La neige et le froid des derniers jours ont permis à certaines stations d’ouvrir leurs pentes aux skieurs (masqués !) tôt cette année. C’est le cas à Tremblant notamment. Or, la saison qui s’amorce sera pleine de défis, particulièrement en zones rouges, comme c’est le cas en Montérégie et en Estrie. Visite à Bromont et à Sutton, où les préparatifs vont bon train malgré tout.

(Sutton) « Ce sera un privilège de pouvoir skier cet hiver, tout le monde doit le comprendre, plaide Jean-Michel Ryan, président-directeur général de Mont Sutton, qui espère ouvrir ses portes sous peu. Et pour que ça se passe bien, oui, il risque d’y avoir des files d’attente… »

En zone rouge, seuls les membres d’une bulle (qui vivent à la même adresse) pourront en effet s’asseoir ensemble dans le même télésiège. Les skieurs en solo devront monter un à la fois, ce qui risque de mettre la patience des skieurs à rude épreuve. « Pour réduire l’attente, nous invitons donc les skieurs à venir en famille », ajoute Jean-Michel Ryan, les deux pieds dans la neige artificielle à la base de la montagne pendant que des employés au volant de véhicules tout-terrain s’activent autour des canons à neige.

Non loin de là, à Bromont, ce sera la même histoire pour les remontées. Pas question toutefois que les employés commencent à jouer à la police pour vérifier le respect des consignes. « On doit compter sur la bonne collaboration des gens, qui ont aussi une responsabilité », explique Charles Désourdy, président de Bromont, montagne d’expériences, où la fabrication de neige est aussi lancée. « Si on commence à demander des permis de conduire pour examiner des adresses, on va empirer le problème. »

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Charles Désourdy, président de Bromont, montagne d’expériences

L’attente aux remontées mécaniques, c’est présentement notre gros point d’interrogation.

Charles Désourdy, président de Bromont, montagne d’expériences

Pour éviter les goulots d’étranglement et respecter la distanciation physique, tant Bromont que Mont Sutton vont limiter l’accès à la montagne. Et privilégier leurs abonnés, surtout en début de saison. « On ne vendra pas de billets journaliers ou très peu, et par l’internet seulement, explique Charles Désourdy, à Bromont. Bien sûr, on va s’ajuster au fur et à mesure, mais je vois mal comment on pourrait avoir plus de 5000 skieurs en même temps sur le site. » L’an dernier, la station en accueillait jusqu’à 8000 à la fois pendant les plus belles journées de week-end.

« Si j’ai un conseil à donner aux skieurs, c’est d’arriver tôt, poursuit M. Désourdy. Ou de venir en soirée, là, on a toujours de la place. Et en semaine aussi. S’il le faut, on pourrait même étendre nos heures d’ouverture, de 8 h à minuit. »

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Jean-Michel Ryan, président-directeur général de Mont Sutton

Après une belle bordée, si tout le monde vient en même temps le samedi matin, ça ne fonctionnera pas. Mais avec le télétravail, peut-être que davantage de gens viendront la semaine.

Jean-Michel Ryan, président-directeur général de Mont Sutton

Des chalets ouverts, mais…

Même si le sud du Québec devait rester au rouge tout l’hiver, les skieurs auront l’occasion de se réchauffer dans les chalets. « Tous nos bâtiments seront ouverts, sauf qu’on joue au Tetris en ce moment pour voir combien de gens pourront entrer en même temps, explique Jean-Michel Ryan, à Sutton. Même avec des panneaux de plexiglas, on perd au moins 40 % de capacité. On va donc installer deux ou trois tentes chauffées à l’extérieur. On réfléchit aussi à un service de restauration à l’extérieur, car on ne peut pas ouvrir nos comptoirs tant qu’on reste en rouge. »

À Bromont aussi, le réaménagement des chalets, qui seront tous accessibles, se traduira par une baisse de la capacité d’environ 50 %.

Quant à la location, la Santé publique l’a finalement permise aussi en zones rouges. Pour les cours, c’est moins sûr. Les discussions se poursuivent avec le gouvernement en vue de permettre certaines activités même en période d’alerte maximale de COVID-19, ce qui n’est actuellement pas prévu.

>> CONSULTEZ la liste des consignes sanitaires pour les stations de ski

  • Les canons à neige viennent tout juste de s’arrêter au Mont Sutton après une période de production d’une trentaine d’heures les 18 et 19 novembre derniers.

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    Les canons à neige viennent tout juste de s’arrêter au Mont Sutton après une période de production d’une trentaine d’heures les 18 et 19 novembre derniers.

  • Un peu partout sur la montagne, des employés s’activent au volant de véhicules tout-terrain en vue d’une ouverture souhaitée pour le début de décembre.

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    Un peu partout sur la montagne, des employés s’activent au volant de véhicules tout-terrain en vue d’une ouverture souhaitée pour le début de décembre.

  • À Bromont, les opérations d’enneigement artificiel ont été lancées à la mi-novembre.

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    À Bromont, les opérations d’enneigement artificiel ont été lancées à la mi-novembre.

  • Grâce à la subvention salariale, Bromont, montagne d’expériences a gardé tous ses employés, dont une partie a été affectée à l’entretien des bâtiments, comme ici au chalet principal.

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    Grâce à la subvention salariale, Bromont, montagne d’expériences a gardé tous ses employés, dont une partie a été affectée à l’entretien des bâtiments, comme ici au chalet principal.

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Pas de nouveautés

En plus des habituels caprices de la météo, les contraintes sanitaires exerceront bien sûr une pression sur les finances des stations de ski dans les prochains mois. « C’est impossible qu’on fasse un profit cet hiver à Bromont, explique Charles Désourdy. Nous avons par exemple dû arrêter la vente de la plupart de nos abonnements [seuls les abonnements de soir et de semaine sont toujours offerts]. »

Dans ces circonstances, aucune nouveauté n’attendra les skieurs à la populaire station. « Notre plan de développement de 101 millions, qui se poursuit jusqu’en 2026 avec notamment la construction d’un hôtel de 120 chambres, sera donc un peu décalé, mais nous gardons le cap », précise néanmoins M. Désourdy.

À Sutton, pas de nouveautés au programme non plus, même si les ventes d’abonnements vont bien, et se poursuivent. Pour le copropriétaire de la station, c’est la météo qui aura le fin mot. « S’il neige tout l’hiver, et que les gens viennent aussi la semaine, on pourrait avoir une très belle année », avance Jean-Michel Ryan.

Dans l’Ouest canadien, les premières semaines de la saison (lancée dès la fin d’octobre) ont permis de constater l’immense appétit des skieurs pour les pentes. Les occasions de sorties sont rares en temps de pandémie, et les Québécois pourraient aussi être nombreux à prendre d’assaut les montagnes dès leur ouverture. « Tant mieux s’il y a un certain engouement pour le ski cet hiver, observe M. Ryan. Ce sera tout un défi, mais si les gens sont plus nombreux à vouloir prendre l’air et à adopter de saines habitudes de vie à cause de la pandémie, ce sera au moins ça de positif ! »

https://montsutton.com

https://www.bromontmontagne.com

Et dans les Laurentides ?

Jusqu’à présent, les Laurentides ont évité la zone rouge. Les défis restent grands pour les stations de ski qui devront néanmoins y faire respecter la distanciation physique, mais les services de restauration, par exemple, peuvent servir des repas en zone orange. L’accès aux télécabines y est réduit de moitié, mais les télésièges fonctionnent normalement (sauf pour les skieurs venus de zones rouges, qui devront remonter avec les membres de leur ménage seulement). À Tremblant, la saison a été lancée cette semaine. Comme ailleurs, les détenteurs d’abonnements auront un accès privilégié aux pentes. Pour les autres, les réservations sont fortement recommandées. Sur le site web de la plus grande station de la région, certaines dates affichent d’ailleurs déjà complet.

https://www.tremblant.ca