Le comédien Jeff Boudreault est passionné de moto. Cet été, il est parti à l’aventure sur les sentiers du Sud-Ouest américain. Quatrième et dernier coup de sonde avec le motard, qui est revenu au Québec le 14 août dernier.
Depuis notre dernier entretien, Jeff Boudreault a littéralement traversé le continent. D’abord en passant par Napa Valley et Lake Tahoe, avant de tacler de nouveau les sentiers de la Backcountry Discovery Route (BDR).
« Avec mes expériences en début de voyage, j’étais conscient qu’on ne voit presque jamais personne sur la BDR, mais c’était plus fort que moi, je voulais en faire un bout en Californie. Je me suis encore retrouvé dans le sable, et je suis même tombé sur des traces de cougar, accompagnées d’excréments frais… J’ai commencé à m’inquiéter un peu, j’ai donc décidé à ce moment-là de ne plus retourner dans les trails avant l’État de New York. »
De retour en Arizona, le comédien québécois s’est dirigé vers Jerome, petite bourgade où il devait jouer dans un film il y a quelques années, projet qui est finalement tombé à l’eau.
« J’ai connu l’endroit grâce au réalisateur, qui cherchait un comédien qui roule à moto, se rappelle-t-il. Je comprends maintenant son attirance pour l’endroit ; c’est très atypique, avec un sérieux côté champ gauche. Il y avait 10 000 personnes qui vivaient ici au XIXe siècle, mais la ville a brûlé trois fois, il y a eu énormément de morts.
« On surfe d’ailleurs beaucoup sur sa réputation de village fantôme, enchaîne-t-il. Au resto, j’ai dit à mon serveur que je logeais au Grand Hotel. Il m’a répondu qu’il s’agissait d’un ancien hôpital réputé pour être hanté… J’ai ri, mais il ne me niaisait pas… Il m’a ensuite demandé à quel étage je logeais. Au premier. ‟Tant mieux, car c’est au troisième que ça brasse », m’a-t-il dit… Disons que ça m’a donné le goût de retravailler le scénario du film. »
Après un arrêt au fameux Big Texan Steak Ranch — on y sert des steaks de 2 kg —, le comédien a filé droit vers le Tennessee. « Je suis resté quatre jours à Memphis. Je suis notamment allé chez Sun Records, car j’aime ces endroits qui transcendent, soutient-il. Johnny Cash est venu ici, Elvis aussi. Justement, j’ai visité Graceland le lendemain, c’est immense, comme une espèce de Quartier DIX30 d’Elvis. Je me suis payé le gros kit avec un guide personnel ; à 16 h, je n’avais pas encore fini de faire le tour ! »
Gros coup de cœur ensuite pour Nashville, où le comédien a célébré son 48e anniversaire, le 2 août.
Être seul m’a fait toutefois plonger dans un état nostalgique, jusqu’à ce que je croise par hasard deux Québécois dans un bar, avec qui j’ai finalement passé la journée et la soirée. Je ne suis pas croyant, mais je pense vraiment avoir croisé des anges au fil de mon voyage. Les deux Français sur la BDR en Utah, ce couple-là à Nashville… Après quoi, j’ai reçu un courriel inattendu de Brigitte Bélanger-Warner, représentante canadienne de la Corporation touristique de Virginie, qui m’a invité à visiter la maison de Thomas Jefferson.
Jeff Boudreault
Jeff Boudreault a finalement mis le cap vers Copake, dans l’État de New York, où des amis sont venus le rejoindre pour l’accompagner jusqu’au Québec par la BDR de la Nouvelle-Angleterre.
« Dans la dernière heure dans mon casque, le dimanche 14 août, j’ai trouvé ça dur, avoue-t-il avec émotion. Les images se bousculaient dans ma tête, j’ai réalisé que c’était la fin d’un été extraordinaire, la fin d’une belle aventure. J’ai vu des paysages grandioses, rencontré des gens exceptionnels. J’ai exploré des parties de moi que je connaissais un peu moins. Je voulais faire un Compostelle à moto et j’y suis parvenu. Un conseil : on a juste un lever de rideau dans notre vie, alors si vous le pouvez, vivez vos rêves, allez jusqu’au bout. »