Quand on planifie ses vacances, on pense rarement à visiter des usines et des centrales électriques. Ce sont pourtant des lieux instructifs et divertissants, tant pour les petits que pour les grands.

La série télévisée québécoise Comment c'est fait offre une incursion dans les usines qui fabriquent les produits que nous consommons tous les jours. Elle connaît un vif succès partout dans le monde. Cet été, pourquoi ne pas plonger à pieds joints dans cet univers fascinant?

Il n'est pas si facile de trouver des installations industrielles ouvertes au public. Plusieurs entreprises ne consacrent pas de ressources à l'organisation de visites. Et celles qui ouvrent leurs portes se font souvent discrètes, comme si elles avaient peur d'être déjouées par des espions industriels... ou prises d'assaut par des hordes de touristes!

La réticence est particulièrement grande dans l'industrie alimentaire, qui est soumise à des règles de salubrité strictes. Aucune usine d'envergure de ce secteur n'est actuellement ouverte au public au Québec. Il a déjà été possible de mettre les pieds dans l'usine de Biscuits Leclerc à Saint-Augustin-de-Desmaures, en banlieue de Québec, mais les visites ont pris fin avec la fermeture du musée de l'entreprise, en 2009.

Chez Olymel, le plus important fabricant de produits de porc et de volaille au Québec, on offre des visites d'usine aux partenaires commerciaux de l'entreprise et aux familles des employés, mais pas au grand public. «On ne fait pas dans le tourisme», lance Richard Vigneault, porte-parole d'Olymel, en soulignant qu'il faudrait engranger des «sommes considérables» pour faire en sorte qu'une usine puisse accueillir des visites quotidiennes. Même son de cloche chez Agropur et Saputo.

La meilleure façon d'en apprendre plus sur la transformation alimentaire, c'est de se rendre dans les entreprises de plus petite taille. Bon nombre de fromageries, de meuneries, de microbrasseries, de cidreries et de vignobles accueillent les visiteurs à bras ouverts. En fait, ces producteurs tirent souvent une part importante de leurs revenus des ventes faites sur place.

Cela dit, pour une expérience hors de l'ordinaire, il n'y a rien comme de se rendre sur un véritable site industriel. Au Québec, il est possible de visiter deux alumineries, deux usines de papier, une mine à ciel ouvert, onze centrales d'Hydro-Québec et l'usine qui construit les célèbres motoneiges Ski-Doo. Nous avons visité pour vous trois installations industrielles ouvertes au public et situées à moins de deux heures de route de Montréal. Suivez le guide!



Bombardier Produits Récréatifs

VALCOURT - Valcourt, c'est le berceau de l'un des entrepreneurs les plus connus de la province, Joseph-Armand Bombardier. C'est aussi le seul endroit au Québec où il est possible de voir de près une chaîne de montage d'envergure.

« La partie la plus vieille de l'usine actuelle remonte à 1947 », raconte le guide Mathieu Côté. À l'époque, l'entreprise construisait les fameuses autoneiges B12, d'une capacité de 12 passagers.

Les installations ont été agrandies à plusieurs reprises au fil des ans, de sorte qu'aujourd'hui, elles s'étendent sur quelque 800 000 pi2, soit près de 14 terrains de football (en incluant les différents bâtiments).

Après avoir enfilé les chaussures et les lunettes de sécurité, la visite de l'usine peut commencer. On fait d'abord le tour de la zone d'entreposage et des laboratoires de tests. L'intérêt grandit quand on entre dans la salle où d'immenses machines fabriquent et soudent des pièces de métal pour les motoneiges et les motos à trois roues Spyder. Flammèches à profusion!

Mais le meilleur reste à venir. On monte à l'étage pour accéder à la passerelle surplombant la chaîne de montage, qui est constamment en mouvement. Ici, la vue est impressionnante. En quelques coups d'oeil, on peut observer les principales étapes de l'assemblage d'une motoneige: pose des autocollants sur les coques, installation du moteur, jumelage de la coque et du châssis inférieur, pose des skis et exécution des tests.

« Les visiteurs aiment voir l'organisation du travail dans l'usine, précise M. Côté. Ils sont étonnés de voir que personne ici n'est stressé, même si la chaîne avance sans arrêt. Mais pour briser la monotonie, les travailleurs changent de tâche aux deux heures. »

_____________________

museebombardier.com

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Cascades

Kingsey Falls - En arrivant à Kingsey Falls, dans le Centre-du-Québec, c'est frappant: Cascades est partout. On trouve dans la ville de 2000 habitants une dizaine d'usines et d'unités d'affaires de l'entreprise, qui emploient en tout 1400 personnes.

Il est possible de visiter la plus grande d'entre elles, celle qui fabrique du papier hygiénique, des mouchoirs, des serviettes de table et du papier essuie-mains.

La visite commence par une vidéo relatant les débuts de Cascades, en 1964. Antonio Lemaire et ses fils Bernard, Laurent et Alain ont alors relancé une usine abandonnée datant de la fin du XIXe siècle. Ils allaient se démarquer en utilisant du papier récupéré comme matière première.

Dans l'usine, on peut voir, à distance, les ballots de vieux papiers et les immenses triturateurs qui les transforment en pâte. Comme il est impossible de s'approcher des machines, des vidéos expliquent le processus de transformation au moyen d'animations.

Il est particulièrement saisissant de voir les gigantesques bobines de papier, qui pèsent plus de trois tonnes chacune, suspendues dans les airs ou entreposées en hautes piles. Chaque jour, 20 semi-remorques quittent l'usine remplis de ces bobines et de produits finis.

Pour les enfants et les adolescents, toutefois, la partie la plus intéressante est probablement la zone d'emballage. C'est là que le papier tissu est taillé pour prendre la forme de mouchoirs ou de papier hygiénique, avant d'être placé dans des boîtes à la vitesse de l'éclair.

Avant ou après la visite, prévoyez un peu de temps pour faire le tour de Kingsey Falls: déambulez dans le magnifique parc Marie-Victorin et restaurez-vous au bistro Caserne 409. Avec un peu de chance, vous pourriez rencontrer Alain Lemaire, qui habite toujours la ville.

___________________

parcmarievictorin.com

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Centrale de Beauharnois d'Hydro-Québec

Beauharnois - Située à moins d'une heure de route de Montréal, la centrale de Beauharnois est méconnue. Elle cumule pourtant les superlatifs.

C'est l'une des plus vieilles centrales au Québec: sa construction a débuté en 1929. Dotée d'un barrage de près d'un kilomètre, l'un des plus longs au monde, c'est la cinquième centrale d'Hydro-Québec en importance, devant Manic-5.

La centrale de Beauharnois n'est pas seulement imposante, elle est aussi élégante. Son architecture Art déco continue d'être soigneusement préservée par la société d'État.

La centrale compte pas moins de 38 groupes turbines-alternateurs alignés au-dessus du canal de Beauharnois. C'est à l'intérieur de ces grosses boîtes vertes qu'est produite une partie de l'électricité consommée dans la région de Montréal. Chaque seconde, l'équivalent de l'eau contenue dans trois piscines olympiques passe par là, et ça s'entend.

Le guide emmène ensuite les visiteurs sur le toit de la centrale, où il est possible d'admirer le canal de Beauharnois, les navires circulant sur la Voie maritime du Saint-Laurent, l'un des ponts de l'autoroute 30, L'Île-Perrot et un immense fleurdelysé gazonné.

Au début de la visite, on retrace l'histoire de la centrale. On y apprend notamment que le site de Beauharnois a été choisi parce qu'il permet de profiter pleinement du dénivelé de 24 m existant sur le fleuve Saint-Laurent entre le lac Saint-François et le lac Saint-Louis. La présentation ne dit toutefois rien sur les pots-de-vin de 700 000 $ que la Beauharnois Light, Heat and Power a versés au Parti libéral du Canada et au Parti libéral du Québec pour obtenir le droit de dériver les eaux du fleuve.

Lieu historique national depuis 1990, la centrale de Beauharnois fait l'objet d'importants travaux de réfection. Le chantier a coûté pas moins de 1,6 milliard jusqu'ici.

______________________

hydroquebec.com/visitez

PHOTO FOURNIE PAR HYDRO-QUÉBEC

D'autres installations à visiter

Mine Canadian Malartic

Située à Malartic, en Abitibi, c'est la plus importante mine à ciel ouvert au Canada. Le Musée minéralogique de l'Abitibi-Témiscamingue y organise des visites jusqu'en septembre. Informations et réservations: 819 757-4677.

museemalartic.qc.ca

La Cité de l'Or, Val-d'Or

Cette ancienne installation de Val-d'Or est le seul endroit au Québec où l'on peut avoir une petite idée de la vie des travailleurs d'une mine souterraine.

http://www.citedelor.com/fr-ca/index.php

Aluminerie Alouette, Sept-Îles

De la fin juin à la mi-août, il est possible de visiter gratuitement la plus importante aluminerie des Amériques, située à Sept-Îles. Informations et réservations: 418 964-7342

http://tourismecote-nord.com

Usine Alma de Rio Tinto Alcan

Cette aluminerie inaugurée en 2001 est l'un des joyaux de Rio Tinto Alcan. Du 22 juin au 14 août, on pourra la visiter gratuitement du lundi au vendredi, à 12 h et à 14 h. Informations et réservations: 877 668-3611 Usine Norampac, Témiscouata

Cette usine de carton appartenant à Cascades, située dans le Bas-Saint-Laurent, offre des visites guidées pendant l'été. Informations et réservations: 418 854-2803

http://www.bonjourquebec.com

Les économusées

Une trentaine de producteurs artisanaux québécois ouvrent leurs portes au public pour faire partager leur passion.

http://qc.economusee.com/fr