Des résidences merveilleusement préservées, de vastes territoires protégés et sillonnés de sentiers de randonnée, des paysages pastoraux et océaniques à perte de vue, des plages qui ne se ressemblent jamais. L'île de Martha's Vineyard est une destination balnéaire qui attire les gens les plus riches (et les présidents!) des États-Unis. Mais aussi les campeurs...

L'expérience Martha's Vineyard commence bien avant que l'on mette les pieds dans l'île. Pour y accéder, il faut monter à bord d'un traversier, à partir de Cape Cod, qui nous transporte en 45 minutes vers ce bout de terre sablonneuse. Sur le pont, on constate déjà la richesse des gens qui fréquentent les parages. Des voiliers naviguent en quantité astronomique entre le continent et les îles.

À bord du traversier, on a tout de suite le sentiment de faire partie d'un groupe sélect. Et on l'est, car avant de monter dans le bateau, il faut réserver sa place. Dès février, tous les vendredis et samedis de l'été affichent complet. Résultat: les retardataires restent à Cape Cod ou font la file en espérant des annulations.

Aussitôt débarqués à Vineyard Haven, l'une des six localités de l'île, on part à la recherche de ce qui sera notre camp de base pour les neuf prochains jours. À 3 km de là, entre les villas et les auberges chics, se cache le seul terrain de camping de l'île. Vaste, très bien tenu et possédant tout l'attirail pour divertir les enfants (terrain de soccer, de volleyball, de baseball, modules...), le Martha's Vineyard Family Campground permet aussi un accès direct au vaste réseau de pistes cyclables de l'île. À la fin du mois de juillet, les Québécois y sont nombreux. Les enfants se font rapidement des amis, pendant que les parents décompressent.

La vie à la plage

Flâner dans les cafés sympathiques et les rues commerciales des villages, faire de la randonnée dans les parcs naturels ou taquiner le poisson en haute mer, il y a de quoi s'occuper à Martha's Vineyard. Mais quand on est en famille, c'est la plage qui prime. Et justement, l'un des plaisirs d'y être, c'est de ne jamais visiter la même plage deux jours de suite.

Toutefois, on ne choisit pas la «plage du jour» à la légère. Un peu partout, la guerre du stationnement fait rage. Si le soleil brille de tous ses feux, il ne restera plus une seule place de stationnement libre après 11h pour les plus belles plages. Ne languissez donc pas trop au petit-déjeuner.

Si vous aimez une eau calme et plus chaude, vous pouvez piquer votre parasol sur les étendues de sable face à Cape Cod. Si vous préférez les bonnes vagues et une eau plus rafraîchissante (environ 20ºC), direction «up-island», où le littoral borde l'Atlantique. La particularité de l'endroit, c'est que toutes les plages sont différentes. Chacune possède ses attraits exclusifs.

Notre choix: le territoire protégé de 632 acres de Long Point, à 30 minutes du camping. Dans un décor merveilleux, avec sentiers de randonnée, on trouve deux plages. La première donne sur un lac salé et hyperchaud (les enfants adorent) et la deuxième fait face à la mer, et s'étire sur plusieurs kilomètres.

Toutefois, on ne se rend pas à Martha's Vineyard sans faire un détour par la plage d'Aquinnah, l'un des attraits majeurs de l'île, où se trouvent d'immenses falaises d'argile aux différentes teintes rougeâtres.

Mais tout n'est pas parfait. Un inconvénient agace de nombreux vacanciers: la distance séparant les parcs de stationnement des plages. Parfois, il faut marcher jusqu'à 15 minutes pour atteindre la mer. Avec la glacière, les chaises pliantes, le parasol, les serviettes, les enfants et la chaleur, ce trajet peut se transformer en calvaire. Sauf que c'est le prix à payer pour se faire bronzer sur des plages exceptionnelles, sans un seul hôtel à proximité.

Villages pittoresques

Martha's Vineyard a su résister à la construction débridée qui caractérise plusieurs stations balnéaires. Les insulaires (15 000 en hiver, 75 000 en été) préservent jalousement leur milieu de vie, tout en apportant un soin maniaque à l'entretien de leurs maisons. Les aménagements paysagers, où les hydrangées bleues foisonnent, ont de quoi faire rêver.

Côté architecture, on y trouve la quintessence du style Nouvelle-Angleterre. Avec ses résidences prospères construites au XIXe siècle par des capitaines de baleiniers, le village d'Edgartown se démarque avec ses airs aristocratiques. On peut y admirer les maisons à la façade inspirée du mouvement «greek revival».

À Oak Bluffs, on change d'atmosphère. Fréquenté par les gens du coin, l'endroit est tapageur. C'est plein de restaurants et de bars qui donnent sur la marina. Une charmante plage est située tout près des rues animées. Là aussi, on trouve une riche architecture avec beaucoup de villas de style Queen Anne et néogothique, mais ce sont surtout les 300 «gingerbread cottages» qui étonnent. Construites au XIXe siècle par des méthodistes, ces petites maisons aux couleurs criardes, cordées comme des sardines, ressemblent à des maisons en pain d'épices.

Au sud, les villages respirent la quiétude, sauf Mememsha, qui grouille de touristes. Lieu de tournage du film Jaws, ce petit port de pêche compte de fameuses poissonneries cuisinant des homards frais. On les déguste à l'extérieur, en toute simplicité, assis inconfortablement sur des casiers à crustacés. Quand on vit dans une île dorée, faut bien se donner un peu de misère, non?