On traverse le centre-ville pour se rendre au travail ou magasiner. Rarement pour observer son architecture. «Montréal moderne, portrait sonore», un audioguide, le présente à travers l'oeil d'architectes.

La particularité de cette promenade, c'est que ce Montréal moderne n'est pas seulement celui des dernières années. Ce sont toutes ces constructions qui, tour à tour, ont incarné une certaine innovation.

On pense au Vieux-Port. Au début du 20e siècle, il était à l'avant-garde avec ses silos, ses quais surélevés, ses systèmes de transport du grain et ses élévateurs. Il a permis à Montréal de devenir le deuxième port le plus important d'Amérique du Nord, après New York, à compter de 1914.

D'autres lieux visités par l'audioguide vont de soi. Par exemple, Habitat 67. Malgré ses 43 ans, ses 354 modules de béton et 158 appartements évoquent encore aujourd'hui une architecture moderne. Le créateur du projet, Moshe Safdie, l'a imaginé pour proposer une façon nouvelle de vivre ensemble. «Habitat 67 représente un principe encore à appliquer», note-t-on sur l'enregistrement.

En marchant vers la rue McGill, on imagine un quartier industriel et résidentiel moderne du 19e siècle, avec son vacarme, sa poussière et ses odeurs nauséabondes. Puis, des magasins-entrepôts et des tours à bureau, de cinq et 10 étages, sont apparus sur cette grande artère. Les premiers édifices montréalais construits en hauteur. «Sous leur apparence historique, les grands bâtiments construits au début du 20e siècle sont très modernes, tant par leur programme d'usage que par leur technique constructive», assure France Vaniaethem, notamment directrice du DESS en architecture moderne et patrimoine à l'École de design de l'UQAM.

L'audioguide parle également de l'importance des compagnies ferroviaires dans le développement du «nouveau» centre-ville. On peut penser à l'hôtel Reine Elizabeth et à la Gare centrale, un projet à l'origine du Montréal souterrain. Sa Salle des pas perdus, sans colonne, était la plus moderne en Amérique du Nord, dans les années 1940.

L'architecture en vedette

La balade guidée permet aussi de découvrir des architectes, dont le Québécois Roger d'Astous. Il a signé le Château Champlain, coin Metcalfe et de la Gauchetière, ainsi que les Habitations olympiques, dans les années 1960. «C'était, à l'époque, l'un des grands architectes que nous avons et qui a, par deux édifices, marqué l'imaginaire des Montréalais», dit Catherine Charlebois, muséologue.

On revoit des emblèmes de Montréal, telle la tour en forme de croix de la place Ville-Marie. C'est là l'intérêt de l'audioguide. On comprend davantage le souci architectural derrière ces structures de béton, d'acier et de vitre.

On apprend aussi les styles qui ont influencé les architectes. Le style international, pour la Tour de la Bourse. Le style brutaliste des années 1960, pour la Place Bonaventure, avec son béton texturé.

Et quelle n'est pas la surprise d'entendre la muséologue Catherine Charlebois parler de l'immeuble CIL (aujourd'hui Télus) comme d'un «bijou». De quoi faire voir différemment ce gratte-ciel au premier coup d'oeil si semblable à son voisin.

Il est possible de télécharger le contenu de l'audioguide sur l'internet pour son propre lecteur, au coût de 8 $. Sinon, on passe au Centre d'histoire de Montréal, point de départ de la randonnée guidée, pour louer un appareil, au même prix. Un plan papier accompagne la baladodiffusion. Elle dure un peu plus de deux heures.

L'audioguide est disponible ici: https://www.montrealmoderne.net

Photo: Archives La Presse

Au moment de leur construction, certains édifices de Montréal ont été parmi les plus modernes de leur époque.