Lorsqu'elle est partie sur les sentiers parcourir une partie du Pacific Crest Trail (PCT), l'auteure de Wild était en quête de solitude et d'un défi capable de changer sa vie. Après le succès du livre de Cheryl Strayed et du film de Jean-Marc Vallée, le défi que représente ce sentier reste entier, mais la solitude est de plus en plus rare.

Un « effet Wild » se fait sentir sur le PCT et d'autres sentiers de la côte Ouest américaine, comme la John Muir Trail. Ce printemps, le PCT a même décidé de limiter pour la première fois le nombre de randonneurs au départ à la frontière mexicaine.

« Évidemment, le livre et le film Wild ont introduit le PCT à des millions de gens dans le monde. On ne peut prévoir ce que nous réserve l'effet Wild. Par contre, on constate cette année qu'il y a encore plus de gens que l'an passé », explique Jack Haskel, responsable de l'information aux usagers pour l'Association du PCT.

Il cite en exemple un documentaire allemand tourné l'été dernier dans le sentier. « Depuis, on n'a jamais eu autant d'intérêt des Allemands », dit M. Haskel, qui garde sur son bureau une copie du livre Wild en turc. « Je ne pense pas que beaucoup de Turcs connaissaient l'existence du sentier avant le livre », dit-il.

Le PCT traverse les États-Unis, de la frontière mexicaine jusqu'au Canada. Il est le pendant, sur la côte ouest, de l'Appalachian Trail sur la côte est. Le sentier de 4286 km a été créé en 1968. Chaque année, des centaines de randonneurs passent des mois sur les sentiers avec l'objectif de le compléter. L'année dernière, entre 500 et 600 randonneurs ont traversé le sentier en entier, sans compter ceux qui ont essayé, mais abandonné.

Mais le succès du PCT a forcé ses responsables à mettre la pédale douce. Ce printemps, l'Association du PCT a décidé de limiter à 50 le nombre de marcheurs qui peuvent s'élancer chaque jour de la frontière mexicaine.

« Le but est de mieux répartir les gens. On avait des journées avec 100 départs et le jour suivant, une dizaine », souligne Jack Haskel, responsable de l'information aux usagers pour l'Association du PCTPreuve de l'engouement pour la longue randonnée dans l'Ouest américain : depuis le début du mois d'avril, chaque jour, le maximum de 50 départs a été atteint.

Un phénomène similaire se produit, mais de façon beaucoup plus aiguë, sur le John Muir Trail (JMT). Ce sentier de 338 km fait partie du PCT. Il est réputé comme l'une de ses plus belles sections, passe par le parc de Yosemite et attire un nombre grandissant de randonneurs.

Dans les cinq dernières années, le nombre de demandes de permis pour le JMT a doublé. Les responsables du sentier ont donc décidé de mettre en place un quota et citent une dégradation de l'expérience et du cadre naturel.

« L'effet Wild » et l'engouement pour la longue randonnée soulèvent une question cruciale : quand de plus en plus de gens partent en quête de nature et de solitude dans le même coin de pays, que reste-t-il de cette nature et de cette solitude ?

« Ce sont des endroits fragiles qui passent près de cours d'eau cristalline, de forêts anciennes. Les gestionnaires de parcs auront tout un boulot pour protéger ces endroits, concède Jack Haskel, du PCT. Mais un des effets de Wild, ç'a été d'avoir plus de bénévoles que jamais, plus de donations que jamais. Ç'a été une bonne chose. Ça nous aide à protéger ces endroits. »

pcta.org