Entre le Metropolitan Museum of Art et le Guggenheim - plus précisément à l'angle de la Cinquième Avenue et de la 86e Rue -, j'ai découvert un véritable bijou.

La Neue Galerie est installée dans un élégant immeuble de trois étages de style Louis XIII Beaux Arts, construit en 1914 et transformé, en 2001, en un musée consacré à l'Art nouveau autrichien et allemand.

Même s'il a déjà été occupé par la richissime Grace Vanderbilt, femme de Cornelius III, le petit building qui abrite la «nouvelle galerie» n'a toutefois pas le faste des grandes institutions muséales new-yorkaises.

On pourrait même passer tout droit si on n'y prenait garde. Et pourtant... «Quand on pousse la porte, on entre dans un autre monde», explique Marcel Brisebois, président de la Commission canadienne d'examen des exportations de biens culturels.

«On se retrouve à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, à une époque où la pensée occidentale a été transformée au niveau littéraire, musical, philosophique et psychanalytique, ajoute celui qui a dirigé le Musée d'art contemporain de Montréal. C'est la période de Zweig, de Mahler, de Wittgenstein et de Freud.»

C'est aussi celle des peintres Gustav Klimt, Egon Schiele, Oskar Kokoschka, Alfred Kubin et Richard Gerstl, dont certaines oeuvres sont exposées au deuxième étage du musée, consacré aux artistes autrichiens.

Le Portrait d'Adèle Bloch-Bauer I, réalisé par Klimt en 1907, est tout à fait remarquable, tant par les formes géométriques et la magnificence de la robe que par l'or et l'argent qui ont été incorporés sur cette toile peinte à l'huile.

Il y a deux ans, le propriétaire de la Neue Galerie, le milliardaire Ronald Lauder, a payé 135 millions US pour cette peinture. À l'époque, il s'agissait du prix le plus élevé déboursé pour une toile.

Le deuxième étage présente aussi des oeuvres liées aux arts décoratifs et à l'architecture autrichienne du début des années 1900.

La section allemande, au troisième étage, expose plusieurs courants artistiques de l'époque, dont ceux des expressionnistes, du Bauhaus et de la Nouvelle Objectivité. On y trouve notamment des oeuvres de Vasily Kandinsky et de Paul Klee.

Un musée qui rappelle l'Europe

Au cours des dernières années, le musée a présenté des expositions temporaires qui ont connu beaucoup de succès: Van Gogh et les expressionnistes, Scènes des rues de Berlin par Ernst Ludwig Kirchner et Gustav Klimt (collections de Ronald Lauder et de Serge Sabarsky).

Jusqu'au 26 janvier, on affiche les dessins (1897-1909) de l'Autrichien Alfred Kubin, qui était écrivain, graveur et illustrateur de livres.

Avec ses grands escaliers de marbre, ses imposantes colonnes et son air BCBG, la Neue Galerie nous rappelle l'Europe. Cette impression se confirme quand on entre dans le café Sabarsky, au premier étage. Nous voilà, tout à coup, assis dans un café viennois.

Tout autour, des plafonniers réalisés par l'architecte d'avant-garde Josef Hoffman, des petites tables, des banquettes, une cheminée, un piano pour les récitals et des garçons débordés.

Au menu: bières importées, vins européens, schnitzel, saucisses, salades, gâteaux autrichiens aux noix, aux fruits, au fromage et huit types de café viennois.

Après un bon repas, je goûte à la Sachertorte, un délicieux gâteau au chocolat noir. Ce classique de la cuisine autrichienne a le même goût que celui que j'ai savouré à Vienne, il y a deux ans.

Décidément, ce musée nous transporte vraiment dans un univers loin de Manhattan...