(Stoneham-et-Tewkesbury) On associe souvent le ski nordique aux longues randonnées dans l’arrière-pays. Sentiers non tracés, nuits en refuge, plusieurs kilos de bagages sur son dos. Avant d’en arriver là, on peut s’initier à cette activité dans quelques parcs du Québec, dont au parc national de la Jacques-Cartier, un des rares où les skieurs nordiques sont plus nombreux que les fondeurs !

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Difficile de percevoir ici la fièvre des Québécois pour le ski de fond. C’est parce que dans ce parc, situé à 30 minutes de Québec, aux portes de la réserve faunique des Laurentides, on ne retrouve pas de sentiers tracés. La Mecque du ski du fond est située tout près, au Camp Mercier. Bien que quelques fondeurs osent s’aventurer dans la vallée glaciaire de la rivière Jacques-Cartier, la plupart des skieurs optent pour les skis nordiques et les skis de haute route (lorsque l’enneigement est suffisant pour l’ouverture du secteur hors pistes, ce qui n’est pas encore le cas cette année).

Beaucoup de gens en viennent au ski nordique presque par accident, remarque le directeur du parc national de la Jacques-Cartier, André Rouleau.

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Cet habitué du ski nordique est venu trouver la neige au parc national de la Jacuqes-Cartier.

Ils arrivent ici sans trop savoir ce qu’on offre et se rendent compte qu’on ne trace pas. Mais il y a aussi de plus en plus de gens qui viennent pour cela. On en a pour tous les goûts. Pour ceux qui souhaitent s’initier, c’est facile de le faire ici.

André Rouleau, directeur du parc national de la Jacques-Cartier

Ce type de skis est celui qu’utilisaient les peuples nordiques pour se déplacer dans les territoires enneigés. C’est un ski à mi-chemin entre le ski de fond et le ski alpin. La largeur des planches se rapproche de celle des skis alpins, et ils sont munis de carres pour faciliter les descentes. Ils sont aussi dotés d’un système antirecul avec des écailles, pour aider dans les montées, et d’une fixation qui garde le talon libre comme en ski de fond.

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Le ski nordique se pratique sur des sentiers non tracés, mais balisés.

La largeur des skis permet une portance sur la neige, puisqu’idéalement, on pratique ce sport sur des sentiers non damés, mais balisés. Sur son site internet, la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) présente même cette activité comme une solution de rechange à la raquette. « Il faut qu’il y ait de la neige. C’est là qu’on a la vraie expérience. Mais, avec le fort achalandage qu’on connaît, les sentiers deviennent rapidement tapés », reconnaît André Rouleau.

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Les skis nordiques sont plus larges que des skis de fond. Ceux-ci, offerts au parc en location, sont munis d’une fixation universelle et peuvent donc être utilisés avec des bottes d’hiver standards.

Le faible enneigement que connaît le parc depuis le début de l’hiver n’aide certainement pas. Mais même si vous n’avez pas la chance de faire glisser vos skis sur la neige fraîche du matin, ce qui, il faut le préciser, augmente aussi le degré de difficulté, vous serez tout de même en mesure de saisir l’essence de l’expérience. Outre le sentier de randonnée sur trois jours pour les skieurs aguerris, le parc national de la Jacques-Cartier compte quelques sentiers faciles consacrés au ski nordique, mais pas exclusivement, puisque les randonneurs et les raquetteurs y ont aussi accès.

Normalement, Quatre Natures, une entreprise partenaire de la SEPAQ, offre des activités guidées d’initiation au ski nordique dans le parc, mais celles-ci ont dû être suspendues en début de saison en raison des mesures sanitaires. Si la SEPAQ donne le feu vert, les sorties d’un jour pourraient reprendre prochainement, indique l’entreprise, puisqu’à compter du 8 février, les activités extérieures seront de nouveau permises, en groupe de quatre personnes au maximum dans les zones rouges.

Or, quiconque est déjà monté sur des skis pourra aisément se débrouiller seul sur les sentiers les plus faciles. Le parc offre de l’équipement en location, à condition de réserver 24 heures à l’avance.

Dormir en refuge

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Le soir, le ciel étoilé qui domine la rivière Sautauriski offre un spectacle saisissant.

Notre aventure débute au chalet d’accueil du parc, ou plutôt devant les roulottes qui font office de centre de découverte pendant la rénovation du bâtiment principal. C’est à cet endroit, au kilomètre 10, qu’il faut laisser sa voiture pour accéder, à pied, en raquette ou en ski, aux principaux sentiers de randonnée du parc. Skis aux pieds, nous devons gagner le relais Sautauriski, petit refuge rustique construit il y a un an, où nous passerons la nuit. N’étant situé qu’à 2,5 km du stationnement, c’est un séjour en refuge presque à la portée de tous. Ouvert à tous les utilisateurs du parc en journée, il est disponible en location pendant la nuit (six lits en mezzanine), pour le moment seulement aux membres d’une même bulle familiale. Un petit chalet presque exclusif donc, dont on saura apprécier le relatif confort une fois le chemin parcouru avec son attirail sur le dos et le feu crépitant dans le poêle à bois.

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Le relais de Sautauriski est l’un des nombreux hébergements offerts dans le parc cet hiver. Son isolement fait son charme.

Sur le bord de la rivière Sautauriski, au pied des hautes montagnes, sous le ciel éclairé de millions d’étoiles, pas d’eau, pas d’électricité et pas de réseau cellulaire, on se sent loin. Loin des actualités pandémiques et de la morosité ambiante. Et tout près des sentiers, un avantage certain pour éviter la cohue, faire les premières traces au petit matin ou terminer sa promenade à la lampe frontale.

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Le relais Sautauriski peut accueillir six personnes pour la nuit.

À la suggestion du préposé à l’accueil, nous amorçons le lendemain notre randonnée sur le chemin de la Vallée, un large sentier damé qui remonte la rivière Jacques-Cartier, tantôt dormante, tantôt agitée, et qui offre des points de vue exceptionnels sur les montagnes. On y skie en bordure du chemin, afin de maximiser l’expérience. Les montées sont graduelles, et les pentes sont douces. Un coureur nous dépasse à vive allure, nous faisant prendre conscience de notre lenteur. Les skis nordiques n’ont pas la même glisse que les skis de fond, nous rassure André Rouleau. « Ce ne sont pas les mêmes distances qui peuvent être parcourues. »

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Mathilde Audette et Caroline Chartier, de rares fondeuses croisées au parc, le soir de surcroît.

Du relais, on compte 5,2 km pour accéder au Pont-Banc, un point où, comme son nom l’indique, il est possible de traverser le cours d’eau pour atteindre l’autre rive. Le retour se fera par le Draveur Sud, un sentier plus étroit et non damé, mais bien tapé par les randonneurs, classé intermédiaire. Le soleil brille, une faible brise souffle les flocons qui recouvrent les conifères, faisant tomber sur le sentier des milliers de confettis scintillants.

Plus bucolique, mais aussi plus sauvage, ce sentier met à l’épreuve nos aptitudes de skieur. Un tronc d’arbre à enjamber ici, un ruisseau à traverser là. Oups ! Un ski dans l’eau. Et des pentes très étroites qui nous rappellent l’insécurité de nos premières expériences en ski de fond. Peu à peu, les randonneurs, à pied ou à ski, se font de plus en plus nombreux. Comme ce skieur en quête de neige qui a dû repousser sa traversée de Charlevoix de quelques semaines, faute d’or blanc.

  • La rivière Jacques-Cartier, surplombée par les hautes montagnes. Un paysage qui fait la renommée du parc.

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    La rivière Jacques-Cartier, surplombée par les hautes montagnes. Un paysage qui fait la renommée du parc.

  • Point de vue sur la rivière Jacques-Cartier

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    Point de vue sur la rivière Jacques-Cartier

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Près de 7,5 km plus tard, nous arrivons à l’accueil du parc, non sans avoir dû enlever nos skis pour franchir les dernières descentes dignes d’une pente de ski alpin. En cela, le ski nordique n’est pas différent des autres. Il est toujours techniquement plus difficile de descendre que de monter !

À savoir

Le parc national de la Jacques-Cartier possède également un réseau de 13 sentiers de raquette totalisant près de 94 km, dont L’Escarpement, un nouveau sentier d’hiver, et les Loups, le plus populaire. Pour une randonnée plus facile présentant un bon rapport effort/point de vue, optez pour L’Éperon, une boucle de 5,4 km sur la montagne à l’Épaule qui offre un panorama exceptionnel sur la rivière du même nom et sur la Jacques-Cartier.

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Sentier de raquette et de randonnée pédestre hivernale de 5,4 km, L’Éperon offre de splendides coups d’œil sur la vallée, tout au long du parcours.

Refuge, camps rustiques, grands chalets, chalets EXP, chalets Écho, yourtes et camping d’hiver : plusieurs types d’hébergement sont offerts cet hiver, mais leur disponibilité est limitée. Surveillez les annulations. Coût d’une nuitée au relais Sautauriski : entre 120 $ et 163 $.

Il importe d’acheter son droit d’accès journalier en ligne avant son arrivée au parc. Le nombre de visiteurs est restreint en raison du nombre limité de places de stationnement en hiver.

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> Renseignez-vous sur les conditions de neige au parc

Les recommandations de la Santé publique étant appelées à changer rapidement et à varier selon les régions du Québec et du Canada, il est important de s’informer sur les règles en vigueur avant de planifier tout déplacement.

D’autres parcs où s’initier au ski nordique ailleurs au Québec

Bien que plusieurs parcs fédéraux, provinciaux et régionaux proposent des sentiers de ski nordique, non tracés, mais balisés, bon nombre sont destinés aux skieurs expérimentés. Voici quelques endroits qui comptent des pistes faciles où faire ses premières glisses.

Parc national de la Gaspésie

Dans ce parc, situé au cœur des Chic-Chocs, la plupart des sentiers sont pour les skieurs expérimentés. Les débutants peuvent néanmoins s’exercer sur la piste Petit-Saut, une randonnée de 8,2 km au dénivelé faible. Le parc national de la Gaspésie est aussi le seul du réseau de la SEPAQ, avec celui de la Jacques-Cartier, à offrir la location de skis nordiques.

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Parc national du Bic

Le parc national du Bic, dans le Bas-Saint-Laurent, compte une vingtaine de kilomètres de sentiers, non tracés, et d’autres qui sont entretenus mécaniquement la fin de semaine. La plupart sont faciles et accessibles aux débutants.

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Parc national de la Pointe-Taillon

Lorsque le lac Saint-Jean est gelé, il est possible de circuler en ski nordique en bordure de ce plan d’eau. On peut aussi effectuer une randonnée sur la piste cyclable du parc, située dans le secteur Pointe-Taillon.

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Parc national des Grands-Jardins

Le territoire du parc national des Grands-Jardins, dans Charlevoix, abrite plusieurs sentiers paisibles de ski nordique qui sont partagés avec les raquetteurs, dont une randonnée de 6,6 km (aller-retour) le long de l’Étang-Malbaie et du lac Carré, qui traverse une zone de forêt brûlée à l’aspect lunaire.

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Parc national d’Aiguebelle

En Abitibi-Témiscamingue, le parc national d’Aiguebelle possède 30 km de sentiers ouverts aux raquetteurs et aux skieurs nordiques. Deux courtes boucles sont de niveau facile. Une nuit en camp rustique est aussi possible.

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Réserve faunique de Papineau-Labelle

Partagée entre les régions de l’Outaouais et des Laurentides, la réserve faunique de Papineau-Labelle propose une centaine de kilomètres de sentiers balisés, mais non entretenus, de niveaux débutant et intermédiaire, accessibles à partir du pavillon d’accueil Gagnon. Pour passer une nuit en forêt, la réserve compte aussi des refuges facilement accessibles en ski, mais ceux-ci ne sont pas offerts cet hiver en raison de la COVID-19.

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