« Le Maine, c’est vraiment notre place ! », lance Michelle Sauvé, qui s’apprête à retrouver Biddeford Pool, au sud d’Old Orchard, où elle passe deux semaines de vacances avec sa famille et sept autres depuis environ 30 ans. Ce retour postpandémique n’a pas été simple à organiser… parce que les maisons à louer se font plus rares et plus chères. Mais pas question pour elle, comme pour nombre de Québécois, de se laisser décourager par l’inflation.

« On a perdu notre maison dans le Maine, dit Michelle Sauvé. Mais notre agence nous en a proposé une différente pour une semaine, et nous en avons loué une plus petite, ailleurs, pour l’autre. »

« Il n’y a presque plus de maisons sur le marché, poursuit la femme de 62 ans qui habite à Beaconsfield. Les gens qui achètent aujourd’hui ont davantage d’argent et n’ont plus besoin de louer leur maison. »

Conséquence : les prix montent. La famille doit débourser 1500 $ US de plus par semaine qu’avant la pandémie, soit autour de 5000 $ US pour une maison qui peut accueillir neuf personnes, enfants et petits-enfants compris. Et à ce prix-là, la maison n’est même pas en bord de plage…

Michelle Sauvé ajoute que tous les amis qu’elle va retrouver là-bas cet été comme auparavant, et qui ont l’habitude de faire du vélo ou de jouer au golf ensemble, « ont eu beaucoup de difficulté » à trouver un endroit à louer.

À l’agence Jean Knapp Rentals d’Ogunquit, le gestionnaire des locations de vacances John Guy reconnaît qu’il n’a pas été simple de « protéger » les semaines des clients québécois qui ont été privés de Maine depuis 2020. « Entre 35 % et 40 % de nos clients parlent français, et certains louent la même maison depuis des dizaines d’années, dit-il. On tient à eux. En fin de compte, ils pourront en majorité revenir pendant leurs semaines habituelles parce qu’ils ont reporté leurs réservations d’année en année. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La plage d’Old Orchard, en juillet 2018

« Les Canadiens sont vraiment de retour ! »

À Ogunquit comme à Old Orchard Beach, les Québécois sont déjà de retour, surtout depuis la fin de mai. Et leur nombre ne fera que croître au cours des prochaines semaines, se réjouissent les hôteliers joints par La Presse.

« À certains moments de l’été, les Canadiens français compte pour 40 % ou 50 % de notre clientèle, explique Kevin Zheng, employé au motel Beau Rivage d’Old Orchard. On est très contents de les revoir, parce que nos deux derniers étés ont été plus difficiles. On a eu des clients d’ailleurs aux États-Unis, d’aussi loin que l’Oregon, mais pas autant. Cette année, on affiche déjà complet pour certaines périodes. »

Même son de cloche au Sea Cliff House, toujours à Old Orchard. « Presque tout est loué pour juillet et août, raconte Ily, une employée à la réception. Les Canadiens sont vraiment de retour ! »

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À Ogunquit comme à Old Orchard Beach, les Québécois sont déjà de retour, surtout depuis la fin de mai.

Et les prix ? Les deux établissements reconnaissent qu’ils ont monté, mais « raisonnablement », estiment-ils. « Il faut rester compétitifs », dit-on au Sea Cliff House, où une chambre pour deux s’affiche à partir de 209 $ US la nuit à la fin d’août. « Nos prix sont restés très semblables », assure-t-on du côté du Beau Rivage, qui propose des nuitées à 189 $ US pour la même période.

Inflation ou pas, Michelle Sauvé n’a jamais remis en question ses vacances dans le Maine. « Ça fait deux ans depuis la dernière fois, alors on y va, lance-t-elle. Ça représente tellement quelque chose d’important pour la famille… Et puis, on a essayé les Îles-de-la-Madeleine l’an passé, mais on n’a pas été chanceux : on a eu huit jours de pluie et de vent sur les dix passés là-bas. »

« En fait, la seule chose qui me ferait douter d’y retourner, conclut Michelle Sauvé, c’est si Trump revient ! »