(North Adams) Située à 400 km de Montréal, au cœur du Massachusetts pastoral, la petite ville de North Adams héberge le plus important centre d’art contemporain des États-Unis. Amateurs d’art ? Curieux ? Besoin de nature ? Une visite s’impose.

North Adams et la belle région des Berkshires étaient jadis prospères, portées par plusieurs industries installées dans le coin en bord de rivière et de chemin de fer. Les environs sont magnifiques, montagneux, un peu bruts, comme on aime la nature quand on a besoin de s’y retrouver.

Au milieu des années 1980, la Sprague Electric a fermé son usine de North Adams, entraînant la perte de 4000 emplois. Pour une population qui comptait alors autour de 25 000 personnes, le coup a été dur à encaisser. Il aurait, en fait, pu être fatal, puisque la moitié des habitants de North Adams est partie à l’époque. Mais il y avait là une école d’art, et on a rapidement vu le potentiel de ces majestueux (et nombreux) édifices industriels de briques rouges, vides.

PHOTO DENISTANGNEYJR, GETTY IMAGES

North Adams est une petite ville assez rustique.

Le projet initial a été lancé dès la fin des années 1980 et a vu le jour à la fin des années 1990, financé en grande partie par l’État, qui a été visionnaire en appuyant cette démarche hors du commun – particulièrement à ce moment-là – et assez risquée.

Parce que North Adams a beau être posé au milieu des montagnes, c’est assez rustique comme ville. On se demande d’ailleurs à la vue de cet immense campus d’art contemporain comment cela peut-il être viable, mais on se rend rapidement compte que le musée compte sur le soutien d’un précieux réseau de mécènes. Ce qui fait que le MASS MoCa célèbre cette année son 25e anniversaire.

L’art, mais aussi l’architecture

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU MASS MOCA

Le musée est situé dans une ancienne manufacture.

Ce qui est bien, si vous planifiez une visite au MASS MoCa (pour Massachusetts Museum of Contemporary Art), c’est que tout le monde y trouve son compte, que l’on aime l’art beaucoup ou un peu moins. On peut difficilement rester impassible devant la brillante récupération de ce patrimoine bâti, si souvent laissé à l’abandon là où les industries sont parties. La réhabilitation est magnifique. Et puis, avec une superficie de 250 000 pieds carrés, on peut difficilement ne rien trouver d’intéressant, entre les expositions temporaires et permanentes, dont des espaces destinés aux enfants.

Un premier conseil : planifiez y passer la journée. Vous n’aurez même pas besoin de sortir pour la pause-repas, puisqu’il y a quelques options de casse-croûte sur place, dont un resto mexicain où l’on peut siroter un mezcal, ce qui n’est pas recommandé avant de faire l’expérience virtuelle proposée par l’artiste Laurie Anderson – à l’affiche jusqu’à la fin de l’année.

Vous croiserez au MASS MoCa des œuvres d’artistes établis comme Anselm Kiefer ou Louise Bourgeois, mais aussi d’autres, découverts là.

PHOTO FOURNIE PAR MASS MOCA

Les papiers sont tous collés dans de grands espaces cylindriques, par couleur. On pénètre ainsi dans l’intimité de Joseph Grigely. En fait, on se croirait même dans sa tête. Extrêmement efficace.

On a particulièrement aimé l’installation de kelli rae adams sur laquelle nous sommes tombés par hasard. Avec Forever in Your Debt, la céramiste américaine a fait des petits bols remplis de monnaie qui représenteront, à terme, la totalité de la dette étudiante moyenne aux États-Unis – 37 000 $. L’artiste est régulièrement sur place pour expliquer sa démarche, à laquelle les visiteurs peuvent participer.

PHOTO SHAVI FERNANDO, FOURNIE PAR MASS MOCA

À terme, tous les bols de kelli rae adams seront remplis et les visiteurs qui auront fait une contribution (minimale de 40 $) recevront leur bol une fois l’installation démontée.

À l’entrée du musée, quelques-unes des installations de Joseph Grigely, originaire de la région, sont frappantes. L’artiste sourd a collectionné les bouts de papier, les enveloppes, les billets d’avion et autres sur lesquels les gens lui ont griffonné des mots pour communiquer avec lui, sur une période de 30 ans.

Vous pouvez vous rendre au MASS MoCa n’importe quand, parce que l’offre est exhaustive et variée, en tout temps. Avant d’y aller, on recommande de jeter un coup d’œil aux expos en cours, mais aussi à l’ensemble de la programmation. Tous les jeudis d’été, une des cours intérieures s’anime autour du biergarden ; et le festival de Bluegrass qui se tient en septembre a l’air vraiment génial.

Si vous étirez la visite, ce qui est une belle idée, le petit centre-ville, juste de l’autre côté de la rue, compte quelques adresses pour un souper sympa. Et pour un séjour de deux ou trois jours à North Adams, il faut inclure d’autres musées, galeries ou visites d’ateliers d’artistes, dont plusieurs se trouvent à l’intérieur du MASS MoCA.

Consultez le site du MASS MoCA (en anglais)

Y aller

  • Le petit bâtiment principal, avec son gros foyer et ses fauteuils, est parfait pour le café ou le cocktail de fin d’après-midi.

    PHOTO FOURNIE PAR TOURISTS

    Le petit bâtiment principal, avec son gros foyer et ses fauteuils, est parfait pour le café ou le cocktail de fin d’après-midi.

  • Le Tourists est un petit complexe de bois de 46 chambres, dont le style nous amène entre le motel et le lodge classiques, bien que l’endroit soit ouvert seulement depuis 2018.

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    Le Tourists est un petit complexe de bois de 46 chambres, dont le style nous amène entre le motel et le lodge classiques, bien que l’endroit soit ouvert seulement depuis 2018.

  • L’hôtel est aussi très bien situé si vous souhaitez faire de la randonnée sur les sentiers de l’Appalachian Trail ou du Mohawk Trail, tous deux à proximité.

    PHOTO FOURNIE PAR TOURISTS

    L’hôtel est aussi très bien situé si vous souhaitez faire de la randonnée sur les sentiers de l’Appalachian Trail ou du Mohawk Trail, tous deux à proximité.

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Parmi les options hébergement, le Tourists se démarque assurément, malgré que l’hôtel soit situé un peu à l’extérieur du centre de la ville. Ambiance très décontractée ; beaucoup de bois, souvent du contreplaqué ou du cèdre qui grisonne.

PHOTO FOURNIE PAR TOURISTS

Tout appelle au farniente : le coin piscine, les sentiers pour la marche sur le bord de la rivière Hoosic – on peut d’ailleurs réserver un bain de nature ou une marche méditative avec des spécialistes en la matière. D’autres activités de création ou de plein air sont proposées par le Tourists.

L’hôtel est situé entre la route et le chemin de fer, c’est donc parfois un peu bruyant, mais on le recommande tout de même, et chaudement, parce qu’on s’y sent très bien. Un peu grano. Le soir de notre passage, la rockeuse de Nashville Amelia White offrait une performance acoustique, seule, dans le pavillon d’accueil, où l’on sert aussi de quoi boire, de quoi grignoter et de délicieux déjeuners. C’est dans la philosophie de l’endroit : offrir le gîte aux artistes en échange d’une performance pour les clients et les gens du coin.

Consultez le site de Tourists (en anglais)