Depuis des décennies, les touristes affluent à Miami Beach pour faire la fête. Des années de ce régime à haute teneur en alcool ont façonné cette station balnéaire pas comme les autres, où le glamour côtoient le pathétique, et où les façades tapageuses cachent parfois des trésors. Coup d'oeil sur les multiples visages de Miami Beach, qui se réjouit d'avoir été épargnée par la marée noire.

Dans le quartier de South Beach, clament les guides touristiques, les «beautiful people», gens riches et autoproclamés célèbres, aiment à déambuler sur Ocean Drive, sous les néons des hôtels Art deco ou dans des boîtes de nuit hyper courues. Or, dans les faits, dans cette avenue qui longe une large plage de sable fin, on rencontre surtout des hordes de touristes, appâtés par des dizaines de restaurateurs qui tentent de les attirer à coups de promotions bidon et de cocktails servis dans des verres grands comme des seaux.

Au son de la musique latino, hip hop ou électronique, jusque tard dans la nuit, la fête y sent la sueur et l'alcool. Et au petit matin, çà et là sous les palmiers, quelques fêtards endormis cuvent leur vin. Aux côtés des authentiques sans-abri qui peuplent les ruelles du secteur.

Ceux qui seront allés chercher à South Beach une impression de paradis et de glamour risquent une «amère déception», pour reprendre les mots d'un chauffeur de taxi haïtien en pleine crise de mal du pays.

Trésors cachés

Or, en déambulant dans les autres rues du quartier, on découvre les vrais trésors de South Beach. Ici, un complexe d'appartements anonyme Art deco entourés de palmiers matures. Là, nichés dans les bâtiments Streamline de Collins Avenue, des boutiques chic proposant des produits qu'on aurait pensé trouver seulement à SoHo, comme les figurines amusantes de Kidrobot (638 Collins Ave.).

Pris un à un, les immeubles historiques, bâtis après l'ouragan de 1926 et protégés de l'avidité des promoteurs depuis 1979, donnent souvent l'impression d'avoir depuis longtemps renoncé à des jours meilleurs. C'est par accumulation qu'ils font vraiment de South Beach un endroit unique, au look inimitable que les magasins de souvenirs fluos et les ateliers de tatoos glauques ne parviennent pas à ternir.

Dans Washington Avenue, on trouve des boui-boui sympathiques où manger de goûteux sandwichs libanais (Crazee Olive, 751 Washington Ave.) ou de délicieux et réputés hamburgers avec des frites à l'huile d'arachides (Five Guys, 1500 Washington Ave). Le tout à une fraction du prix de ce qui est proposé sur Ocean Drive.

Et une fois l'effet trappe à touriste de bord de mer dissipé, on se rend compte que la faune de South Beach est extrêmement diversifiée: beaucoup de jeunes Américains, des Latino-Américains, ça va de soi à Miami, mais aussi des Arabes, des Québécois et des Européens, dont un bon nombre de Français. Des gens vêtus de drapés dorés et ornés de bijoux baroques, selon des critères esthétiques valables seulement en Floride. D'autres en sandales de cuir, des anneaux plein le visage, un long board sous le bras.

Parfum de silicone

N'empêche, Miami Beach reste Miami Beach. Et tant qu'à y être pourquoi ne pas se mettre au parfum de la foule, le temps d'une soirée. Rendez-vous, donc, au Fontainebleau, vaste complexe hôtelier de North Beach, aux courbes surprenantes et célèbres (on les aperçoit dans un James Bond, Goldfinger, 1964) bâti dans l'optimiste à tout rompre de l'après-guerre. L'hôtel abrite le LIV, une boîte de nuit qui attire la jeunesse dorée et siliconnée. Après minuit le week-end, une foule dense et surexcitée, sorte de catalogue vivant des prouesses de la chirurgie plastique, s'y déhanche sur une musique criarde comme si le lever du soleil devait annoncer la fin du monde. Danseurs entreprenants et mains baladeuses y sont légion. On n'en sort pas nécessairement indemne.

Miami sait que, dans les cercles de voyageurs, on se moque parfois d'elle. «Cheezy, quétaine, dépassée», les qualificatifs que suscite la métropole floridienne ne sont pas toujours aussi enviables que son climat. Le Greater Miami Convention and Visitors Bureau (GMCVB) veut renverser la vapeur et fait ces jours-ci la promotion des spas et des restaurants qui se multiplient à grande vitesse sur la côte. Et tente coûte que coûte de faire savoir que la marée noire du Golfe du Mexique n'a pas touché la région.

Et avant ou après la fête, au-delà des hôtels, des boutiques et des palmiers, les atouts majeurs de Miami Beach restent sa plage, qui s'étend sur des kilomètres, et la mer, chaude en toute saison. Les promoteurs avides ou les noceurs impénitents n'y changent rien. Pas même le pétrole de BP, qui a pourtant souillé une partie de la côte floridienne. Et à Miami, c'est une raison de plus de fêter.

Les frais d'hébergement de ce voyage ont été payés par le Greater Miami Convention and Visitors Bureau et Thrillist.

Photo: Simon Chabot, La Presse

Un complexe d'appartements Art déco de Miami Beach