Des champs s'étendant jusqu'à l'horizon, des maisons réduites à des boîtes d'allumettes, des rivières semblables à des filets d'eau... quelles merveilles réserve le Québec d'en haut ! En autogire, en deltaplane ou en montgolfière, les moyens ne manquent pas pour déployer ses ailes et découvrir la province sous un jour nouveau.

Planer par-delà les Montérégiennes



Extrait de conversation, en plein ciel montérégien, sous les ailes d'un deltaplane:

- «C'est incroyable la vue qu'on a d'ici sur les champs de radis.»

- «Oui, c'est beau, sauf que les radis, ce sont des pommiers dans un verger...»

Le sens de la perspective n'est pas la seule chose que l'on perd lors d'une envolée en deltaplane. Les jambes deviennent comme du coton quand on se glisse pour la première fois dans le harnais de sangles, sous la grande aile. Pendu comme un jambon, on est privé ce qui nous restait de contenance en quittant le si rassurant plancher des vaches, remorqué par un filin de métal derrière un ultraléger motorisé. Et on saute quelques battements cardiaques quand ce fil est coupé et qu'on se retrouve à voler. Vraiment.

Rapidement toutefois, la peur fait place à un étonnant sentiment de liberté. Et de sérénité.

À 800 m d'altitude, les tracas de ceux qui vivent en miniature à nos pieds nous semblent complètement étrangers. Seul le vent compte... et lui seul nous sert de trame sonore.

«On plane comme des oiseaux», lance Alexandre Ménard, instructeur de deltaplane chez Distance vol libre, qui m'accompagne pour ce baptême de l'air en tandem.

Oui, on plane avec les oiseaux et même plus haut. Juste sous nos pieds, deux urubus à tête rouge font de grands cercles au-dessus du mont Yamaska, avec ses arbres touffus qui ressemblent à des brocolis, vus d'ici. Le spectacle a quelque chose d'émouvant...

Décor étourdissant

Alors qu'Alexandre manoeuvre habilement le deltaplane, légère structure de carbone et de toile synthétique, le paysage se dévoile à des kilomètres à la ronde. Le décollage s'est fait de Saint-Paul-d'Abbotsford; à pleine altitude, il suffit de tourner la tête pour embrasser du regard Montréal (avec son Stade olympique qui se profile derrière le mont Saint-Hilaire), la Montérégie, les Appalaches et même le lac Champlain, qui miroite au loin.

Sous nos harnais, champs et vergers forment une courtepointe de verts tendres ou foncés, émaillée de points rouges (des tracteurs!) contrastant dans le décor. On a beau être passé 10 fois au-dessus des montérégiennes en avion, l'expérience est totalement différente dans ce silence. Plus contemplative. Plus exaltante. Et parfois plus étourdissante.

Selon les désirs de son compagnon de vol, Alexandre Ménard peut ajouter à l'itinéraire quelques vrilles et quelques moments de (douces) frayeurs, lorsque le deltaplane devient inerte pour quelques secondes, «décroché» du vent comme le veut le jargon. Pour repartir? Un petit piqué du nez. Comme dans une descente de montagne russe, on a l'impression que le coeur reste en haut!

Résultat: on atterrit un peu groggy, mais totalement séduit. Depuis Icare jusqu'aux frères Wright, l'homme a toujours rêvé de voler; on comprend mieux cette quête insensée lorsqu'on se retrouve suspendu dans le ciel, comme ces deux urubus en quête d'un dîner.

Distance Vol Libre offre des vols d'initiation au deltaplane, en parapente et en ultraléger motorisé.

En deltaplane, la durée de vol est d'environ 15 minutes (incluant le remorquage en ultraléger).

Poids maximal: 100 kg (220 lb). Prix: 235$ (plus taxes).

Info: www.dvl.ca