Comment découvrir l'Italie sous un autre jour? En dormant chez des communautés religieuses qui ouvrent leurs portes aux touristes. En Italie, un grand nombre de communautés offrent de l'hébergement, dans presque toutes les régions. Voici trois adresses à découvrir, à Florence, Rome et Sorrente.
Florence
La bicyclette de soeur sourire
L'Istituto di Santa Elisabetta est situé dans un quartier cossu de maisons peintes aux couleurs de la Toscane, entourées d'une luxuriante végétation de fleurs, palmiers et arbres fruitiers.
La piste cyclable et piétonnière passe juste devant l'Institut, en montée vers la Piazzale Michelangelo avec sa vue magnifique sur Florence et les petites villes dans la montagne. Aucun signe particulier, à l'exception d'une sobre affiche gravée qui indique le nom de la communauté.
Le portail s'ouvre sur une cour intérieure verdoyante, bien aménagée, et une ambiance d'ordre et de calme se dégage dès l'arrivée dans cette très grande maison de trois étages. À l'intérieur, de longs escaliers et surprenants paliers à géométrie variable mènent aux chambres, en retrait des salles communes.
La chambre «sent le frais» et la salle de bains est petite, mais propre. Les lits sont confortables, le mobilier est simple, et la fenêtre ouverte laisse entrer des odeurs de printemps. Clin d'oeil: sur les taies d'oreiller sont brodées, à la main, les initiales de la maison.
En italien seulement, l'accueil est courtois et plutôt réservé. On y croise à l'occasion deux des religieuses, mais le plus souvent, elles sont occupées à leurs activités quotidiennes. Un soir, sur le chemin du retour, à quelques mètres de la maison, nous croisons «soeur sourire» à bicyclette et en habit de sport (longue robe et voile) qui revient de sa promenade. Elle nous attend au portail, nous échangeons quelques mots. Nous la revoyons quelques minutes plus tard prendre soin de ses fleurs avant la tombée de la nuit.
Le petit-déjeuner est servi à partir de 8h, dans une salle à manger aux larges fenêtres où se prélassent de bien belles orchidées. Sur les tables pour quatre personnes, de petits cartons où sont soigneusement inscrits les numéros des chambres nous indiquent discrètement où prendre place. Bien sûr, cette façon de faire oblige les visiteurs à établir une conversation du petit matin, mais elle en compense l'inconvénient par les échanges d'informations utiles, coups de coeur et découvertes des trésors de Florence et de la Toscane. Au menu: jus de fruits, céréales, yogourts, fromages, confitures et gâteaux. Un panier de petits pains frais, un thermos de café et un pichet de lait chaud sont servis au moment où l'on prend place et autrement, on se sert soi-même.
Le centre historique de Florence est à une trentaine de minutes de marche, soit par la piste cyclable et piétonnière qui longe l'Arno ou en explorant les petites rues étroites du quartier San Niccolò. Le bus passe en face de la maison. Un stationnement est disponible dans la cour arrière et le couvre-feu est à 23 h.
Istituto di Santa Elisabetta 46, viale Michelangelo, Florence
Rome
Discrétion et bon goût
La Casa Suore Preziosissimo Sangue est située dans une très petite rue en retrait des grandes artères. Une maison de quatre étages, bien entretenue, et sans signe particulier outre ses larges portes vitrées.
À l'accueil, soeur Hélène est le chef d'orchestre d'une équipe dynamique, jeune, attentive et polyglotte.
Dès le seuil d'entrée, les murs fraîchement peints en blanc, le mobilier aux lignes épurées et la décoration sobre et moderne donnent le ton: discrétion et bon goût. Au rez-de-chaussée, le grand salon est divisé en îlots et les larges portes-fenêtres ouvrent sur une jolie terrasse. La chambre est propre et bien insonorisée, avec téléphone, télévision et accès internet, et la salle de bains est particulièrement spacieuse. Coup de coeur: la porte-fenêtre donne sur le balcon et la vue donne sur les terrasses déjà fleuries situées «en hauteur», les tuiles rosées des toits du quartier et l'impressionnant Duomo du Vatican qui s'illumine peu à peu dans la nuit.
Au petit-déjeuner, dès 8h, un va-et-vient tranquille, un «Buon giorno!», quelques mots (ou pas) et aucune incitation à se joindre à d'autres personnes. La salle à manger est bien éclairée et pour le café, il y a une machine espresso! Soeur Hélène et un jeune homme assurent le renouvellement et la présentation soignée du repas. Au menu: jus de fruits, céréales, yogourts, viandes froides, pains frais, croissants, chocolatines, confitures et petits gâteaux. Le matin de Pâques, un savoureux panettone et des oeufs en chocolat étaient disposés sur une table spécialement décorée pour les enfants. D'ailleurs, compte tenu du congé scolaire à cette période, plusieurs familles italiennes étaient en voyage et, comme dans chacun des trois Istituti, les familles sont les bienvenues.
À une trentaine de minutes de marche se trouve la Cité du Vatican et, un peu plus loin, le centre historique de Rome. Dans l'autre direction, encore à une trentaine de minutes, on trouve les petits commerces d'alimentation et les restaurants du quartier. Les bus en direction du centre de Rome et de la Cité du Vatican passent de façon très régulière, juste au coin de la rue. Couvre-feu à 23 h.
Casa Suore Preziosissimo Sangue 8, via Santa Maria Mediatrice, Rome
Sorrente
Couchers de soleil et citronniers
Le large portail grillagé de la Scuola s'ouvre sur deux escaliers en pierre qui se rejoignent près du jardin. De là, la montée se poursuit vers l'imposante maison de trois étages, avec ses hautes portes-fenêtres et ses balcons. De part et d'autre de la façade, les deux ailes secondaires viennent former une cour intérieure avec arbres, arbustes et fleurs: une architecture qui est un rappel de ses nobles origines.
La chambre est propre, quoiqu'un peu «écho», mais suffisamment spacieuse pour accueillir une famille de quatre personnes. Le mobilier est d'une grande simplicité, deux des lits sont très confortables, mais les cirés (sur les lits destinés aux tout-petits) sont incommodants. La salle de bains est exiguë, la peinture mériterait d'être rafraîchie, et dans certains endroits moins fréquentés du bâtiment flotte une vague odeur d'humidité. Un pratique réfrigérateur communautaire est disponible dans le corridor.
Soeur Monika ouvre les volets de notre balcon. La vue: Naples de l'autre côté du Golfe, l'île d'Ischia, les pointes de la côte escarpée qui s'avancent dans la mer, le joli port de Sorrente, le va-et-vient des bateaux qui desservent les îles, un bateau de croisière l'ancre jetée pour la journée et juste là, à droite, l'imposant Vésuve. Nous sommes sans voix. Imaginez les couchers de soleil de la terrasse...
Le petit-déjeuner est servi à 8 h et, autour de la table ronde, la conversation sautille de l'anglais au français, à l'italien. Le menu est très simple: le pain présenté en tranches, deux thermos, café et lait chaud, sont déposés sur la table et renouvelés au besoin, de délicieuses confitures faites maison, grâce à la plantation de citronniers et d'orangers derrière l'immeuble. Chaque matin, un gâteau brioché qui semble faire la fierté de soeur Danièla.
Les deux religieuses qui assurent l'administration et l'accueil sont aussi des artistes qui peignent des fresques, des alcôves et reçoivent des stagiaires. Sur demande, il est possible de visiter leur atelier.
La Scuola est située à 20 minutes de marche des très belles rues animées du centre de Sorrente, d'où partent tous les jours plusieurs trains et autobus en direction du site de Pompéi, de Naples ou vers la côte Amalfitaine. Couvre-feu à minuit, stationnement accessible dans la cour.
Scuola Suore oblate del Bambino Gesu 377, corso Italia, Sorrente
À savoir
-Certaines communautés annoncent leurs services sur l'internet mais un grand nombre ne le fait pas encore. L'agence Italia Sixtina (www.sixtina.com) pourrait vous aider à faire des choix qui correspondent bien à vos critères.
-L'hébergement dans les istituti (communautés religieuses d'hommes et de femmes) peut être parfois un peu moins cher que les petits hôtels, parfois équivalent ou plus cher.
-À aucun moment, il n'a été fait allusion à des croyances religieuses, tout au plus voit-on un objet religieux discret ici ou là.