La soirée est tellement calme que c’est à peine si on entend l’eau du lac clapoter sur les rochers, à 2 m de la tente. Parfois, un ou deux huards font entendre leur complainte au loin. Plus près, dans la baie, un plouf sonore retentit : un castor ? Une loutre ? Qui sait.

Nous sommes chargés d’une mission somme toute agréable : explorer le nouveau secteur Lac et Chute Windigo du parc régional Montagne du Diable, à Ferme-Neuve, dans les Hautes-Laurentides. À vrai dire, ce secteur existe depuis bien longtemps, mais il était un brin isolé, dans l’ouest du parc : on n’y trouvait pas de pavillon d’accueil, d’hébergement ou de services de location.

Le 14 mai prochain, après trois ans d’efforts et un investissement de 3,2 millions, tout cela va changer. Il sera possible de louer des canots, des kayaks et des planches à pagaie au tout nouveau pavillon Desjardins et il y aura quatre types d’hébergement pour satisfaire des clientèles bien différentes.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Des minimaisons à l’intérieur sobre et élégant constituent un petit luxe appréciable dans le nouveau secteur Lac et Chute Windigo au parc régional Montagne du Diable. La location coûte 219 $ la nuit, pour un séjour de deux nuits minimum.

Nous faisons notre petite reconnaissance à la fin d’avril, deux semaines avant l’ouverture officielle. Ça travaille fort pour terminer le tout à temps. Des ouvriers achèvent le revêtement extérieur d’une minimaison. Les cinq autres petites habitations sont terminées : les meubles sont en place à l’intérieur, la literie est éclatante de blancheur, la vaisselle s’étale fièrement sur les étagères, le frigo ronronne.

« On voulait monter d’un cran notre offre d’hébergement, explique le directeur du parc par intérim, Christian Parent, venu jeter un coup d’œil au chantier. Nous avions déjà des chalets nature, des refuges. Nous voulions du plus haut de gamme. »

Direction camping rustique

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les emplacements de camping rustique sont tous situés sur le bord de l’eau, avec vue sur les canards plongeurs.

Il reste encore du travail à faire pour achever le secteur de camping à deux services. Par contre, le camping rustique, joliment isolé sur une presqu’île, est prêt. Ça tombe bien, c’est là que nous voulons nous installer pour la nuit.

À partir du stationnement, il faut marcher de 400 à 700 m pour parvenir aux emplacements rustiques. De petits chariots seront disponibles pour transporter les bagages. Pour l’instant, nous devons porter les nôtres sur le dos : il faut souffrir un peu pour profiter de l’endroit avant l’ouverture officielle.

Nous empruntons un trottoir de bois pour traverser un petit marécage. Des ouvriers installent les derniers poteaux de la balustrade qui ornera l’ouvrage.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Quelques emplacements rustiques disposent de plateformes de bois. Il faut prévoir des cordelettes pour bien attacher sa tente.

Près des emplacements rustiques, les toilettes sèches sont déjà en place, toutes neuves. Elles sentent encore le bon bois (ça ne va pas durer, hélas). Certains emplacements ont des plateformes de bois, d’autres pas. Mais tous ont un accès au lac. Avec une petite gymnastique, on peut même y accoster en kayak, en canot ou en planche à pagaie.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac Windigo prend l’aspect d’un miroir lorsque le vent se fait discret.

Le lac Windigo, grand, calme, avec un lot de baies à explorer, est un des attraits principaux du secteur. L’autre attrait, c’est la chute Windigo, à quelques minutes de marche du camping et du pavillon Desjardins. Nous installons rapidement nos tentes pour justement aller lui rendre une petite visite. En chemin, un parcours d’hébertisme tout nouveau tout beau nous interpelle. Il cible les enfants de 5 à 12 ans. Mais bon, les grands enfants pas trop lourds peuvent peut-être s’y essayer…

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Quelle que soit la saison, la chute Windigo est très esthétique. C’est un des attraits du nouveau secteur Lac et Chute Windigo du parc régional Montagne du Diable.

La chute Windigo est très esthétique : un rideau d’eau, plus ou moins épais selon la saison, dévale une dalle de 55 m de haut pour terminer son parcours dans un paisible bassin. C’est un bel endroit pour une petite collation.

Le tour du lac

Mais le goût de l’exploration se fait sentir à nouveau et nous nous dirigeons vers la plage, à deux pas du camping, pour récupérer des kayaks et nous élancer sur l’eau du lac Windigo.

Un petit détail pour la navigation en début de saison : les kayaks en location sont à cockpit ouvert. C’est donc une bonne idée de se munir de pantalons imperméables pour demeurer au sec.

Heureusement, il n’y a pas de vent aujourd’hui. Les canards déambulent en couple entre deux plongées. En ce début de saison, les canards mâles arborent leurs couleurs les plus brillantes. Le grand harle est particulièrement majestueux avec sa tête vert forêt et son grand corps blanc. Le garrot à œil d’or se reconnaît facilement à sa belle grosse tête et à sa grande tache blanche sur la joue.

Le long des berges, on observe des huttes de castor. Certaines semblent en piètre état, donc probablement abandonnées. D’autres sont bien entretenues. Il y a sûrement des castors qui font la sieste à l’intérieur, en attendant l’obscurité pour aller mâchouiller des arbres.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les soirées sont paisibles. On entend quelques cris de huards ou un concert de grenouilles si on tend bien l’oreille.

Il faut revenir au camp pour préparer le souper, tout près de l’eau. C’est en soirée que les huards ouvrent la machine, avec hululements, ioulements et trémolos.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le camping rustique au petit matin. C’est une belle façon de commencer la journée.

Au petit matin, ce sont les pics qui prennent la relève. Allez hop ! Tac tac tac ! C’est le temps de se lever !

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Un très joli sentier relie le nouveau secteur Lac et Chute Windigo à l’Abri du vent, une randonnée de 10 km aller-retour.

C’est aussi le temps de poursuivre l’exploration du lac Windigo en suivant ses berges sur un très beau sentier de randonnée pédestre, un trajet de 5 km vers l’Abri du vent. Cela permet de voir les huttes de castor d’un autre angle. Leurs propriétaires sont retournés au lit, mais de petits copeaux de bois au pied d’arbres mâchonnés témoignent de leur passage.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Deux abris en forme de tente (lean-to) se trouvent dans un secteur isolé du lac Windigo. Pour ceux qui recherchent la sérénité.

En chemin, on croise le quatrième type d’hébergement du nouveau secteur Lac et Chute Windigo : de très beaux abris en bois (lean-to) en forme de tente, qui donnent directement sur les eaux du lac.

Il reste encore à installer le rideau de moustiquaire qui protégera les occupants des insectes suceurs de sang qui régneront bientôt sur le secteur pour quelques semaines.

Pour l’instant, les petits vampires sont encore engourdis et ne nous embêtent pas. Le début du printemps a ses avantages. Sans compter que les fleurs sauvages – trilles rouges, claytonies, érythrones – commencent tout juste à émerger. Quant aux feuilles des arbres, il faudra attendre un peu. Elles devraient être au rendez-vous à l’ouverture officielle du nouveau secteur du parc de la Montagne du Diable.

> Consultez le site web du parc