes de Chapais et de Chibougamau.

Ce futur parc plaira tout particulièrement aux pêcheurs et aux canoteurs adeptes de longues excursions. En fait, les plans d’eau, dont le lac Assinica, représentent près du cinquième de la superficie du parc.

Le projet devrait permettre de mieux protéger des espèces vulnérables, comme le caribou forestier et le pygargue à tête blanche. C’est le royaume de l’épinette noire. Mais c’est aussi un territoire fréquenté par les Cris d’Oujé-Bougoumou, qui y pratiquent leurs activités traditionnelles. C’est d’ailleurs cette communauté qui devrait gérer le parc lorsqu’il sera créé.

Nunavik : projet de parc national de la Baie-aux-Feuilles

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Le futur parc de la Baie-aux-Feuilles mettra en vedette le plus grand estuaire de la baie d’Ungava.

Ce futur parc de 3868 km2 recèle de grandes richesses géologiques, botaniques, fauniques et archéologiques. Situé entre les communautés inuites d’Aupaluk et de Tasiujaq, il met en valeur le plus important estuaire de la baie d’Ungava. On y observe les plus hautes marées du monde, avec une amplitude pouvant atteindre 17 m.

On y trouve des plantes rares et des espèces vulnérables, comme le faucon pèlerin et l’aigle royal. Les amateurs de faune sauvage seront comblés avec la présence de nombreux bœufs musqués. On les a introduits au Nunavik depuis l’île d’Ellesmere dans les années 1960. On voulait alors en faire l’élevage pour récolter la laine de ces gros ruminants. Ceux-ci se sont plu dans leur nouvel environnement et se sont dispersés sur le territoire.

On trouve également des vestiges de campements inuits et de leurs ancêtres, les thuléens et les dorsétiens, tout au long de la côte.

C’est l’Administration régionale Kativik qui assumera la gestion du parc, qui se joindra alors aux autres territoires protégés sous l’étiquette Parcs Nunavik, soit Pingualuit, Ulittaniujalik, Kuururjuaq et Tursujuq.

Les Inuits soumettront d’ailleurs un nom en inuktitut pour remplacer l’appellation « Baie-aux-Feuilles ».

Nunavik : projet de parc Iluiliq

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Une fois créé, le parc Iluiliq sera le parc le plus septentrional du Québec

C’est le plus petit parc à l’étude, avec 775 km2, mais ce n’est certainement pas le moindre en fait d’attraits. Il est situé à l’extrémité nord du Québec, tout près du cap Wolstenholme, le point le plus septentrional de la province. Il offrira notamment une côte spectaculaire, composée de fjords, de parois rocheuses de 300 à 400 m de hauteur, aux couleurs riches, tirant parfois sur l’orangé. Les amants de la faune pourront observer le caribou et plusieurs espèces de baleines, dont le béluga. Une importante colonie de guillemots de Brünnich niche tout près de là, à l’ouest du cap Wolstenholme.

On trouve également dans ce futur parc de nombreux sites archéologiques, comme d’anciens campements inuits et un ancien poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Dans ce cas-ci, ce sont les communautés inuites d’Ivujivik et de Salluit qui participent à la création du parc, qui rejoindra les autres territoires protégés de Parcs Nunavik.

Le nom « Iluiliq », qui a fait consensus au sein des communautés, n’a pas d’équivalent direct en français. Il fait référence à une « vaste masse continentale où la mer n’est pas perceptible ». Il s’agit donc, pour les Inuits, de se tourner vers le sud, vers la masse continentale du Québec.

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