(New York) Les Européens en « rêvaient » : après 20 mois de fermeture des frontières américaines due à la pandémie, New York rouvre ses bras aux visiteurs du Vieux continent même si la Grosse Pomme ne retrouvera qu’en 2024 son effervescence touristique d’avant la crise.

Le 8 novembre, les États-Unis ont fini par lever leur « interdiction de voyage » aux visiteurs étrangers « non essentiels » en provenance d’une trentaine de pays, dont ceux de l’espace européen Schengen, du Royaume-Uni, de Chine, d’Inde ou de Russie. À la condition d’être complètement vaccinés.

Et depuis quelques jours, l’île de Manhattan — poumon économique mondial et aimant touristique international — est nettement plus animée, avec une amorce de retour des Européens.

À l’instar d’Eglantine Lasserre, une Bordelaise de 40 ans, qui, dès lundi, a pris le premier avion depuis la France : « New York a toujours été un rêve. Quand j’ai entendu parler de la réouverture des frontières, j’ai sauté sur l’occasion et suis arrivée directement le 8 novembre », raconte-t-elle tout sourire à l’AFP, au milieu du célébrissime décor d’écrans géants publicitaires de Times Square.

Mosaïque urbaine

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Les autobus de touristes ont repris du service.

Alexis Maynier aussi, un agriculteur de 33 ans dans l’Aveyron, déambule pour la toute première fois sur Broadway, la 5e Avenue et dans les méandres de Central Park, sous le ciel bleu azur et la belle lumière d’automne de la côte Est des États-Unis.

Avec sa femme Camille, ils se sont sentis « beaucoup contraints » par près de deux années de pandémie en France, ont eu « envie de reprendre des activités plus normales et de profiter » de l’incroyable mosaïque urbaine que forment New York et ses cinq arrondissements (Manhattan, Brooklyn, Queens, le Bronx et Staten Island).

De fait, le « tourisme est le moteur économique » de la plus grande ville des États-Unis, souligne Chris Heywood, vice-président de NYC & Company, l’office de tourisme de la ville.

En 2019, New York avait accueilli « 66,6 millions de visiteurs » américains et étrangers, représentant un poids économique de « 70 milliards de dollars » et de « 403 000 emplois », détaille pour l’AFP le responsable, dans une métropole de plus de huit millions d’habitants et dont le budget municipal tutoie les 100 milliards de dollars.

Avec « 8,5 millions de visiteurs internationaux » espérés en 2022, Chris Heywood reconnaît que New York aura besoin de « quelques années pour être pleinement de retour » dans la compétition touristique mondiale face à Paris, Londres ou Rome.

« Nous tablons sur la fin de 2024 pour retrouver les niveaux de 2019 », prédit-il.

New York revient de loin

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Les magasins de souvenirs sont heureux du retour des touristes.

De fait, la ville revient de très loin.

En 2020, New York était méconnaissable : les artères de Manhattan désertées pendant des semaines comme dans un film de science-fiction, les services hospitaliers et funéraires débordés par une épidémie de COVID-19 qui a tué au moins 34 000 personnes, les habitants terrés et autoconfinés chez eux avec pour seule sortie des courses de première nécessité.

Rafael Delazari, un sexagénaire brésilien résidant en Sardaigne a lui aussi vécu durement la pandémie et les « confinements » en Italie. Il a donc réservé à New York et à son mythique Empire State Building son premier voyage à l’étranger depuis près de deux ans, heureux de se retrouver « dans la capitale du monde ».

Traumatisée par l’épidémie, New York impose depuis septembre à ses visiteurs l’obligation vaccinale pour ses musées, salles de spectacle, restaurants…

Rien que de très normal pour Églantine Lasserre : « On se sent complètement en sécurité et on aurait même tendance à oublier tout ce que l’on a vécu et du coup ça fait du bien ».