J'ai découvert la Colombie-Britannique sur le tard, mais ce fut un véritable coup de foudre. Pour Vancouver-la-cool où je suis retourné une demi-douzaine de fois, pour Whistler et la délicieuse illusion de skier dans les Alpes. Et pour la vallée de l'Okanagan.

La première fois, l'Okanagan n'était qu'une étape logique entre Jasper et Vancouver. On m'avait dit la route des vins, les vergers luxuriants, mais après la fulgurante beauté des Rocheuses, qui transcende aisément tous les clichés commis en leur nom, il en fallait pas mal plus pour me séduire.

 

Le charme a si bien opéré que nous sommes restés six jours dans la vallée de l'Okanagan. Et quatre ans plus tard, en quittant le lac Louise, nous avons filé tout droit vers Penticton même si notre itinéraire nous entraînait plus au nord de la Colombie-Britannique.

Je ne connaissais Penticton que de nom: Andy Moog, le gardien numéro 2 du Canadien à l'époque, y était né. J'ai aimé dès le départ. Faut dire que la balade en voiture depuis Kelowna le long du lac Okanagan, le plus grand de la province, nous avait plutôt bien disposés. Toutes vitres baissées, nous avions traversé Peachland et Summerland et fait une pause sur la route entre deux vignobles et trois vergers pour contempler le paysage. Je me souviens encore de l'odeur des pêches, signe annonciateur du bonheur que nous aurions à goûter ces fruits bénis (pommes, cerises et autres abricots), tous plus juteux les uns que les autres.

Penticton, donc. Imaginez la plus belle journée de l'été, vous garez votre voiture au bord du lac Okanagan, en plein coeur de la ville. La seconde d'après, vous nagez dans l'eau douce en jetant un coup d'oeil sur la terrasse du sympathique restaurant de poissons où vous ferez bombance de l'autre côté de la rue.

La vallée de l'Okanagan, c'est évidemment les nombreux vignobles, de la maison renommée à la petite entreprise artisanale. C'est le marché du samedi matin à Penticton, où j'ai vu pour la première fois des produits certifiés bio. C'est, plus au sud, tout près de la frontière avec l'État de Washington, la plage familiale du lac Osoyoos et son désert de poche où les crotales sont aussi discrets qu'Ogopogo, le serpent géant du lac Okanagan que l'on dit plus vieux que son cousin du Loch Ness. C'est aussi, il faut le dire, une enfilade de motels et d'hôtels sur des rues parfaitement banales, et le bruit des motomarines qui gâche un peu le plaisir d'une journée à la plage.

Mais l'Okanagan, c'est surtout pour moi la douceur de vivre jumelée à l'attitude relaxe de la côte du Pacifique, contagieuse même pour le plus sérieux des visiteurs de l'est du pays. Vous m'auriez dit qu'un jour je passerais deux heures et demie affalé sur une chambre à air descendant le canal de la rivière Skaha à Penticton et que je triperais comme un enfant, je ne vous aurais pas cru.

Et pourtant...