Certains sont célèbres, d'autres presque inconnus, mais ils offrent presque tous des points de vue saisissants. Visite de Québec par ses escaliers.

On ne peut pas prétendre connaître Québec sans en avoir foulé une bonne centaine de marches, opine Marie-Ève Bonenfant, auteur du livre Les escaliers publics en fer de la ville de Québec. «Ils sont indissociables de l'histoire de la ville: le premier est apparu sur une carte de la capitale en 1640!»

Bien sûr, certains sont connus et archiconnus, comme le Casse-cou, vedette des cartes postales du petit Champlain. Mais qui a déjà emprunté le minuscule escalier du chien (12 marches), un des deux seuls derniers passages historiques construits entre deux maisons de la rue Saint-Paul? Et qui s'est déjà aventuré à prendre le plus long escalier de tous, l'escalier du Cap-Blanc, qui relie en 398 marches les rives du fleuve Saint-Laurent aux plaines d'Abraham?

La Ville de Québec n'ayant pas encore créé de circuit centré sur ses escaliers, l'une des meilleures options à la disposition des touristes est de suivre -à son rythme- un parcours tracé par les responsables du Défi des escaliers de Québec, marathon annuel qui met au défi des centaines de coureurs de parcourir en un temps record le plus grand nombre de marches possible.

Un point de départ agréable est l'escalier du Faubourg, situé juste au nord du parc Saint-Roch, en plein coeur du nouveau quartier en vogue de Québec. Construit d'abord en bois en 1858, il a longtemps été surnommé l'escalier du Soleil, du nom du quotidien qui a eu ses premiers bureaux juste à côté. Quatre-vingt-dix-huit marches plus haut, la vue sur le nord de la ville et les Laurentides mérite amplement quelques raideurs aux mollets. Les moins sportifs apprécieront l'ascenseur attenant, et gratuit, pour un démarrage tout en douceur du voyage.

Symboles du modernisme

Sitôt en haut, on redescendra par l'escalier de la Chapelle qui offre, en prime, la possibilité de faire une pause dans un restaurant situé à mi-chemin. Petite incursion entre les maisons de la rue Saint-Vallier avant de gravir l'escalier Lépine, l'un des plus remarquables du circuit, orné de deux délicates arches en fer forgé.

Au moment de leur construction, au milieu du XIXe siècle, l'escalier Lépine et son cousin du Faubourg sont des symboles de modernisme et ils font la fierté des autorités municipales. Les bourgeois de la haute-ville les fréquentent assidûment pour faire leurs emplettes dans les grands magasins de la rue Saint-Joseph. Même si les femmes se plaignent que les marches en fer abîment leurs chaussures à talons hauts.

De montées en descentes, en passant par les ruelles et en jetant des regards indiscrets sur la cour arrière de magnifiques maisons, le marcheur se retrouvera bien vite en plein coeur du Vieux-Québec, au pied du Casse-cou. Un incontournable. Cet escalier est évoqué dans les guides touristiques dès la fin du XIXe siècle et il a été immortalisé en 1953 par Alfred Hitchcock dans le film I Confess.

C'est ensuite le moment de pousser un peu plus loin que la majorité des touristes pour emprunter la rue Saint-Denis -étonnamment peu fréquentée- et de s'élancer vers l'escalier de la Citadelle pour l'une des plus belles vues sur le Château Frontenac et le port.

Puis, si on a encore de l'énergie, on file sur le boulevard Champlain, en longeant le fleuve, pour rejoindre le long escalier du Cap-Blanc, qui mène tout droit aux plaines d'Abraham, endroit idéal pour un petit pique-nique. À moins d'aller casser la croûte quelques enjambées plus loin, rue Cartier, bordée de cafés et de petits restaurants agréables.

Le retour peut alors se faire en douceur par les quartiers Saint-Jean-Baptiste, Montcalm et Saint-Sauveur. Au passage, il faudra bien ouvrir les yeux même si, de prime abord, le circuit semble moins intéressant sur le plan architectural. Ici, on n'est pas dans le Vieux-Québec artificiellement peuplé d'hôtels et de boutiques, mais dans un quartier résidentiel.

C'est ça, aussi, prendre le pouls d'une ville.

À savoir

Deux circuits de 10 km et 17 km peuvent être téléchargés gratuitement sur le site du marathon: marathonquebec.com. L'idéal est de suivre le circuit de 17 km (plus complet dans le Vieux-Québec que celui de 10 km), mais de tronquer la boucle à l'ouest des plaines d'Abraham, moins intéressante sur le plan touristique. Après l'escalier du Cap-Blanc, il suffit de traverser les Plaines, puis le boulevard Grande-Allée pour descendre la rue Salaberry ou la rue Cartier et reprendre le circuit à l'escalier Colbert. Dans tous les cas, munissez-vous d'une carte détaillée de la ville, offerte gratuitement dans tous les bureaux d'information touristique et la plupart des hôtels.

1-Escalier du Faubourg, 2- Escalier Lépine, 3- Escalier Frontenac, 4- Escalier du Cap-Blanc