Les Américains doivent lancer une offensive de charme pour attirer les touristes étrangers, freinés par la crise économique, et dont la désaffection a déjà coûté des milliers d'emplois aux États-Unis, avertissent élus et professionnels.

«Venez à Rome! Visitez Paris! Allez à Londres! : les autres pays se démènent pour séduire les touristes car ils savent que c'est un énorme vivier d'emplois», a souligné le sénateur démocrate Byron Dorgan lors d'une audition au Congrès consacrée au sujet.

Ce sénateur défend un projet de loi visant à lancer une campagne de promotion des États-Unis.

Selon les données de l'industrie du tourisme, les visiteurs étrangers dépensent environ 4000 dollars par personne pendant leur séjour aux États-Unis, générant un chiffre d'affaires de 1380 milliards de dollars en 2008 et alimentant 8,6 millions d'emplois.

Mais la crise économique a porté un coup aux projets d'évasion.

Quelque 200 000 emplois liés au tourisme ont déjà disparu en 2008 aux États-Unis et le département du Commerce estime que près de 250 000 autres vont être victimes de la récession cette année.

«Les familles réduisent leur budget vacances et les entreprises taillent dans leurs dépenses» consacrées aux voyages pour leurs employés et leurs clients, explique la sénatrice démocrate Amy Klobuchar.

La part de marché des États-Unis, comme destination de vacances, a plongé de 20 % depuis 2000, particulièrement après les attentats du 11 septembre 2001, a souligné Mme Klobuchar.

La campagne de promotion défendue par ce projet de loi serait notamment financée par une taxe de 10 dollars sur les touristes étrangers bénéficiant du programme d'exemption de visa des États-Unis et par une participation des professionnels.

«Vous connaissez le pouvoir de la publicité», insiste M. Dorgan. «Comment, sans cela, les gens achèteraient-ils de l'eau en bouteille alors que la plupart peuvent avoir accès à de l'eau gratuite» au robinet ?

Des responsables de l'industrie du tourisme de Las Vegas, des parcs et hôtels Walt Disney, du site internet Travelocity et des hôtels Carlson ont défendu ce projet de loi et mis 200 millions de dollars sur la table.

«Nous demandons aux États-Unis de faire ce que presque tous les autres pays ont déjà fait: une campagne promotionnelle nationale, coordonnée et financée convenablement,» a relevé Jay Rasulo, patron des parcs et hôtels Walt Disney.

M. Rasulo a montré une vidéo publicitaire, produite par Disney et offerte au gouvernement. On y voit le lever du soleil sur New York, le pont du Golden Gate à San Francisco, le Washington Monument - l'obélisque au coeur de la capitale américaine -, des vues de Las Vegas mais aussi des scènes bucoliques ou des jeunes femmes en maillots de bain.

Le film met également en scène des mères de famille de toutes origines avec leurs bébés, une série d'Américains souhaitant la bienvenue et, bien sûr, la Statue de la Liberté.

Cette vidéo et tous les efforts pour améliorer l'image des États-Unis à l'étranger représentent «quelque chose de nécessaire et de très positif», a jugé le sénateur républicain Mel Martinez, rappelant au passage qu'une majorité d'étrangers estiment avoir été mal traités par les services de l'immigration en arrivant dans le pays. «Il y aurait aussi un effort à faire de ce côté-là», a relevé le sénateur de Floride.