Train mythique, l'Orient Express va revivre à Paris le temps d'une exposition à l'Institut du Monde Arabe au printemps, alors que la SNCF, partenaire de l'événement, imagine de lancer d'ici 2020 un train croisière de luxe en Europe.

Une locomotive à vapeur, trois voitures et une voiture-restaurant du train légendaire qui reliait les capitales européennes à Istanbul, seront installées sur le parvis de l'IMA pour l'exposition Il était une fois l'Orient Express qui démarre le 4 avril.

Ces voitures des années 1920, classées monuments historiques, sont très lourdes et il a fallu planter de grands pieux en béton pour qu'elles ne s'enfoncent pas dans le stationnement souterrain, souligne Claude Mollard, commissaire de l'exposition.

Le chef Yannick Alenno ouvrira une table éphémère dans la voiture-restaurant: 40 couverts et un menu «dans l'esprit Orient Express, où l'on prenait le temps de cuisiner», explique-t-il. Consommé, soufflé, fricassée de volaille, dessert oriental seront au menu.

L'exposition, qui se tiendra jusqu'au 31 août, «sera un événement populaire, mais aussi de haute qualité intellectuelle et artistique», assure Jack Lang, président de l'IMA, lors d'un tour à bord de voitures de l'Orient Express organisé jeudi en région parisienne.

Sur 800 m2, l'IMA «proposera une traversée à travers une histoire agitée, qui a contribué à construire le monde moderne. Avec ce train, ce sont les empires austro-hongrois, ottoman, leur basculement, la naissance du monde arabe, la colonisation et la décolonisation que le visiteur verra défiler», poursuit M. Lang.

Au sens strict, l'Orient Express roulait de Paris à Istanbul. Mais il avait des prolongements jusqu'à Bagdad et Le Caire.

Inventé par l'ingénieur belge Georges Nagelmackers, fondateur de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, le train de luxe express fait son voyage inaugural entre Paris et Istanbul en 1883. Il achève sa course en tant que ligne régulière en 1977.

Train croisière à réinventer

La SNCF finance entièrement cette exposition d'un coût de 2,5 millions d'euros.

«J'espère qu'elle attirera au moins 500 000 visiteurs», déclare à l'AFP Frank Bernard, directeur du développement à la direction de la communication de la SNCF.

Pour la SNCF, qui a déposé la marque Orient Express en 1977 et a racheté plusieurs de ses voitures classées au groupe Accor en 2011, l'exposition est une «première étape».

L'Orient Express a une très forte notoriété, non seulement en Europe (80%), mais aussi dans d'autres parties du monde comme la Russie, l'Inde, la Chine, les États-Unis (70%).

«Il est grand temps de réinvestir la notion de voyage en nous appuyant sur cette très belle marque que nous avons laissé dormir pendant plus de trente ans», considère M. Bernard, également directeur général d'Orient Express, toute nouvelle filiale de la SNCF.

«Notre intention est de faire revivre le mythe de l'Orient Express dans les villes où il est passé» et de «repenser en même temps cet univers avec des partenaires», dit-il.

Objectif: «réinventer de toutes pièces le train croisière de luxe de demain, à l'horizon de trois à cinq ans, en tout cas avant 2020», selon M. Bernard.

«Cette aventure devra entièrement être financée, par des partenariats» et des produits qui seront lancés, précise M. Bernard. Il évalue l'investissement nécessaire «entre 30 et 40 millions d'euros».

La SNCF est à la recherche d'un partenaire pour l'hôtellerie de luxe. Elle a sans doute déjà trouvé pour la restauration avec Yannick Alleno. Le malletier de luxe Moynat relancé par Bernard Arnault et le leader de la literie Cauval sont déjà de la partie.

«Je suis convaincu qu'il y a un marché pour un train croisière de luxe entre Paris, Venise, Istanbul», déclare M. Bernard. Mais «cela ne marchera que si nos partenaires y trouvent un intérêt commercial».