Tout au nord, au bord de l'Atlantique, l'Espagne recèle de plages sauvages et de villages rivalisant de charme, dont beaucoup sont peu fréquentés. Parcours de dix jours en trois étapes.

La première partie du voyage se déroule en Galice, au royaume des forêts et des vagues. Très peu fréquentée, cette province est d'une beauté saisissante. C'est ici que le littoral est le plus déchiqueté. Et qu'on croise toutes sortes d'animaux en liberté.

JOUR 1

Cedeira

Dans cette station balnéaire aussi charmante qu'authentique, les maisons sont ornées de galeries à carreaux, dont les vitres reflètent le ciel et les nuages. Les villageois palabrent dans l'embrasure des portes. Les enfants plongent du pont qui enjambe un fleuve étroit se jetant dans la mer. D'autres pêchent appuyés sur un parapet de pierres blanc.

JOUR 2

San Andres de Teixido

Les maisons blanches de ce petit village attirent quantité de visiteurs, mais pas assez pour réveiller les chiens qui dorment. Seulement 49 personnes vivent ici, et plusieurs profitent de l'été pour dresser un kiosque de gourmandises et de babioles. On vient à San Andres, à 12 km au nord-est de Cedeira, pour la vue - encore une fois magnifique - et pour le retable surchargé de dorures d'une chapelle rustique, dont les murs blancs percés de grosses pierres brunes ressemblent à un pelage.

Cabo Ortegal

Quelques kilomètres plus loin, au bout de nulle part, un phare au toit rouge se dresse devant trois îlots battus par les vagues. C'est Cabo Ortegal. En chemin, un restaurant à la bonne franquette, Chiringuito San Xiao, offre les spécialités régionales sur sa terrasse - parmi lesquelles les percebes (ou pousse-pieds), des mollusques en forme de griffes, très recherchés.

sanxiao.org

Praia do Picon

Il faut rouler 38 km de plus et rester à l'affût pour accéder aux vieilles maisons de pierre de Picon, un hameau endormi. Tout près, un escalier zigzague jusqu'en bas de la falaise où broutent les chèvres. Au sommet, le sol est recouvert d'un épais tapis de fleurs. Sur la plage, le sable est doré et les vagues ont des reflets turquoise. Un raccourci de 41 km permet de retourner dormir à Cedeira.

JOUR 3

La plage «des cathédrales»

Le lendemain, en quittant la Galice pour une série de villages pittoresques, d'autres plages magnifiques se succèdent. À elle seule, la province des Asturies en compte plusieurs centaines! La plus célèbre, dite «des cathédrales», est vraiment unique. À marée basse, on s'y promène dans des grottes et sous une série de falaises de 30 mètres, que l'érosion a transformées en arcboutants gothiques.

Il y a sur cette plage, protégée comme monument naturel, bien moins de gens que sur la Costa Brava et la Costa del Sol. Mais ne soyez pas surpris: ils arrivent parfois en autocar et se photographient à qui mieux mieux. Du 1er juillet au 30 septembre, l'accès - gratuit - est interdit à moins d'avoir réservé sa place la veille sur l'internet.

Qui n'a pu réserver la veille peut aussi se rendre jusqu'à Ribera, à 10 km, pour prendre l'autobus qui fait trois fois par jour la navette entre le village et la plage.

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

Au pied des falaises sculptées par l'érosion de la plage des cathédrales, des bassins font le bonheur des enfants.

Villages de charme

Des villages de charme et les pics d'Europe, qui font penser aux Alpes en format réduit, sont les vedettes de la deuxième partie du voyage. La mer reste omniprésente, mais les autres touristes - presque tous espagnols - le deviennent aussi.

JOUR 4

Cudillero

Avec sa courtepointe de maisons multicolores perchées au-dessus du port et de ses petits bateaux, Cudillero est toujours très animé. Partout, des restaurants de poisson débordent dans les rues étroites et joliment illuminées. Sur la ravissante plage de sable voisine, les enfants font la chasse aux créatures marines.

Oviedo

Si temps se couvre, c'est l'occasion rêvée de se réfugier à Oviedo (à 57 km). Dans la vieille ville piétonnière, on retrouve les places intimes, les cidreries, les monuments et les façades colorées immortalisés par Woody Allen dans le film Vicky Cristina Barcelona. Entre la cathédrale gothique et la Plaza de la Constitución, le Musée des beaux-arts permet d'admirer gratuitement l'oeuvre de peintres de la région, de même qu'un Picasso, un Miro et un Dalí.

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

Même sous la pluie, les façades colorées et ouvragées d'Oviedo offrent un joli spectacle.

JOUR 5

Llastres

Le lendemain, on renoue avec l'océan à Llastres - un village de pêcheurs particulièrement charmant (à 90 km de Cudillero). Ici, des maisons aux toits de terre cuite sont accrochées à flanc de colline, au-dessus de la mer turquoise. On découvre le tout d'un mirador, avant de descendre dans un enchevêtrement d'étroites ruelles connectées par des escaliers de pierres. Tout en bas, on aboutit à une plage et à un port minuscules.

JOUR 6

Llanes

Autre lieu d'intérêt, mais très fréquenté: le village de Llanes, niché entre les trois massifs des pics d'Europe et la mer. Il compte un ancien donjon, un marché, une promenade en hauteur et de belles demeures du XIXe siècle - appelées «Casas de Indianos» parce qu'elles ont été construites par des Espagnols ayant fait fortune en Amérique latine. L'eau des environs est si claire, qu'on voit des dizaines de poissons frétiller dans les vagues.

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

Du sommet d'une colline voisine, on découvre le village de Llastres, qui dégringole jusqu'à la mer.

JOUR 7

San Vicente de la Barquera

Tout près, en Cantabrie, on découvre San Vicente de la Barquera. Au bord des quais, les barques semblent flotter sur une plaque de verre. En haut de la colline, un château fort du XIIIe siècle semble tout droit sorti d'un conte et ses murailles offrent une vue magnifique sur la baie.

Comillas

Onze km plus loin, Comillas doit sa renommée au style moderniste de quelques palais, parmi lesquels Le Capricho, l'une des rares oeuvres érigées par Gaudí à l'extérieur de sa Catalogne natale.

elcaprichodegaudi.com

Santillana del Mar

À l'entrée de Santillana, 16 km plus à l'est, les cimes des arbres se rejoignent pour former un tunnel, comme sur les cartes postales. À l'autre bout, on croirait carrément débarquer dans un décor de film... où auraient été convoqués trop de figurants. Bonne chance pour photographier les balcons garnis de géraniums, le magnifique cloître roman ou les rues pavées sans immortaliser du même coup d'autres touristes en train de faire exactement la même chose.

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

Du haut du château fort de San Vicente de la Barquera, on apprécie d'un coup d'oeil tout ce qui fait le charme de ce village cerné par de belles plages.

Pays basque: entre grottes et pinxtos

Le voyage s'achève au Pays basque, qui présente à lui seul assez d'attraits pour meubler une autre semaine. Faute de temps, il faudra se contenter de son joyau, San Sebastian. Non sans avoir d'abord fait un petit détour, avant de quitter la Cantabrie, par l'une des nombreuses grottes préhistoriques de cette région.

JOUR 8

Plonger dans la préhistoire

Bisons, chevaux, mammouths, mains et mystérieux symboles... Dans les environs de Santillana del Mar, des grottes recèlent de peintures rupestres classées au patrimoine mondial de l'humanité. Les visites guidées - obligatoires pour y pénétrer - ont malheureusement lieu seulement en espagnol. Si l'on prend soin de s'informer soi-même au préalable, l'expérience se révèle tout de même fascinante - d'autant plus qu'elle ne coûte que quelques euros.

Meilleure option: les cuevas de Monte Castillo près de Puente Viesgo (à 21 km de Santillana), où s'étalent 275 peintures authentiques.

Plus connue, la grotte d'Altamira (accessible par un joli chemin de 2,5 km à partir de Santillana) a dû être remplacée par une réplique plus ou moins convaincante.

Dans les deux cas, le nombre de places est limité. Il faut donc réserver les siennes la veille, au moins. L'aide de votre hôtelier peut s'avérer nécessaire.

Pour visiter une autre grotte, celle de Tito Bustillo, il faut parfois réserver un mois d'avance.

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

Le soleil plombe souvent l'été sur la plage de la Concha, à San Sebastian, où l'eau est chaude et claire.

JOURS 9 ET 10

San Sebastian

Les voyageurs reviennent tous enchantés de San Sebastian - appelée Donostia en basque, une langue aux origines mystérieuses, pleine de K et de X.

Premier attrait: la plage - très animée - de la Concha et ses auvents bleu et blanc.

Entre le sable doré et les bateaux blancs qui tanguent au large, les sportifs pagaient sur des planches ou nagent jusqu'à l'une des trois plateformes flottantes.

Le coeur de la plage se situe devant le centre romantique. Par de longues avenues ombragées, on découvre des façades couvertes de balcons en fer forgé, des passages à colonnades, des pâtisseries. Et la cathédrale du Buen Pastor.

Plus que le centre romantique, c'est toutefois la vieille ville qui fait battre le coeur de la majorité des visiteurs. Ici, les tapas, appelées pinxtos, se dégustent jusque dans les étroites ruelles pavées. La majorité de ces bouchées étagées sont servies sur du pain. Et les délicats assemblages qu'on y dépose se déclinent partout avec les mêmes ingrédients de base: foie gras, fruits de mer, poisson, champignons sauvages, oeufs mollets, charcuteries, olives...

Le lendemain, pour mettre à profit cet assaut calorique et découvrir en un coup d'oeil la ville, son fleuve et sa baie, il suffit de grimper ou d'emprunter le funiculaire jusqu'au sommet du Monte Iguelda.

Qu'on admire la ville d'en haut ou à partir de la plage, chaque heure du jour, la lumière et le temps qui changent la métamorphosent. La mer, les vieilles pierres et le ciel revêtent sans cesse de nouvelles teintes. Et restent toujours aussi beaux.



PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

La plage de la Concha à San Sebastian.

Repères

> Dans vos valises

Après la pluie, le beau temps... Même en été, on peut connaître à la fois la canicule, de brèves averses, un orage ou du temps assez frais pour devoir revêtir une petite laine. Mieux vaut donc apporter un ou deux chandails légers et un coupe-vent imperméable, même l'été. Et quelques vêtements chauds au printemps et à l'automne.

> S'y rendre

On se rend dans le nord de l'Espagne en atterrissant d'abord à Barcelone ou à Madrid. Le transporteur Vueling offre plusieurs vols à bas prix entre Barcelone ou Madrid et La Corogne ou Saint-Jacques-de-Compostelle (pour se rendre au début du parcours), ou encore San Sebastian (où se termine le voyage). La Corogne est située à 80 km du premier arrêt proposé, Cedeira, alors que Saint-Jacques- de-Compostelle est situé à 123 km.

> Le parcours

Le parcours de 10 jours proposé compte 600 km, les excursions proposées en chemin en plus. On roule parfois sur des autoroutes ultramodernes, qui courent au-dessus des ravins et laissent souvent entrevoir la mer. D'autres fois, sur des chemins bucoliques vraiment très étroits. On y croise rarement d'autres voitures, mais quand cela se produit, l'un des deux conducteurs doit souvent se ranger sur le côté.

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

La plage de Aguilar.