Longtemps prisés par les Anglais pour sa douceur de vivre et ses prix attrayants, la France, du moins la région du sud-ouest semble, cet été, boudée par ses voisins d'outre-manche en raison de la crise économique et de la dépréciation de la livre sterling.

«Cette année, on a deux fois moins de Britanniques qu'à l'accoutumée», constate Galina Fenton, propriétaire de chambres d'hôtes à Châteauneuf-la-Forêt, qui pour la première fois depuis six ans est loin d'afficher complet en cette période estivale.Son sentiment est partagé par une majorité d'Anglais qui, au cours des dernières années, ont ouvert un grand nombre de «guest house» dans la région, accueillant essentiellement à une clientèle venue du Royaume Uni.

«On a environ 50 % de clientèle en moins par rapport à l'an dernier et cette désaffection touche plus les jeunes, qui sont les plus atteints par la crise, que les retraités», souligne Doug Ibbs, un Anglais qui tient une chambre d'hôte à Vidaillat.

«Cette année, nous avons quelques Canadiens, Australiens et Américains mais malheureusement cela ne compense pas la perte des touristes anglais et irlandais», affirme Eric Edgar, gérant d'un «bed and breakfast» situé à Saint-Crépin-Carlucet au coeur du Périgord noir.

«Ceux qui viennent restent moins longtemps qu'habituellement, un ou deux jours en moyenne au lieu de 4 ou 5 nuits», selon Penny Williams, propriétaire d'une chambre d'hôte en Charente.

A cette baisse de fréquentation, s'ajoute une baisse notable du train de vie des touristes contraints de se montrer particulièrement vigilants concernant leurs dépenses, devenues plus importantes en raison de la dépréciation de la livre sterling.

«Nous avons remarqué que beaucoup pique-niquent désormais dans le jardin plutôt que de dîner au restaurant», note M. Edgar.

C'est sûrement ce qui explique en partie le fait que les propriétaires de gîtes semblent moins touchés par cette désaffection et qu'au contraire, ils notent une hausse de la demande.

«Nous avons plus de monde que l'an dernier alors même que nous avons augmenté nos tarifs», s'étonne Paul, qui loue sa luxueuse villa à Ladornac (Dordogne) pour 1800 livres sterlings la semaine, en saison haute.

Les locataires sont souvent deux familles qui se partagent ainsi les frais de cette demeure équipée d'un mini-golf, d'une piscine et d'un jacuzzi. «Ils se font le plus souvent à manger sur place», affirme le propriétaire qui pense qu'une des raisons de son succès s'explique également par le fait que les locations peuvent être payées aussi bien en livres sterlings qu'en euros.

Une pratique partagée par de nombreux propriétaire de gîtes britanniques car «cela évite les mauvaises surprises (sur le taux de change), les gens savent exactement ce qu'ils vont payer», estime Debbie Stacey, dont le gîte lot-et-garonnais affiche complet.

Une étude du Comité régional du tourisme d'Aquitaine, datant de juillet, fait apparaître que si les Britanniques constituent toujours la première clientèle étrangère (25 % en 2006) dans la région, 55% des professionnels ont noté une baisse de leur fréquentation.