La première fois que j'ai entendu parler de l'île de Montserrat, c'était en 1997, lorsque Sir George Martin, légendaire réalisateur britannique de disques, longtemps reconnu comme «le cinquième Beatle», avait organisé un concert-bénéfice pour apporter un soutien financier à l'île à la suite de l'éruption du volcan.

J'avais alors appris que la capitale, qui s'appelait Plymouth, avait été ensevelie sous les cendres, telle une Pompéi moderne. Et par la même occasion, j'avais découvert que Sir George y possédait une maison et un studio depuis 1989 : le studio AIR, où The Police, Stevie Wonder, Elton John et de nombreux autres grands artistes étaient venus enregistrer leurs disques, en toute quiétude, loin des réflecteurs. Des chefs-d'oeuvre avaient été créés ici, en partie grâce à l'hospitalité et la discrétion des «Montserratiens» ... D'où l'idée du concert.De mémoire, l'île de Montserrat n'avait déplu qu'à un seul artiste. Chanteur populaire d'un groupe rock, il n'avait pas apprécié qu'on ne le remarque pas et qu'on lui fiche la paix... Son anonymat soudain l'avait mis en rogne ! Son nom : Mick Jagger.

Et comment je sais ça ?

Aujourd'hui, 13 ans après l'éruption, je suis chez Sir George Martin. Le soleil se couche sur le porche de sa villa, à Montserrat, au pied du volcan qui gronde, et nous cognons nos verres.

«Cheers, Bruno! Thank you for coming to my house!

- Merci à vous... Santé, George!»

Ah ! Je me pince... Quel moment de grâce! Nous parlons de Ringo, de Paul, de John... C'est irréel. Sa femme Judy se joint à nous.

«Vous voulez visiter la maison ?

-Bien sûr !»

Elle me prend par le bras et me mène à l'intérieur. Dans le corridor, des photos originales prises par Linda McCartney. On voit Paul McCartney avec un gros chien poilu. «Le chien, c'est la Martha de la chanson!

- C'était un chien? Je croyais qu'il s'agissait d'une femme!

- Ah, c'était bien l'humour de Paul...»

Au fond, la chambre préférée du chanteur de Cheap Trick.

«On les adorait, eux. Ils étaient charmants. Vous savez, Bruno, que lorsqu'ils sont venus ici, les Cheap Trick, le guitariste n'a jamais enlevé sa casquette rouge ?

- Ah non?

- Non. Il s'est même baigné dans la mer avec!

- Peut-être qu'il n'avait pas de toupet?

- George et moi, on croyait qu'il n'avait peut-être pas de tête.

- Ha! ha! ha!

- But a lovely boy.»

Judy est une pince-sans-rire extraordinaire...

Et comment je me suis retrouvé là, moi, Tite-Dent?

À cause d'un voyage complètement raté, voilà comment. Un désastre! Une cata! Qui a dit que les meilleurs voyages étaient les mieux organisés? J'espère que ce n'est pas moi... Enfin, je crois que ça vaut la peine de vous raconter l'histoire, du début.

Au menu : potins, blagues, scoops, leçons de voyage et choses à ne pas faire. Vous verrez, c'est passionnant! Surtout que ça finit avec une grande explosion...

Mais, d'abord, on retourne à la maison.

Novembre 2008, Montréal

Lors de mon passage à Montréal pour promouvoir le premier tome de la Frousse autour du monde, je suis invité à participer à une entrevue pour l'émission Fan club, diffusée sur VRAK.TV.

L'animatrice, Magalie, me prend à l'écart.

«Bruno, avant qu'on commence, je tiens à te dire que j'ai toujours rêvé de rencontrer trois personnes dans ma vie : Barack Obama, le Dalai Lama et toi.

- Pardon?»

J'y ai cru pendant une minute. Jamais personne ne m'avait mis aussi mal à l'aise avant une entrevue... Et j'ai flashé. Quel gag tordu! Quel humour singulier... Et ses questions étaient différentes, et son énergie, unique.

Je suis devenu un fan. Après mon départ, nous sommes restés en contact. Par internet, nous avons mis sur pied un projet d'émission télé, pour nous deux: un mélange de comédie, de téléréalité et d'émission de voyage, intitulé J'adore la télévision.

Excitant !

Durant l'année, nous avons tenté de nous croiser, quelque part sur la planète. Elle a visité la Thaïlande, l'Indonésie et j'en oublie et, chaque fois, on s'est ratés de peu.

Ce n'était que partie remise.

Novembre 2009, Montréal

Comme j'allais en Guadeloupe pour le tournage de l'émission Partir autrement, nous avons réglé nos agendas, et notre choix s'est arrêté sur Antigua, l'île voisine. Parce qu'on ne connaissait pas ça et qu'une place était disponible pour elle, de Montréal, vers cette nouvelle destination. Et après avoir vu rapidement sur l'internet qu'il y avait là des auberges à prix raisonnable et que le buzz était bon, nous avons acheté son billet d'avion.

Janvier 2010, Dominique

Je pars trois jours avant Magalie pour Antigua, question de nous trouver un coin confortable. En cherchant un hôtel sur le Net, surprise! Je réalise que, dans ma hâte, ce que j'avais trouvé si cool n'était pas l'île d'Antigua, mais bien la ville d'Antigua... au Guatemala!

Dans l'île d'Antigua, on ne trouve que des «resorts» de luxe et des tout-compris.

Je n'ai pas de réservation.

Je n'ai pas les moyens.

Mon avion décolle dans 45 minutes.

Et toujours aucune trace de Sir George Martin...

Photo: Bruno Blanchet, collaboration spéciale

Volcan à Montserrat